Dépêche

A près de 300 ans, le Ballet de l'Opéra de Paris s'offre une tournée américaine

"Bien souvent on dit que l'Opéra de Paris est la meilleure compagnie du monde. Maintenant, c'est le moment de le prouver", dit dans un sourire Aurélie Dupont, une des étoiles du célèbre ballet français, en tournée aux Etats-Unis cet été pour la première fois depuis plus de 10 ans.

"Je suis hyper contente d'être à New York. On sent une énergie incroyable en tant qu'artiste, on a l'impression que tout est possible. Et ce n'est pas seulement une impression: la danse a une place immense ici", observe la danseuse, assise sur le perron du théâtre David Koch, au Lincoln Center où se produit la troupe.

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Le Ballet de l'Opéra de Paris a entamé le 26 juin sa sixième tournée aux Etats-Unis, la première depuis 2001, en commençant par Chicago, qu'il n'avait jamais visité, avant de passer par Washington et d'arriver mercredi à New York, où il prend pension durant deux semaines.

La troupe n'était pas revenue dans la "Grosse pomme" depuis 1996. Au programme: un panorama de la danse française qui va du classique "Giselle" au moderne "Orphée et Euridice" de Pina Bausch, avec un coup d'oeil aux oeuvres maîtresses du XXe siècle, comme le "Boléro" de Ravel.

"Ce n'est pas un programme qui est forcément facile pour le public américain. Les Francais prennent des risques et je trouve ça bien, j'espère qu'ils sauront l'apprécier", déclare à l'AFP Aurélie Dupont, qui a dansé à Chicago pour la première fois de sa carrière le "Boléro" sur la chorégraphie de Maurice Béjart.

"La grosse préparation pour moi de cette tournée, c'était le Boléro. Je me sens très privilégiée de danser ça et c'est un vrai défi", confie cette belle femme de 39 ans, devenue "étoile" en 1998.

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Le Boléro, à la fois hypnotique et sensuel, qu'Aurélie Dupont danse sur une grande table ronde entourée de 40 danseurs, s'avère aussi sublime pendant la répétition devant une salle vide que lors de la représentation publique.

Fier de son passé, ouvert sur l'avenir

La recherche de l'impossible perfection est au coeur de la mission de la troupe dont les origines remontent à l'Ecole de l'Académie royale de danse créée par Louis XIV en 1713.

Avec ses 154 danseurs, dont 16 "étoiles", le Ballet est fier de son identité, souligne sa directrice, Brigitte Lefèvre.

"A chaque fois, on est heureux de représenter une forme d'excellence française, d'académisme dans le sens actuel du terme. C'est trois cents ans d'existence, parce que nous allons fêter la saison prochaine le tricentenaire de l'Ecole française de danse", relève-t-elle.

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Même avis pour Aurélie Dupont: "C'est une école, un travail, une façon de danser qui est propre à notre pays. C'est une danse académique, avec des positions classiques, avec des décalés qui peuvent donner un côté un peu néoclassique au ballet. Puis on a des positions très rondes, avec des lignes très pures".

"La particularité de l'opéra, c'est qu'on vient tous de la même école", ce qui n'est pas forcément le cas dans les corps de ballets des autres pays, souligne-t-elle.

Pour Mme Lefèvre, qui dirige la compagnie depuis 1995, l'ambition du Ballet réside dans "une transmission, un désir d'excellence", mais avec un esprit ouvert, qui refuse de s'enfermer dans le passé.

"Je déteste l'exclusive ou le domaine réservé. La danse, c'est un art extraordinaire, c'est un art plus que jamais actuel dans ses différentes formes, donc on s'adresse à tout le monde", assure la directrice de la troupe.

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"Il y a tellement de manières de voir la danse. C'est comme un poème: chacun y trouve sa part et son imaginaire".

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