"L'Ordre et la Morale": le gendarme Kassovitz à l'assaut d'Ouvéa

Un capitaine trahi par l'armée, 21 morts sous les Tropiques et un goût de cendres à l'arrivée : pendant 2H16, Mathieu Kassovitz, alias Philippe Legorjus du GIGN, embarque le spectateur dans l'assaut sanglant de la grotte d'Ouvéa
Un capitaine trahi par l'armée, 21 morts sous les Tropiques et un goût de cendres à l'arrivée : pendant 2H16, Mathieu Kassovitz, alias Philippe Legorjus du GIGN, embarque le spectateur dans l'assaut sanglant de la grotte d'Ouvéa

Temps de lecture : 2 min

Un capitaine trahi par l'armée, 21 morts sous les Tropiques et un goût de cendres à l'arrivée : pendant 2H16, Mathieu Kassovitz, alias Philippe Legorjus du GIGN, embarque le spectateur dans l'assaut sanglant de la grotte d'Ouvéa.

La newsletter culture

Tous les mercredis à 16h

Recevez l’actualité culturelle de la semaine à ne pas manquer ainsi que les Enquêtes, décryptages, portraits, tendances…

Votre adresse email n'est pas valide

Veuillez renseigner votre adresse email

Merci !
Votre inscription a bien été prise en compte avec l'adresse email :

Pour découvrir toutes nos autres newsletters, rendez-vous ici : MonCompte

En vous inscrivant, vous acceptez les conditions générales d’utilisations et notre politique de confidentialité.

En avril 1988, juste avant le premier tour de l'élection présentielle, 30 gendarmes sont pris en otages par des indépendantistes kanaks : parmi les renforts envoyés sur ce territoire à 30 heures de Transall de Paris, le capitaine des gendarmes d'élite va tenter une médiation qui se noie dans un bain de sang avec la mort de deux militaires et 19 Kanaks, dont cinq au moins sont décédés après l'assaut.

Tout le film, présenté mardi matin aux professionnels à Paris (la sortie nationale est prévue mi-novembre), est construit pour conduire à ce dénouement connu et attendu, morceau de bravoure filmé le souffle court, caméra à l'épaule, au corps à corps dans un déchainement d'explosions et de déflagrations sourdes.

"L'Ordre et la Morale" s'inscrit entre les deux tours d'une présidentielle sur fond de cohabitation qui semble gouverner chaque décision des politiques transmise aux officiers sur le terrain.

A la veille de l'assaut fatal, la télé retransmet d'ailleurs dans le casernement où Legorjus et ses hommes se préparent le débat entre les candidats Mitterrand et Chirac qui évoquent la situation, là-bas au loin, en Nouvelle-Calédonie.

Philippe Legorjus aurait-il eu sa chance, à Ouvéa, si sa mission avait eu lieu en d'autres temps ? Mathieu Kassovitz semble le croire qui l'incarne à l'écran et s'est appuyé sur ses confessions, "La Morale et l'Action", pour écrire le scénario.

Le réalisateur met aussi aux prises une Armée de Terre va-t'en-guerre, pressée d'en découdre et aux méthodes expéditives, et des gendarmes légalistes, soucieux de sauver la peau de leurs camarades en évitant l'escalade de la violence sur le territoire.

Premier échec pour Legorjus, il se fait attraper à son tour avec six de ses hommes; mais la mésaventure en le mettant au contact direct des ravisseurs lui ouvre un espace de négociation. Le courant passe et la confiance s'instaure avec leur chef, Alphonse Dianou - qu'il trahira malgré lui.

Kassovitz le disait pendant le tournage : "L'Ordre et la Morale" était certainement son plus "gros film" par les moyens engagés et le sujet, "sa dimension politique, sociale et cinématographique".

Un tournage de la débrouille aussi, puisque délocalisé "pour des raisons de sécurité" en Polynésie sur un miniscule atoll d'Anaa et auquel l'armée a décliné tout soutien pour les scènes d'action.

Les décorateurs ont dû reconstituer des hélicoptères Puma, des transports de troupes et des blindés en bois. Et la production organiser le campement de l'équipe, dont une quarantaine d'acteurs et de figurants kanaks, dont certains comptent des proches ou des ascendants parmi les protagonistes du drame.

"Je ne suis pas kanak, je ne suis pas là pour défendre la cause kanak", assure "Kasso" dans le dossier de presse.

Il a pris soin d'ailleurs de faire relire le scénario à Philippe Legorjus, qui a trouvé le film "très beau" : "il reflète bien la réalité", a déclaré cet été l'ancien GIGN qui a changé de vie depuis Ouvéa.

Lui trouve le film "équilibré". L'armée avait l'air d'en douter.

Commentaires (2)

  • Louise Michel

    Essayez d'imaginer, comment, l'auteur de la "haine"... va avoir l'objectivité et l'impartialité (surtout) nécessaire, pour réaliser un film sur un tel sujet ! Une fois de plus cela va être une charge balourde et nauséabonde, contre (les vilains) l'Armée française et ses officiers (tous fascistes) et les (bons) Kanaks... Tout rose (à gauche) et tout noir à droite.

  • Marco

    Critiquer l'armée ? J'attends avec impatience de lire les commentaires énervés des lecteurs. On va voir un déferlement d'injures adressées au réalisateur, et on l'accusera évidemment de cracher sur son drapeau... Donc posons de suite la question : quelle était la légitimité de la France aussi loin dans le Pacifique ? Pourquoi avoir massacré tous ces kanaks ? N'étaient-ils pas chez eux ? Non ? Ils étaient Français alors. [...]