Accueil

Politique Macron
Edouard Philippe, la doublure de Macron pour 2022
Edouard Philippe est en première place de plusieurs baromètres de popularité.

Edouard Philippe, la doublure de Macron pour 2022

Plan B

Par

Modifié le

La popularité d’Edouard Philippe fait gloser les commentateurs sur une ambition présidentielle. En réalité, l’ex-Premier ministre ressemble trop à Emmanuel Macron pour l’affronter. A moins que le président soit empêché...

Un soutien à un ami candidat aux sénatoriales par ci, un discours devant des maires Macron-compatibles par là... Ce mardi 29 septembre, Edouard Philippe envoie une nouvelle carte postale en participant à un colloque sur le Grand Paris, où il échange avec Anne Hidalgo. Des apparitions guettées de près, alors que l’ancien Premier ministre est en tête de plusieurs palmarès de personnalités politiques. 54% des Français souhaitent même son retour dans la vie politique nationale, selon un sondage Odoxa pour France Inter et la presse régionale publié lundi.

Nostalgie

Edouard Philippe est donc devenu hype ! Avant lui, des personnalités comme Jack Lang ou Nicolas Hulot ont connu cette flatteuse première place des baromètres d’opinion. Cela confirme d’abord la règle selon laquelle on n’est jamais aussi populaire que quand on n’est plus au pouvoir... Mais il y a un fait politique derrière cette popularité : une sorte de nostalgie pour ce Premier ministre qui savait trouver des mots précis et concrets pendant le confinement, alors qu’Emmanuel Macron se perdait en discours interminables. Aujourd’hui c’est un certain Jean Castex qui souffre de la comparaison. On l’a vu dans sur France 2 la semaine dernière, avec une émission confuse où le successeur de Philippe n’a pas vraiment convaincu.

Mais Emmanuel Macron n’a-t-il pas pris un risque en relâchant dans la nature un Edouard Philippe au faîte de sa popularité ? Car forcément, depuis cet été, certains glosent sur des ambitions présidentielles de l’intéressé, qui risque fort de s’ennuyer. Certes, il a repris son écharpe de maire du Havre, va rejoindre le conseil d’administration du groupe Atos, prépare un livre sur l’exercice du pouvoir qui devrait sortir l’année prochaine... Mais toutes ces occupations ne sont rien, comparé à la pression et à l’exaltation de Matignon. En plus, la droite cherche désespérément un candidat qui mette tout le monde d’accord !

Philippe et Macron, c’est à peu près la même chose sur le plan idéologique : on ne voit pas ce qui mettrait foncièrement en désaccord ces deux énarques quadragénaires aux idées libérales.

Mais pour l’instant, le slogan « Philippe 2022 » ne tient pas debout. D’abord parce que personne chez les macronistes ne le voit trahir un président à qui il doit tout ou presque, lui qui n’était qu’un inconnu lorsqu’il a été nommé à Matignon en 2017. Signe qu’il est toujours dans les parages, Edouard Philippe doit déjeuner ce mercredi avec Richard Ferrand, le président de l’Assemblée nationale, proche parmi les proches de Macron. Et à l’Elysée, on assure que le président et son ancien Premier ministre échangent et même qu’ils vont bientôt se voir. Le message martelé est clair : Edouard Philippe est dans la majorité, pas ailleurs.

Cette petite musique traduit en réalité la propension des commentateurs à s’attacher aux personnes et non aux idées. Car Philippe et Macron, c’est à peu près la même chose sur le plan idéologique : on ne voit pas ce qui mettrait foncièrement en désaccord ces deux énarques quadragénaires aux idées libérales. S’il reste bel et bien dans la majorité, voilà donc Edouard Philippe condamné à être en quelque sorte la doublure de Macron. Il pourrait incarner un plan B en cas de scénario catastrophe qui verrait le président empêché de se représenter. C’est peu probable, mais c’est déjà arrivé, il n’y a pas si longtemps...

>> Réécoutez cette chronique dans « Les Spécialistes » sur Radio Classique

Votre abonnement nous engage

En vous abonnant, vous soutenez le projet de la rédaction de Marianne : un journalisme libre, ni partisan, ni pactisant, toujours engagé ; un journalisme à la fois critique et force de proposition.

Natacha Polony, directrice de la rédaction de Marianne