Cet article vous est offert
Pour lire gratuitement cet article réservé aux abonnés, connectez-vous
Vous n'êtes pas inscrit sur Le Monde ?
LE MONDE

Dans les Balkans, les gangs au cœur d’un système d’Etat

Par  (Belgrade (Serbie), Podgorica, Budva et Kotor (Monténégro), envoyé spécial)
Publié le 30 juillet 2021 à 14h02, modifié le 03 août 2021 à 16h52

Temps de Lecture 15 min.

Les raisons du déchaînement de violence des dernières années entre bandits de Serbie et du Monténégro demeurent parfois mystérieuses. Fusillades dans les cafés, explosions de voitures, cadavres retrouvés dans les rues de Belgrade, de Kotor ou de Podgorica, sans compter un nombre inconnu de disparus : sept années de « guerre » des gangs, d’assassinats et de vengeances ont fait au moins cinquante morts.

Les principaux déclencheurs sont cependant connus, tous deux intervenus en 2014. D’une part, la disparition d’au moins 200 kilos de cocaïne dans le port espagnol de Valence a apparemment commencé à diviser le cartel dirigé par Darko Saric et marqué l’éclatement de la « guerre de Kotor » entre deux bandes rivales, le clan de Skaljari et le clan de Kavac. D’autre part, l’arrestation de Saric lui-même aurait ouvert une guerre de succession entre ses plus fidèles – qui dirigent son empire pendant qu’il est en prison – et des ambitieux rêvant de plus d’autonomie et des profits qui l’accompagnent.

La guerre des gangs a pris davantage d’ampleur deux ans plus tard, en 2016, après l’assassinat d’Aleksandar Stankovic, dit « Sale Mutavi » (« Sale le Muet »), le chef du gang des Janjicari (« les janissaires »), formé par des supporteurs ultras du club de football belgradois Partizan. Traditionnellement, en Serbie, les groupes d’ultras sont un vivier pour la pègre, comme ils le furent pour les milices paramilitaires durant les guerres des années 1990.

L’icône de ce monde parallèle fut, durant le règne du président et chef de guerre Slobodan Milosevic (1989-2000), Zeljko Raznatovic, dit « Arkan », chef des supporteurs de l’Etoile rouge, l’autre club de football de Belgrade, puis des Tigres d’Arkan, un groupe paramilitaire ayant œuvré sur ordre de la police secrète serbe. Arkan, inculpé comme Milosevic de crimes contre l’humanité par la justice internationale, a été assassiné à l’Hôtel Intercontinental de Belgrade, peu avant la chute du président serbe, par un tueur ayant comme lui un flingue de bandit dans une main et un badge de la police dans l’autre.

Belgrade
Podgorica
Kotor
Durrës
BALKANS
SERBIE
BOSNIE-
HERZÉGOVINE
CROATIE
HONGRIE
ROUMANIE
BULGARIE
GRÈCE
AUTRICHE
SLOVÉNIE
MONTÉNÉGRO
KOSOVO
MACÉDOINE
DU NORD
ALBANIE

Production et transit des drogues

Production de cannabis destinée au trafic
Production de drogues synthétiques
Centres névralgiques du trafic des drogues
Principaux ports d’entrée de la cocaïne

Guerre de clans et enjeux économiques

Victimes de la guerre entre les clans de Kotorpour assurer le contrôledu trafic de cocaïne
Principaux centres de blanchimentde l’argent issu des trafics (construction, restauration, infrastructures touristiques, etc.)

Depuis la chute du communisme et les guerres d’ex-Yougoslavie, les mafias balkaniques se sont tellement développées qu’elles sont désormais considérées comme un acteur majeur du crime organisé international. Les gangs serbes, monténégrins et albanais, qui ont commencé à prospérer il y a trois décennies à partir des trafics d’armes et de cigarettes, sont désormais au cœur de l’arrivée de la cocaïne sud-américaine en Europe. Ils trafiquent également de l’héroïne et produisent de la marijuana et des drogues de synthèse. Leurs profits sont tels qu’ils ont investi de larges pans de l’économie légale.

Il vous reste 86.25% de cet article à lire. La suite est réservée aux abonnés.

Lecture du Monde en cours sur un autre appareil.

Vous pouvez lire Le Monde sur un seul appareil à la fois

Ce message s’affichera sur l’autre appareil.

  • Parce qu’une autre personne (ou vous) est en train de lire Le Monde avec ce compte sur un autre appareil.

    Vous ne pouvez lire Le Monde que sur un seul appareil à la fois (ordinateur, téléphone ou tablette).

  • Comment ne plus voir ce message ?

    En cliquant sur «  » et en vous assurant que vous êtes la seule personne à consulter Le Monde avec ce compte.

  • Que se passera-t-il si vous continuez à lire ici ?

    Ce message s’affichera sur l’autre appareil. Ce dernier restera connecté avec ce compte.

  • Y a-t-il d’autres limites ?

    Non. Vous pouvez vous connecter avec votre compte sur autant d’appareils que vous le souhaitez, mais en les utilisant à des moments différents.

  • Vous ignorez qui est l’autre personne ?

    Nous vous conseillons de modifier votre mot de passe.

Lecture restreinte

Votre abonnement n’autorise pas la lecture de cet article

Pour plus d’informations, merci de contacter notre service commercial.