"Les Adieux à la Reine": les derniers feux de Versailles illuminent Berlin

La jeune liseuse Sidonie Laborde (ardente et émouvante Léa Seydoux) couve sa reine d'un amour secret et d'une dévotion totale, tandis que Marie-Antoinette, campée avec conviction par Diane Kruger, qui joue avec finesse de sa pointe d'accent originel, valse d'un caprice à l'autre, quêtant les faveurs de son amie la comtesse de Polignac (Ledoyen, sulfureuse).
La jeune liseuse Sidonie Laborde (ardente et émouvante Léa Seydoux) couve sa reine d'un amour secret et d'une dévotion totale, tandis que Marie-Antoinette, campée avec conviction par Diane Kruger, qui joue avec finesse de sa pointe d'accent originel, valse d'un caprice à l'autre, quêtant les faveurs de son amie la comtesse de Polignac (Ledoyen, sulfureuse).

Temps de lecture : 3 min

Le crépuscule de la monarchie française dans un Versailles solaire et vénéneux, filmé par un Benoit Jacquot virtuose dans "Les Adieux à la Reine", a illuminé jeudi l'ouverture de la 62è Berlinale dédiée aux basculements de l'histoire.

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Le cinéaste cinéphile, qui confesse volontiers sa passion des femmes, a paré ses actrices Diane Kruger, Léa Seydoux et Virginie Ledoyen de leurs plus beaux atours et conçu chaque plan comme un tableau de maître pour suivre les trois derniers jours de la royauté au Palais, à la mi-juillet 1789, juste avant la fuite.

"Je suis un amateur de fin de règne", confiait jeudi Benoit Jacquot. "Elles se ressemblent toutes depuis la nuit des temps: ceux qui ont le pouvoir s'y accrochent jusqu'au bout, d'où qu'ils viennent socialement".

Adapté du roman éponyme de Chantal Thomas, "Les Adieux à la Reine", premier des 18 films en lice pour l'Ours d'Or (et un des cinq français), cueille le petit monde de la Cour indifférent à la colère qui gronde, enfermé dans ses secrets, ses faux espoirs et ses minables petits complots à l'ombre des monarques.

La jeune liseuse Sidonie Laborde (ardente et émouvante Léa Seydoux) couve sa reine d'un amour secret et d'une dévotion totale, tandis que Marie-Antoinette, campée avec conviction par Diane Kruger, qui joue avec finesse de sa pointe d'accent originel, valse d'un caprice à l'autre, quêtant les faveurs de son amie la comtesse de Polignac (Ledoyen, sulfureuse).

C'est le Titanic au Petit Trianon, l'orchestre joue de plus en plus fort pour couvrir la rumeur, alors que dans les galeries putrides Sidonie observe la panique gagner les courtisans.

"Il a fallu concentrer sur trois jours ce qu'on sait de la reine et la faire passer sans transition de la frivolité à ce destin tragique qui la dignifie, la portant au bord de la folie: si elle n'était pas reine, elle serait bonne à enfermer", analyse Benoît Jacquot pour l'AFP.

Pour ce rôle, confie le réalisateur, le choix de l'Allemande Diane Kruger, capable de changer d'état "comme un climat tourmenté", s'est imposé.

"Je voulais une étrangère: en l'occurence, Diane est blonde comme la reine et elle a le même âge qu'elle à l'époque" - autour de 35 ans. Surtout, l'actrice a "manifesté un voeu si violent pour ce rôle qu'elle est devenue d'emblée irrésistible".

L'intéressée remarque "qu'en plus" elle est née un 15 juillet.

Benoît Jacquot est un cinéaste passionné de littérature et "philogyne" - c'est son mot - vers lequel les actrices aiment à revenir : pour la 3è fois ici pour Virginie Ledoyen - Isabelle Huppert a tourné cinq fois avec lui).

"Je ne peux filmer une femme pour laquelle je n'aurais pas d'attachement", avoue-t-il.

Léa Seydoux, dont il juge que "jamais elle n'a été aussi vivante, aussi convaincante", parle de "cet amour des actrices" qu'elle a senti derrière la caméra.

Pour sa première apparition à la Berlinale, la jeune actrice (26 ans) défend deux films en compétition - avec "L'Enfant d'en haut", d'Ursula Meier.

"Avec lui les femmes ne sont pas des objets de décor: il rentre réellement dans l'intime et leur réserve des rôles complexes. C'est rare", renchérit Diane Kruger.

Cette attraction joue aussi d'évidence sur les hommes: le réalisateur des "Hommes et des Dieux" Xavier Beauvois a ainsi réclamé et s'est imposé dans le rôle de Louis XVI, dans lequel il a plongé - et qu'il a "humanisé", juge le réalisateur.

"Même quand il ne tournait pas, il ne pouvait quitter son costume: il se promenait dans Versailles avec sa perruque et sa canne, jouant au roi devant les touristes japonais!" raconte-t-il, encore médusé.