"Hacked", quand le scandale des écoutes téléphoniques inspire le théâtre

Inspirés par le scandale des écoutes téléphoniques au News of the World, des auteurs de théâtre ont
Inspirés par le scandale des écoutes téléphoniques au News of the World, des auteurs de théâtre ont "piraté" les boîtes vocales de six volontaires pour en tirer "Hacked", une oeuvre qui a rencontré un vif succès à Londres.

Temps de lecture : 3 min

Inspirés par le scandale des écoutes téléphoniques au News of the World, des auteurs de théâtre ont "piraté" les boîtes vocales de six volontaires pour en tirer "Hacked", une oeuvre qui a rencontré un vif succès à Londres.

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Du message amoureux au rappel d'un rendez-vous médical, l'intimité de ces cobayes a donné lieu à six courtes pièces. Les unes ont un rapport direct avec la retentissante affaire qui a conduit à la fermeture du tabloïd News of the World, accusé d'avoir écouté illégalement près de 4.000 personnes, dont l'ex-Premier ministre Gordon Brown.

D'autres s'attachent davantage à l'histoire personnelle du propriétaire de la messagerie, certaines sont des fables.

L'idée d'un tel projet a germé dans la tête d'un journaliste, Dominic Cavendish, critique de théâtre au Daily Telegraph, qui l'a soumise au Theatre503 à Battersea, dans le sud de Londres.

Le public, séduit, a afflué aux représentations, du 27 septembre au 4 octobre, à tel point que ce petit théâtre d'avant-garde compte rééditer l'expérience, avec de nouveaux volontaires.

"Ce qui nous intéressait, c'était de voir comment la société a perdu le sens de ce qui devrait être public ou privé", a expliqué l'une des responsables du projet, Lisa Cagnacci, qui était chargée avec un autre membre de la direction du théâtre, Derek Bond, d'écouter les boîtes vocales avant de les remettre aux écrivains.

News of the World, hebdomadaire du groupe de presse du magnat américano-australien Rupert Murdoch, est accusé d'avoir écouté les messageries téléphoniques d'hommes politiques, membres de la famille royale britannique, célébrités et même d'une adolescente disparue- pendant les années 2000.

"complètement fascinés"

Le théâtre a cherché des volontaires, prêts à voir leur boîte vocale espionnée, par une annonce sur son site internet et par le bouche à oreille.

Dans cette entreprise, Lisa Cagnacci dit avoir eu des états d'âme, même si les personnes épiées étaient volontaires. "On avait le sentiment de faire quelque chose de mal en écoutant des messages qui ne nous étaient pas destinés, tout en étant complètement fascinés", a-t-elle reconnu.

La démarche a suscité diverses réactions chez les auteurs. Certains ont été complètement captivés. "Les écrivains sont curieux, donc c'était vraiment super", s'enthousiasme l'un d'eux, Dawn King.

Mais une autre, Anna Jordan, dit avoir eu des scrupules à l'égard de ceux qui laissaient des messages. Comme cet homme, qui a inspiré sa pièce "Showmance", tentant désespérément de joindre la femme qui lui avait confié son numéro de téléphone portable au théâtre.

"Je ne savais pas si elle l'avait mis au courant. J'étais inquiète pour lui, il me faisait de la peine", témoigne l'auteure.

L'un des volontaires, anonymes, a raconté la réaction "paniquée" de ceux qui lui avaient laissé des messages quand ils ont appris qu'ils avaient été écoutés. "Evidemment ils ne s'attendaient pas à ce que quelqu'un d'autre que moi écoute ces messages (...) Tout de suite, il y avait un mouvement de panique; ils se disaient 'Mon Dieu, qu'est-ce que j'ai pu dire?'", a-t-il expliqué.

"Nous sommes contents que le propos de la pièce ait suscité des réactions", a conclu Derek Bond, assurant que "tous ceux qui ont été impliqués dans le projet réfléchissent maintenant à deux fois avant de laisser un message sur une boîte vocale".