se croire le premier moutardier du pape

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Français[modifier le wikicode]

Étymologie[modifier le wikicode]

Cette expression est décrite pour la première fois dans le Dictionnaire de Trévoux de 1771[1]. On la trouve aussi chez plusieurs auteurs du XVIIIe siècle[2]. Alexandre Dumas raconte, dans son Grand dictionnaire de cuisine, qu’ « au nombre des papes qui tinrent une cour si brillante à Avignon, le pape Jean XXII fut un de ceux qui ne dédaignaient pas les plaisirs de la table. Il raffolait de la moutarde, en mettait dans tout, et ne sachant que faire d’un de ses neveux qui n’était bon à rien, il en fit son premier moutardier. De là vient l’habitude de dire d’un sot vaniteux, qu’il se croit le premier moutardier du pape. À leur retour à Rome, les papes y portèrent le goût de la moutarde. Léon X et Clément VII, de la maison de Médicis, en étaient de très-grands amateurs. »[3] La même anecdote, avec quelques variantes, fut colportée par la plupart des dictionnaires du XIXe siècle[4], jusqu’au jour où Émile Littré trancha la question : « Il n’y a pas de moutardier parmi les officiers du pape. »[5] Affirmation que les linguistes modernes ont confirmée. Un titre aussi ronflant ne pouvait être qu’une pure invention comique, Alphonse Daudet en usa savoureusement dans son célèbre conte La Mule du Pape.

Locution verbale [modifier le wikicode]

se croire le premier moutardier du pape \sə kʁwaʁ lə pʁə.mje mu.taʁ.dje dy pap\ (pour une femme, on dit : se croire la première moutardière du pape) (se conjugue → voir la conjugaison de croire)

  1. (Sens figuré) (Familier) Avoir une haute opinion de soi-même, se donner des airs d’importance.
    • Il devenait plus suffisant de jour en jour ; depuis qu’un ruban rouge brillait à sa boutonnière, il se croyait, comme on dit, le premier moutardier du pape, et ne pouvait pas souffrir la moindre observation. — (Jules Lacroix de Marlès, Corps sans âme, éd. E. Renduel, 1834, tome 1, page 293)
    • Ainsi, pour abaisser ma superbe, elle me qualifia un jour d’hospodar, et un autre, de premier moutardier du pape. J’ignorais que les hospodars étaient des tyrans de Valachie et que c’est avoir une haute opinion de soi-même que de se croire le premier moutardier du pape. — (Henry Bordeaux, La maison, éd. A. Fayard & Cie 1926, 1913 à l’origine, page 20)

Synonymes[modifier le wikicode]

Dérivés[modifier le wikicode]

Traductions[modifier le wikicode]

Prononciation[modifier le wikicode]

  • France (Lyon) : écouter « se croire le premier moutardier du pape [Prononciation ?] »
  • Aude (France) : écouter « se croire le premier moutardier du pape [Prononciation ?] »

Références[modifier le wikicode]

Sources[modifier le wikicode]

  1. « moutardier », dans Émile LittréDictionnaire de la langue française, 1872–1877 → consulter cet ouvrage
  2. Par exemple chez Alexis Piron, La Diafoirade, satire burlesque dans Œuvres complettes d’Alexis Piron éditées par Jean-Antoine Rigoley de Juvigny, t. 7, Clément Plomteux, Liège, 1776, p. 28 ; ou encore chez Gérard de Lally-Tollendal, Mémoire produit au conseil d’Etat…, veuve Besongne et fils, Rouen, 1779, p. 72.
  3. Alexandre Dumas, Étude sur la moutarde, annexe du Grand dictionnaire de cuisine, A. Lemerre, Paris, 1873.
  4. Dont notamment le Grand dictionnaire universel du XIXe siècle de Pierre Larousse.
  5. Émile LittréDictionnaire de la langue française, 1872–1877 → consulter cet ouvrage
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