Tableaux volés à Nice: les accusés disent avoir été manipulés par le FBI

Autre grand absent, l'homme qui a mis en contact les malfaiteurs français avec l'agent infiltré du FBI pour monnayer les tableaux: Bernard Ternus, originaire de Bandol et installé à Miami depuis 2007.
Autre grand absent, l'homme qui a mis en contact les malfaiteurs français avec l'agent infiltré du FBI pour monnayer les tableaux: Bernard Ternus, originaire de Bandol et installé à Miami depuis 2007.

Temps de lecture : 3 min

Les auteurs du vol de quatre tableaux de maître au musée des Beaux-Arts de Nice, en août 2007, ont tenu lundi, au premier jour de leur procès à Aix-en-Provence, à renvoyer l'image de malfaiteurs non violents, tombés dans un piège du FBI.

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Derrière la vitre du box des accusés, Pierre-Noël Dumarais, 64 ans, l'organisateur de l'opération, cherche d'emblée à minimiser son passé judiciaire, lourd de huit condamnations entre 1971 et 1994. "Il a 20 ans, le casier, il est presque obsolète", sourit le sexagénaire, dit "Le Niçois", allure soignée et cheveux grisonnants.

"Opportuniste, mais assez droit, respectueux de la vie humaine", dit-il de lui-même, quand le président de la cour d'assises des Bouches-du-Rhône, Jean-Luc Tournier, lui demande de se décrire.

"C'est d'ailleurs pour cela que je voulais moi-même préparer le vol de Nice, pour éviter tout dégât collatéral", affirme-t-il. Comme ses complices, il nie avoir été armé, en dépit des déclarations des employés du musée Jules Chéret.

"Le Niçois", diplômé d'un Deug de droit obtenu en détention, a peu travaillé dans sa vie (à peine plus d'un an), préférant "cueillir les billets sur les arbres", mais "sans violence et sans arme", insiste-t-il, semblant oublier au passage le hold-up d'une banque.

"J'étais si peu armé que la banque ne s'est pas portée partie civile", rétorque-t-il au président: "avoir une arme, ce n'est pas obligatoirement s'en servir".

Et de conclure avec aplomb: "je ne serais pas ici si je n'avais pas été aiguillonné par le FBI pour aller voler les tableaux" en ce dimanche 5 août: deux Bruegel, un Monet et un Sisley, estimés à 20 millions d'euros.

Un avis partagé par son complice, Patrick Chelelekian, aussi appelé "L'Arménien", rencontré "sur les terrains de boule de Bandol et Sanary" (Var).

Un temps coiffeur pour femmes, puis gérant d'un hôtel dans la région parisienne, cet homme de 59 ans, incarcéré à Toulon, avait été impliqué avant les faits dans des affaires de stupéfiants. Ancien "accro à la cocaïne", il se qualifie lui aussi de "non violent", ayant "en horreur le sang et la brutalité", et dit "regretter de s'être laisser entraîner" dans cette aventure, rapporte l'enquêteur de personnalité.

Pour son avocat, Me Lionel Moroni, "le vol a été provoqué involontairement par le FBI" qui lançait des offres d'achat pour tenter de retrouver des oeuvres volées au musée Gardner de Boston en mars 1990, dont un Vermeer et un Rembrandt.

Au coeur de l'affaire, le célèbre agent américain Robert Wittman, spécialisé dans le trafic d'art, qui livre un récit romancé de l'affaire dans "Inestimable" (paru en avril 2011 aux Editions Sonatine), un pavé de 400 pages qui s'exposait lundi sur les tables du prétoire. Il a été cité à comparaître par Me Moroni, mais ne pourra vraisemblablement pas être entendu.

Autre grand absent, l'homme qui a mis en contact les malfaiteurs français avec l'agent infiltré du FBI pour monnayer les tableaux: Bernard Ternus, originaire de Bandol et installé à Miami depuis 2007.

C'est lors de la transaction finale que les cinq voleurs seront arrêtés et les oeuvres récupérées, le 4 juin 2008 à Marseille et sa région, peu avant l'interpellation de Ternus en Floride.

Condamné en septembre 2008 aux Etats-Unis à cinq ans et deux mois de prison pour sa participation à la négociation, ce dernier est détenu à Miami. Poursuivi pour complicité de vol et association de malfaiteurs, il n'est pas présent au procès, son cas faisant l'objet d'une ordonnance de disjonction.

Les trois autres accusés, Patrice Lhomme, 46 ans, Grégory Moullec, 41 ans, et Lionel Ritter, 39 ans, qui comparaissent libres, sont présentés comme de "simples manutentionnaires".

Verdict attendu d'ici vendredi.