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Denis Podalydès rend justice à la folie de Donizetti

Un "Don Pasquale" dans l'univers du cinéma réaliste italien, au Théâtre des Champs-Elysées.

Par Marie-Aude Roux

Publié le 15 février 2012 à 14h13, modifié le 15 février 2012 à 14h13

Temps de Lecture 3 min.

Denis Podalydès à Paris, le 4 février 2012.

Première nouvelle production de la saison proposée par le Théâtre des Champs-Elysées, Don Pasquale, de Donizetti (1797-1848), qui voit la seconde mise en scène d'opéra du sociétaire de la Comédie-Française, comédien, écrivain, récitant, Denis Podalydès. Donizetti ne se serait pas effrayé de cette "prolificité" : surnommé en son temps "Dozzinetti" (sous-entendu : qui écrit des opéras à la "petite douzaine"), il affirma avoir composé Don Pasquale (1843) en onze jours, recyclant notamment deux de ses ouvrages antérieurs L'Ange de Nisida et La Bohémienne.

L'histoire du barbon bafoué, amoureux d'une jeunette, laquelle épousera finalement son neveu, non sans avoir détourné une partie de la fortune du vieux, est un classique de la commedia dell'arte. Mais la musique de Donizetti pousse la virtuosité au bord de la déraison. C'est donc avec justesse que Denis Podalydès instille l'une des hantises prémonitoires de Donizetti : la folie, dans laquelle il sombra en 1846, interné à Ivry-sur-Seine avant d'être rapatrié à Bergame, où il mourut le 8 avril 1848.

Derrière la farce, le peu recommandable Docteur Malatesta, maître en supercherie, que Podalydès affuble de petites cornes rouges. Le roman d'apprentissage n'est pas l'apanage de la jeunesse ; le diable enseigne à tout âge. C'est ce qu'apprendra le vieil homme. S'il ne perd pas son âme à ce jeu de la tentation, il y laisse honneur, fortune et surtout illusions.

Denis Podalydès a situé son Don Pasquale dans le focus du cinéma réaliste italien. Grand écran de plein air, fourgon Citroën où clignotent les lumières de foire de "Don Pasquale, l'illusionniste", coiffures et costumes (Christian Lacroix) des années 1950. Le fameux solo de trompette qui module la sérénade nocturne du jeune Ernesto, Com'è gentil - la notte, évoque immanquablement La Strada, de Fellini, Don Pasquale endimanché pour ses noces, le cinéaste italien sur les photos des années 1960.

Comme on pouvait s'y attendre, le plateau vocal (italien) est dominé par la composition d'Alessandro Corbelli dans le rôle-titre. Les conjurés farceurs sont pur jus : Désirée Rancatore en Norina caprine et coquette, Gabriele Viviani en Malatesta aux sombres desseins.

La surprise attendue ? Un ténor de 34 ans au parcours atypique, Francesco Demuro, qui faisait ses débuts en France dans le rôle d'Ernesto. Originaire du nord de la Sardaigne, le jeune homme est monté sur une scène lyrique pour la première fois il y a quatre ans. L'âge où il a commencé à chanter dans le bar-tabac de ses parents à Porto Torres, avant de devenir "une sorte d'enfant prodige du chant populaire en Sardaigne", confie-t-il dans un entretien paru le 2 février sur le site Internet Forumopera.com.

Après vingt ans de carrière, il se sent à l'étroit dans la chanson sarde et napolitaine et se tourne vers l'opéra. La suite est ce que nous avons entendu en ce soir de première, malgré un trac perceptible : une voix incisive au registre naturel et aux aigus bien projetés.

Atypique également, pour de moins bonnes raisons, la prestation brouillonne de l'Orchestre national de France sous la direction atone d'Enrique Mazzola. Pour l'écouter sans partage, il fallait ne pas avoir entendu la même partition dans les mêmes lieux le 9 novembre 2009 avec le maestro italien Riccardo Muti à la tête de son Orchestre de jeunes Luigi Cherubini.


Don Pasquale, de Gaetano Donizetti. Avec Denis Podalydès (mise en scène), Eric Ruf (scénographie), Christian Lacroix (costumes), Stéphanie Daniel (lumières), Choeur de Radio France, Orchestre national de France, Enrique Mazzola (direction). Théâtre des Champs-Elysées, 15, av. Montaigne, Paris 8e. Les 15, 17, 19, 21 et 23 février à 19 h 30. Tél. : 01-49-52-50-50. De 5 € à 140 €. Sur le Web : Theatrechampselysees.fr.

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Diffusé sur France Musique le 15 février à 19 h 30, sur Arte le 17 février à 22 h 10. Sur le Web : www.arte.tv.

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