Thomas Ostermeier, le théâtre contre "l'Europe des financiers"

Loin des disputes de
Loin des disputes de "l'Europe des financiers" et des soubresauts de la zone euro, le metteur en scène berlinois Thomas Ostermeier reste convaincu qu'une "Europe sociale et culturelle" est nécessaire: il y travaille depuis quatre ans au sein du réseau européen Prospero.

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Loin des disputes de "l'Europe des financiers" et des soubresauts de la zone euro, le metteur en scène berlinois Thomas Ostermeier reste convaincu qu'une "Europe sociale et culturelle" est nécessaire: il y travaille depuis quatre ans au sein du réseau européen Prospero.

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"Ca m'intéresse vraiment, il faut définitivement une sorte de contrepouvoir face à cette Europe du commerce", explique le directeur de la Berliner Schaubühne qui participe au réseau Prospero avec le Théâtre national de Rennes (TNB), le Théâtre de la Place (Liège, Belgique) et trois autres partenaires à Lisbonne, Modène (Italie) et Tampere (Finlande).

Cette semaine, son "Othello", une pièce en allemand, version originale sous-titrée, se joue à guichet fermé au TNB, comme son "Hamlet" au printemps dernier et son "John Gabriel Borkman", créé à Rennes en 2008 d'après Henrik Ibsen. Le succès est "total", selon le TNB.

"C'est la première fois que je voyais une pièce sous-titrée, donc j'étais un peu inquiet, mais ça passe très très bien, j'ai été totalement emballé, fasciné par la pièce, par l'inventivité", confie un spectateur conquis à l'issue du spectacle de 2h20 sans entracte.

La semaine prochaine, c'est le Polonais Krzysztof Warlikowski qui jouera en VO sous-titrée ses "Contes africains", d'après Shakespeare, qu'il a créés en octobre à Liège. Puis en février 2012, dernier volet du programme Prospero, le flamand Ivo Von Hove présentera "Husbands", une adaptation de John Cassavetes, après une résidence à Rennes.

Au total, Prospero aura généré en quatre ans quatre créations et 16 co-productions, avec plus de 170 représentations dans les six villes partenaires. Soutien aux jeunes créateurs, échanges étudiants et collaboration universitaire complètent le dispositif, pour un budget de 5,5 millions d'euros sur quatre ans, financé pour moitié par des fonds européens.

Pour sa deuxième édition (2013-2016) qui attend le feu vert de Bruxelles, le programme Prospero se prépare à s'élargir à quatre capitales, Londres, Amsterdam, Athènes et Luxembourg.

Plus que tout, Thomas Ostermeier se félicite d'avoir "réussi à convaincre les Anglais".

"Il y a un risque que l'Angleterre ne se considère pas comme une partie de l'Europe mais comme une île", dit-il. Dans ce pays imprégné par la pensée néo-libérale de Margaret Thatcher, il est crucial que "des artistes anglais et des programmateurs comprennent qu'il y a une autre façon de penser la culture, de penser les questions sociales et économiques", explique-t-il avec conviction.

A six, la coopération théâtrale n'a pas toujours été facile, comme le reconnaît François Le Pillouer, le très militant directeur du TNB qui n'en reste pas moins un grand partisan de l'élargissement.

Avec Prospero, "j'ai découvert l'Europe, on n'est jamais d'accord et on est sensés travailler à l'unanimité... Je comprends pourquoi, en ce moment, ça peine: les ultra-libéraux n'arrivent pas à construire l'Europe parce qu'il faut une générosité incommensurable, il faut que les forts aident les faibles et que les faibles puissent bousculer la pensée des forts", affirme-t-il.

Les échanges entre théâtres permettent de découvrir les différences dans les approches artistiques, les modes de travail, les systèmes de financement ou même les perceptions du public.

"J'ai travaillé dans plusieurs théâtres, à Munich, Hambourg ou Vienne, les différences ne sont pas aussi grandes", explique Thomas Ostermeier.

Malgré les "difficultés", le quadragénaire "ne regrette pas" les expériences offertes par le programme Prospero: "si on veut une vie facile ce n'est pas à recommander mais c'est avec le challenge qu'on apprend quelque chose !".