Le cinéaste Andrzej Wajda fait revivre le combat de Lech Walesa

Le maquilleur en chef Waldemar Pokromski veille aux moindres détails:
Le maquilleur en chef Waldemar Pokromski veille aux moindres détails: "nous avons cinq moustaches de Lech Walesa, une pour chaque période de sa vie, car le film s'étend sur une vingtaine d'années", explique-t-il à l'AFP en montrant la moustache dite numéro 1, celle du tout jeune Walesa.

Temps de lecture : 3 min

Scènes d'émeute dans les rues de Gdansk, des chars avancent sur les manifestants qui lancent des cocktails Molotov sur la milice: le cinéaste polonais Andrzej Wajda, 85 ans, tourne ici son nouveau long métrage sur Lech Walesa, le chef historique du syndicat Solidarité qui a contribué à changer la face du monde.

La newsletter culture

Tous les mercredis à 16h

Recevez l’actualité culturelle de la semaine à ne pas manquer ainsi que les Enquêtes, décryptages, portraits, tendances…

Votre adresse email n'est pas valide

Veuillez renseigner votre adresse email

Merci !
Votre inscription a bien été prise en compte avec l'adresse email :

Pour découvrir toutes nos autres newsletters, rendez-vous ici : MonCompte

En vous inscrivant, vous acceptez les conditions générales d’utilisations et notre politique de confidentialité.

"Moi, je joue le rôle d'une habitante de Gdansk. Mon rôle est de fuir devant la milice et les unités ZOMO (unités anti-émeutes) qui chargent la foule", dit Anna Warmiak, une des quelque 200 figurants engagés pour ce film.

Le jeune Walesa, dont le rôle est interprété par l'acteur Robert Wieckiewicz, 45 ans, intervient dans une bousculade entre la milice et les manifestants.

Sorti des chantiers navals Lénine où il travaille comme ouvrier électricien, le futur prix Nobel de la Paix voit pour la première fois des civils tués pendant la révolte ouvrière de décembre 1970.

"Il en a tiré une très bonne leçon. La naissance de Solidarité en 1980 en est la preuve. Il valait mieux des méthodes pacifiques. Elles ont apporté bien plus que la révolte ouvrière qui s'est terminée d'une manière dramatique"", commente à l'AFP Andrzej Wajda sur les lieux du tournage.

"On essaye de se rapprocher au maximum de la réalité de l'époque", ajoute-t-il.

Rien n'est laissé au hasard. Les uniformes de la milice sont originaux, les chars, les jeeps de production soviétique et la voiture de la milice, une Warszawa, joyau de l'industrie automobile communiste. Et bien sûr, la fameuse moustache de Walesa, aussi "walésienne" que possible.

Cinq moustaches pour Walesa

Le maquilleur en chef Waldemar Pokromski veille aux moindres détails: "nous avons cinq moustaches de Lech Walesa, une pour chaque période de sa vie, car le film s'étend sur une vingtaine d'années", explique-t-il à l'AFP en montrant la moustache dite numéro 1, celle du tout jeune Walesa.

Le scénario, écrit par l'écrivain Janusz Glowacki, montre le leader ouvrier charismatique lors des grandes grèves de Solidarnosc en 1980, les sombres années en détention après le coup de force du général Wojciech Jaruzelski, jusqu'à la victoire de Solidarité et la chute du communisme en Pologne en 1989.

Le film s'achève en novembre 1989 par le célèbre discours de Walesa au Congrès américain et ses mots célèbres, prononcés en polonais +My, Narod+ (We, the People)". Wajda n'évoque pas la période plus controversée où il fut chef de l'Etat.

Des séquences documentaires de l'époque seront couplées aux séquences tournées avec les acteurs. "Elles constitueront environ 10% du film", explique son producteur Michal Kwiecinski. "Le visage du vrai Walesa y sera remplacé par celui de l'acteur Wieckiewcz".

Si "Walesa" est le premier film jamais tourné sur Walesa, Wajda a déjà dédié un de ses films à Solidarité. Son "Homme de fer", suite de "l'Homme de marbre" (1977) a eu la Palme d'Or au festival de Cannes en 1981. Le vrai Walesa y était apparu brièvement dans son propre rôle, contrairement à cette nouvelle production.

"Pour les jeunes c'est important qu'ils aient la possibilité de connaître une version des faits racontés par quelqu'un qui y a participé, qui en a été témoin, qui a connu tous ces gens", a expliqué Wajda, lui même proche de Walesa, tout en qualifiant ce film de "plus difficile de sa carrière".

Quant au principal intéressé, il attend avec confiance le film qui sortira en octobre.

"J'attends surtout la vérité, je verrai à quel point j'ai été compris par un aussi grand cinéaste que Wajda", a-t-il déclaré à l'AFP.

"J'ai bien besoin de la vérité pour savoir si ma lutte valait le coup".

Avec un budget de 4 millions d'euros, le film, qui sortira en octobre, est cofinancé par l'Institut national cinématographique polonais, par TP, une filiale polonaise de la compagnie de téléphonie française Orange, et la chaîne de télévision française Canal+.

Commentaire (1)

  • Epique

    Gdansk est une très jolie ville, colorée, accueillante. Les Polonais sont d'ailleurs très sympathiques ; il est fort dommage que les médias français dans leur ensemble zappent totalement ce pays et sa culture.