"Time out": au royaume de la jeunesse éternelle, le temps c'est de l'argent

Après avoir exploré l'eugénisme dans le magnifique
Après avoir exploré l'eugénisme dans le magnifique "Bienvenue à Gattaca" (1997), le cinéaste néo-zélandais Andrew Niccol s'attaque dans "Time out" au mythe de la jeunesse éternelle, en inventant une société où le temps est devenu la monnaie d'échange.

Temps de lecture : 3 min

Après avoir exploré l'eugénisme dans le magnifique "Bienvenue à Gattaca" (1997), le cinéaste néo-zélandais Andrew Niccol s'attaque dans "Time out" au mythe de la jeunesse éternelle, en inventant une société où le temps est devenu la monnaie d'échange.

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A 47 ans, l'auteur-réalisateur de "Simone" et "Lord of War" -- également scénariste des films "The Truman show" et "Le Terminal" -- renoue avec brio avec le cinéma d'anticipation "réaliste" et sans effets spéciaux.

Dans le monde de "Time out", qui sort mercredi sur les écrans français, les êtres humains cessent de vieillir à 25 ans. A partir de cet âge, le corps est programmé -- via une horloge incrustée dans l'avant-bras -- pour vivre une année supplémentaire. Et pas une seconde de plus... à moins de gagner du temps.

Partant de ce postulat, la société est divisée en deux. D'un côté, les pauvres, trimant dur pour gagner les secondes, minutes et heures qui les éloigneront de la mort, et de l'autres les nantis, milliardaires en minutes, riches de dizaines d'années qui sont autant de promesses d'éternité.

Will (Justin Timberlake) vit à la petite semaine à Dayton, le ghetto des pauvres. Jusqu'à ce qu'un millionnaire, qui traîne son immortalité comme un boulet et ne cherche qu'à mourir, lui fasse don de son temps.

Avec désormais un siècle dans son horloge vitale, Will va pouvoir entrer dans le quartier ultra-protégé de la haute-société, New Greenwich, où il rencontre une riche héritière blasée (Amanda Seyfried). A eux deux, ils vont essayer de dynamiter le système de l'intérieur.

"Quand je faisais +Bienvenue à Gattaca+, je savais que les scientifiques travaillaient sur le gène du vieillissement -- et c'est toujours le cas", racontait Andrew Niccol à l'AFP lors de la présentation du film à Los Angeles. "C'était passionnant, mais je ne pouvais pas mettre tout ça dans +Gattaca+ car les implications étaient énormes. Il fallait que ce soit un autre film".

L'idée de transformer le temps en monnaie d'échange, fil rouge du film, fonctionne étonnamment bien et a une traduction visuelle, scénaristique et cinématographique immédiates. Chez les pauvres, tout va très vite car personne n'a le temps de rien. Chez les riches, tout est plus lent, même la musique.

C'est aussi un monde très peu technologiques: "les pauvres n'ont pas le temps de développer de nouveaux outils et les riches n'ont aucune raison de se dépêcher de faire quoi que ce soit. Tout est toujours remis au lendemain", observe M. Niccol. Pour lui, cette idée de "monnaie-temps" était une manière de "souligner la valeur du temps et de prendre conscience du prix de la vie".

Le film, qui montre aussi l'exploitation financière d'une partie de la population par une classe dominante, prend aussi une résonance particulière alors que les mouvements d'"anti-Wall Street" ou d'"indignés", critiquant ouvertement le capitalisme, se multiplient en Europe et aux Etats-Unis.

"Il est impossible de ne pas voir qu'il y a un gouffre de plus en plus grand entre les riches et les pauvres", observe Andrew Niccol. "Il n'y a plus de classe moyenne aux Etats-Unis".

Le cinéaste n'a pas cherché le message politique à tout prix -- "Time out" relève autant de la romance, du film d'action, et de la science-fiction -- mais reconnaît que "lorsque vous réalisez un film, tout ce qui est à l'écran dit quelque chose de vous. Vos idées, vos peurs, vos angoisses... Vous savez probablement plus de choses sur moi que je ne souhaiterais en dire".

Le film, tourné entièrement à Los Angeles -- dans les "no man's lands" industriels du centre-ville pour Dayton, et dans les zones huppées de Bel-Air et de Beverly Hills pour New Greenwich -- illustre aussi le double visage de la ville, peu représenté au cinéma. "Et c'était aussi très ironique de tourner dans la capitale de la jeunesse éternelle", remarque le cinéaste.