Blankenberge, on doit être hors-saison ? 1/2

A coup d’accumulation de jours de récupération, j’avais pris soin de m’aménager un joli petit pactole de jours de vacances… Assez pour me permettre trois semaines de farniente. J’avais songé avec délectation à l’endroit où je poserai mes valises: le Cap-Vert? La Thaïlande? La Namibie? Le Mozambique? Dans un coin de mon esprit, la raison me dictait d’épargner pour Rapa Iti… Mais la vie vous réserve quelque fois des mauvaises surprises. Impossible de prévoir un départ. Contre mauvaise fortune bon cœur, je me dis que c’est l’occasion de tester le « Last Call », ces formules qui vous laisse acheter un billet le jour même du départ à prix raisonnable. Deuxième coup du sort: je me retrouve fauchée pour cause de grosses dépenses imprévues.

Ces plans ne s’exécuteront donc pas.. La rage au cœur, je raccourcis mes vacances d’une semaine (ça ira mieux l’année prochaine) et m’apprête à faire ma première « staycation »depuis longtemps.

Sauf qu’il y a des jours où il faut savoir écouter ses envies! Afin de me sevrer en douceur et de faire passer la pilule, je décidais de sauter dans le train, tant que la météo annonçait du soleil et de passer une nuit à la Côte belge, à Blankenberge, pour être précise.

Pour ceux qui ne la connaisse pas, Blankenberge est la plus « populaire » des stations balnéaires. Et pour cause: c’est ici le terminus des trains de la côte en provenance du Hainaut, ou de Liège.  Une station « à barakis », comme on dit.

Pas pour moi. Mais sans doute parce que je suis barakresse moi-même! Ou parce que je connais surtout Blankenberge hors-saison, lorsque les plages sont désertes et la ville calme. Elle a pourtant connu des heures de gloires, à voir ces belles maisons Belle-Epoque, Art Nouveau et Art Déco, en ville. Sur la digue, bien sûr, ce sont les typiques barres de bétons qui font le Mur de la Mer  du Nord sur la quasi-totalité de la côte. Et pour tout dire, j’ai réservé une chambre dans un de ces monstres, juste pour savoir ce que ça faisait d’avoir la vue sur la mer, moi qui depuis la mer, ait vue sur eux depuis si longtemps!

Pour arriver à Blankenberge, il faut prendre le train Gand-Bruges-Knokke-Blankenberge. Ô ironie, la classe populaire dans le même train que la bourgeoise qui va parader à Knokke-le-Zoute… A Bruges, la plupart des passagers descendent, le train se scinde en deux et mes wagons s’est vont vers leur destinations finale.

Un petit soleil froid brille sur la ville… quand il arrive à atteindre les rues étroites et bordées de bâtiment! Je fais mon check-in au Hampshire Hotel (maintenant l’Aparthotel Blankenberge, NDLR). A ma grande joie, on m‘a attribué une chambre au 9e étage! Je m‘imagine déjà sur mon balcon malgré le froid. Et en effet, quand je découvre ma chambre, ça valait le coup de payer un peu plus cher pour la vue. La plage quasi déserte s’offre à mes yeux… Je contemple la mer quelques minutes puis décide de me bouger. Il n’est qu’une heure et demie mais les journées sont courtes et le soleil déjà bas sur l’horizon. D’ici 3 heures, il sera caché par les immeubles, je ne dois donc pas traîner. En cinq minutes, me voilà sur le sable. A peine une petite brise marine. La mer est plutôt calme et les mouettes ont tout l’espace qu’elles veulent pour chercher de la nourriture, à peine si un chien qui sprinte sur la plage ou quelques passants en promenade les dérange!

Emmitouflée dans un gros manteau, appareil photo en bandoulière, je m’en donne à cœur joie! La lumière de l’automne-hiver est probablement une de mes préférée! Avec cette lumière froide et dorée, jamais si éclatante qu’elle ne noie les couleurs! Pendant ma promenade, je croise quelques rares promeneurs. C’est qu’il fait frais et même s’il fait beau, en milieu de semaine, les candidats à la ballade ne sont pas légions!

J’arrive vers la jetée. Apparemment, c’est ici que tout le monde s’est installé pour attendre que le soleil disparaisse.Bien assis en rang d’oignon, ils se réchauffent une dernière fois et tout au bout, des pêcheurs attendent une dernière prise. Je m’assieds un moment comme tout le monde sans penser à grand chose. Parfaitement relaxée, comme à chaque fois que je suis près de la mer. Dans état entre la parfaite zenitude et une douce mélancolie, jolie et triste à la fois, comme une Belle au bois dormant en plein sommeil.

La Pier Café lui, est fermé, tout comme la moitié des commerces dans le coin. Sur la digue, presque toutes les boutiques ont baissé les volets et la moitié des salons de thés sont portes closes. Ce n’est pas le cas du Palazzo…Comme ça fait bien deux heures que je me promène, j’ai besoin de me réchauffer et commande un café et une gauffre à la chantilly. Le garçon revient avec l’air penaud: « On a pas de chantilly »…

On est vraiment hors-saison!

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