"Hugo Cabret" : touchant hommage en 3D de Scorsese à Georges Méliès

Avec son premier film en 3D
Avec son premier film en 3D "Hugo Cabret", étonnant conte de Noël dans le Paris des années 20 et 30, en salles le 14 décembre, le réalisateur américain Martin Scorsese offre un touchant hommage à Georges Méliès (1861-1936), père du cinéma à qui il dit "tout" devoir.

Temps de lecture : 3 min

Avec son premier film en 3D "Hugo Cabret", étonnant conte de Noël dans le Paris des années 20 et 30, en salles le 14 décembre, le réalisateur américain Martin Scorsese offre un touchant hommage à Georges Méliès (1861-1936), père du cinéma à qui il dit "tout" devoir.

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L'histoire d'Hugo Cabret (Asa Butterfield), un orphelin de 12 ans sans-abri qui vit dans une gare parisienne, croise celle d'un étrange marchand de jouets, Papa Georges (Ben Kingsley), et plonge le spectateur dans l'imaginaire du créateur du "Voyage dans la lune" et les tout premiers moments de l'histoire du 7e art.

De son père (Jude Law), Hugo n'a gardé qu'un étrange automate dont il cherche la clef - en forme de coeur - qui pourrait le faire fonctionner. Sa rencontre avec Isabelle (Chloë Grace Moretz) va l'entraîner dans une singulière aventure.

Le film, adapté du best-seller de Brian Selznick "L'Invention d'Hugo Cabret", met la 3D au service d'une fiction poétique presque plus réelle que la réalité. Scorsese (Taxi Driver, New York New York, Gangs of New York et, plus récemment, Shutter Island) s'en sert comme d'un précieux jouet en écho aux inventions de Georges Méliès.

"Aujourd'hui, je peux le dire: oui, c'est moi", a dit Martin Scorsese lundi à Paris, répondant à un journaliste qui lui posait la question en référence à la célèbre phrase de Gustave Flaubert : "Emma Bovary, c'est moi".

"Le premier lien a été ce petit garçon à travers le roman, son sentiment d'isolement et le fait que, dans le livre, il s'agisse de Méliès et de l'invention du cinéma. Le lien direct avec l'imaginaire me rappelait ma propre enfance. Au fur et à mesure que le film avançait, c'est devenu une évidence", a-t-il expliqué.

L'auteur des "Affranchis" et des "Infiltrés" (Oscarisé en 2007) retrace la vie de celui qui fut magicien avant de fabriquer ses propres caméras et de réaliser ses premiers films. Il abandonna tout au moment de la Première Guerre mondiale.

Et Scorsese retombe en enfance. Il retrace "la raison d'être" de Méliès et ce qu'il admire en lui : le "pouvoir de capturer les rêves". Message d'amour pudique et énigmatique, l'image mythique de la lune avec une capsule spatiale plantée dans l'oeil traverse tout le film, entraînant le public dans les décors de papier mâché du chef-d'oeuvre de Méliès, le "Voyage dans la lune", restauré par Hollywood 109 ans après sa sortie.

La majeure partie d'"Hugo Cabret" a été tournée en studio et se déroule dans une gare parisienne fictive - mélange de gare Montparnasse, de gare du Nord et de gare de Lyon avec sa grande horloge -, dans des rues enneigées et dans un appartement où les souvenirs grincent derrière les murs et dans les armoires.

Certaines scènes en extérieur ont toutefois été tournées à Paris, "lieu sacré", dit le réalisateur.

A l'écran, la 3D façon Scorsese magnifie le moindre détail: les flocons de neige sont palpables et le spectateur éprouve presque physiquement l'odeur de l'huile chaude qui graisse les mécanismes des horloges et la chaleur des trains à vapeur. Le Paris couleur sépia, turquoise et jaune, choisi par le réalisateur, donne aux scènes et aux personnages qui les animent une épaisseur supplémentaire.

Tel le chef de gare (Sacha Baron Cohen), père fouettard effrayant qui poursuit les enfants sans-abri, invalide de guerre dont la jambe de bois et la moustache s'animent à ses dépens, comme son coeur...

Car loin de l'univers de la violence et de la colère qui nourrit nombre de ses films, "Hugo Cabret" touche "à ce qu'il y a dans tous les films de Scorsese", dit Ben Kingsley: "la vulnérabilité masculine qu'il filme comme personne".