Publicité

Quand la Banque de France achetait un Rembrandt à 80 millions d'euros...

BANQUE DE FRANCE, PARIS Marlene AWAAD/Le Figaro

La Cour des comptes se penche sur la réorganisation engagée par le Banque de France. Et lui recommande de «se préparer à accentuer sa transformation au cours de la prochaine décennie».

Mais pourquoi la Banque de France a-t-elle acquis un tableau de Rembrandt pour 80 millions d'euros? C'était en 2014, dans le cadre de sa politique de mécénat ; et, aujourd'hui, ça ne plaît pas franchement à la Cour des Comptes! Dans un rapport publié ce lundi, l'institution s'interroge sur la politique de mécénat de la Banque (BdF) qui «s'est développée sans cohérence globale jusqu'en 2015 et a connu des dérives». «Les dispositifs fiscaux particulièrement attractifs en matière de mécénat culturel ont pu la conduire à se subsister aux mécènes privés ou à l'État», insiste-t-elle.

Sur le reste -la vaste réorganisation de la BdF lancée en 2011-, la Cour des Comptes est moins dure... même si elle identifie encore des progrès à faire. Ainsi, l'exécution du plan de transformation est actuellement «conforme à la trajectoire retenue», mais raisonne à mission et à périmètre géographique constant ce qui en «limite l'ampleur», juge la Cour. Et de souligner que «le réseau de la Banque restera en 2020 le plus dense» du système des banques centrales de la zone euro -avec 193 points de contact sur le territoire. Elle préconise donc de revoir l'étendue de ses missions pour identifier d'éventuelles redondances avec d'autres acteurs et réduire ses coûts encore élevés.

Diminution des effectifs de 15% entre 2011 et 2017

Dans un contexte de nombreux départs en retraite et d'un moindre taux de remplacement, les effectifs ont diminué de plus de 15 % de 2011 à 2017 et la baisse de la masse salariale a pu être enclenchée, note le rapport. Mais divers «avantages spécifiques» et mécanismes de congé maintiennent les dépenses sociales à «un niveau très élevé». Elles étaient ainsi de 65,8 millions d'euros en 2017, contre 81,9 millions en 2011. Dans ce cadre, les Sages recommandent à la Banque de France de «se doter d'une cible explicite d'évolution de la masse salariale à moyen terme en cohérence avec celle des effectifs».

Elle souligne aussi qu'en dépit de la diminution de l'utilisation des billets de banque -et donc de la baisse prévisible des billets à recycler-, la Banque de France a quand même fait le choix de construire deux nouveaux centres de recyclage fortement automatisés . Et que, si la gestion du parc locatif a été améliorée, la BdF n'a pas souhaité «remettre en cause sa politique de réfaction (baisse) de 30 % du montant des loyers au bénéfice de ses agents, qui n'est pas placée sous conditions de ressources et ne fait l'objet d'aucune fiscalisation».

«Si une étape importante aura été franchie à l'issue du plan stratégique en cours, la Banque doit, dès à présent, se préparer à accentuer sa transformation au cours de la prochaine décennie. La transformation de la Banque devra se poursuivre au-delà de 2020», écrit la Cour. Bref, il y a encore quelques efforts à faire pour participer davantage à l'effort de réduction de la dépense publique. Dans une lettre adressée à la Cour et incluse au rapport, le gouverneur de la Banque de France, François Villeroy de Galhau, souligne des «divergences de vues» avec les juges, évoquant des «réalités qui ne me semblent pas suffisamment prises en compte»: «la Banque de France ne s'auto-attribue pas» ses missions écrit-il ; celles-ci «résultent pour l'essentiel de votes du législateur» ou «de décisions explicites des autorités publiques». Enfin, concernant les ressources humaines, il estime que «la Cour mésestime l'ampleur des transformations engagées».

Quand la Banque de France achetait un Rembrandt à 80 millions d'euros...

S'ABONNER
Partager

Partager via :

Plus d'options

S'abonner
70 commentaires
    À lire aussi