«Au conservatoire, on fait plus de bruit que l'aérodrome!» Dans un autre contexte et si cela n'était affirmé très sérieusement par Armelle Gourlaouen, on pourrait prendre cela pour une boutade. Pourtant, le sujet n'est pas à prendre à la légère. Et au regard des constats effectués au niveau national, les responsables ont des raisons, sinon de s'inquiéter, du moins d'être vigilants. Face aux risques de troubles auditifs liés à l'écoute ou aux pratiques musicales, le conservatoire de musique et de danse de Pontivy communauté s'engage dans la sensibilisation et la prévention en organisant une semaine de l'audition en partenariat avec l'association Audition solidarité. Une première à Pontivy et qui permettra une prise de conscience des décibels enregistrés par les oreilles des musiciens.
Des instruments d'extérieur
L'objectif d'une telle démarche est d'améliorer le bien être auditif des populations sensibles. Ainsi, les joueurs de bombardes et de cornemuses semblent les plus exposés. «Si l'on réfléchit un peu c'est assez logique. Les instruments de musique traditionnelle étaient à l'origine utilisés uniquement à l'extérieur. Or, aujourd'hui, ils sont enseignés dans des salles fermées», explique la directrice du conservatoire. Il en va de même pour les musiques actuelles, dont le son est relativement fort. Résultat : les décibels sont trop élevés et la répétition des expositions à un bruit trop important multiplie les risques. Ainsi les élèves qui pratiquent régulièrement certains instruments, mais encore plus les professeurs qui subissent quotidiennement ce type d'«agression auditive», doivent protéger leur tympan. Certes, il faut vivre avec son temps, mais on peut conjuguer la musique et l'audition sans que la première nuise à la seconde. Et il faut savoir que la limite de nocivité se situe à partir de 85 décibels et que la durée d'écoute hebdomadaire ne doit pas dépasser 20heures à 93 décibels pour les baladeurs.
Sonomètre et protections auditives
Pour les informer, Delphine Coroller, audioprothésiste à Pontivy, passera donc toute la semaine prochaine dans les salles avec des bouchons d'oreilles et un sonomètre afin de mesurer les nuisances sonores et de prouver aux élèves comme aux professeurs, que l'on peut jouer en protégeant ses oreilles et sans perdre ses sensations. Certes, les bouchons d'oreille classiques, diminuent davantage les aigus que les graves, mais, pour les pros, il existe des modèles plus perfectionnés qui n'affectent en rien la qualité de l'écoute. L'audioprothésiste effectuera également des tests auditifs pour ceux qui le souhaitent. Enfin, deux musiciens viendront apporter leur témoignage. Lundi 2avril à 18h, Agnès Brosset évoquera sa maladie, et jeudi5, à 15h, une conférence sera animée par Stéphane Kermabon, professeur de cornemuse au conservatoire de Lorient et qui a failli perdre l'audition pendant une répétition de concert. Pratique Animations conférences ouvertes au public sans inscriptions préalables: lundi2 à 18h, mardi3 à 18h, mercredi4 à 15h30, jeudi à 15h.