L’entreprise libérée, réalité ou imposture ?

C’est Isaac Getz qui popularisera cette appelation d’entreprise libérée avec son livre Liberté & Cie. Quand la liberté des salariés fait le succès des entreprises.

Véritable Best-seller dans la catégorie Manangement, l’auteur s’appuie sur des exemples concrets pour présenter une autre facon de voir le management. Il est question de laisser tomber le modèle Taylorien et bureaucratique, abandonner le « command and controle » afin de laisser plus d’autonomie aux salariés.

Et si l’on donnait la parole aux salariés ?

L’idée est belle: supprimer les chaines de commandement pour donner plus de responsabilité et d’autonomie aux salariés. Le principe s’articule autour de 4 fondements:

  • Cesser de parler et écouter les salariés
  • Partager ouvertement et activement sa vision de l’entreprise pour permettre aux salariés de se l’approprier
  • Arrêter d’essayer de motiver les salariés
  • Rester vigilant

Plus qu’un modèle précis ou d’une méthode miracle, il s’agit plutôt d’un changement de culture que beaucoup d’entreprises ont déjà acquis. On citera par exemple Zappos, Gore ou encore Harley Davidson qui dès 1987 s’est restructurée pour faire face à la crise. Depuis, l’entreprise est organisée autour de 3 cercles autonomes: le cercle « Produire », le cercle « Créer la demande » pour les rôles de vente, communication, marketing et enfin le cercle « Support » pour les actions liées au RH, gestion administratives etc. Le comité de direction est représenté par le CEO ainsi qu’un leader (naturel et non déclaré) de chaque cercle.

Interrogations et critiques

A la question « Est-ce que ca marche », il n’existe pas une seule réponse. L’idée est séduisante et fonctionne dans des entreprises mais n’aura peut-être pas la même efficacité dans d’autres.
L’entreprise libérée se dresse contre le Taylorisme mais qui aujourd’hui n’est pas réellement présent dans nos entreprises. Les méthodes managériales ont très largement évoluées depuis le début du siècle que ce soit dans les industries française ou encore au Japon avec Toyota et le Lean Management.La technologie et internet ont aussi un impact important sur le fonctionnement des organisations actuelles.
L’idée principale reste que le modèle peut fonctionner et que donner plus d’autonomie et de responsabilité à l’ensemble des collaborateurs peut avoir de réels impactent positifs sur le fonctionnement des entreprises.

Tout le pouvoir au… leader libérateur

Ou est le pouvoir ? Classiquement dans les mains de managers. Que se passe-t-il si l’on supprime managers ? Le contrôleur disparait mais le contrôle reste. C’est le grand paradoxe de l’entreprise libérée ou finalement chaque collaborateur se retrouve sous le contrôle de l’ensemble des membres de l’équipe.

Que faut-il faire de cette pratique qui relève à fois du fantasme de l’entreprise au management idéal mais aussi de l’utopie ? Je conseille généralement de s’interroger sur les motivations qui poussent les managers / dirigeants / RH / …  à aller dans ce sens. Est-ce qu’il s’agit de suivre une tendance, une mode ou est-ce la recherche d’une solution à un problème de management concret ?
Chaque entreprise est unique, l’approche l’est probablement tout autant.

 

D’après l’article L’entreprise libérée, réalité ou imposture ?