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France / Atlantique

Naufrage du «Grande America»: risque de marée noire au large de la France

Suite au naufrage du navire italien Grande America, à 333 km au large de la ville française de La Rochelle, deux nappes d'hydrocarbures se dirigent désormais vers les côtes de Nouvelle-Aquitaine. Les autorités craignent une marée noire.

Le navire «Grande America» photographié avant de sombrer, le 11 mars 2019 au large de La Rochelle.
Le navire «Grande America» photographié avant de sombrer, le 11 mars 2019 au large de La Rochelle. LOIC BERNARDIN / MARINE NATIONALE / AFP
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On savait déjà que le Grande America, qui a sombré en début de semaine dans l'Atlantique au large de la France alors qu'il rejoignait Casablanca en provenance de Hambourg, transportait des matières dangereuses et 2 200 tonnes de fioul lourd dans ses soutes. C'est désormais la principale inquiétude des autorités.

« Au cours du vol réalisé cet après-midi au-dessus de la zone de naufrage du Grande America par l'avion de patrouille maritime Atlantique 2 de la Marine nationale, une nappe d'hydrocarbures a été localisée », a déclaré dans la soirée de mercredi la préfecture maritime de l'Atlantique dans un communiqué.

En conférence de presse, le préfet maritime a précisé que le navire transportait à destination du Maroc « 365 conteneurs, dont 45 répertoriés comme contenant des matières dangereuses et un peu plus de 2 000 véhicules » d'occasion. Et d'ajouter que sa principale inquiétude, ce sont bien les tonnes de fioul lourd.

Plus tard dans l'après-midi, le ministre de la Transition éoclogique François de Rugy, présent à Brest, a déclaré qu'une deuxième nappe de pollution a été identifiée.

► À relire : 2200 tonnes de fioul à bord du Grande America

De « délicates opérations de dépollution en mer »

Sur une mer agitée, avec des vagues de 4 à 6 mètres actuellement, la première nappe s'étend, selon les dernières observations aériennes mais aussi celles du bâtiment de soutien et d'assistance affrété (BSAA) VN Sapeur dans la zone, sur une dizaine de kilomètres de long et un kilomètre de large, à plus de 200 km des côtes.

Le vice-amiral d'escadre Jean-Louis Lozier, préfet maritime de l'Atlantique, a ordonné l'appareillage depuis Brest d'un navire spécialisé dans la lutte antipollution, le BSAA Argonaute. Il devait arriver à destination ce jeudi matin. L'Agence européenne pour la sécurité maritime (EMSA) a également été sollicitée.

Paris s'inquiète. « Selon nos prévisions, des fragments pourraient atteindre certaines zones des côtes de Nouvelle-Aquitaine d'ici dimanche ou lundi, du fait d'une météo particulièrement défavorable, qui risque par ailleurs de rendre plus délicates les opérations de dépollution en mer », relate le ministre de l'Ecologie.

François de Rugy précise que la France va notamment déployer en mer quatre navires spécialisés dans la lutte contre la pollution, et qu'elle se prépare à la mise en place d'un plan de dépollution sur terre. Mercredi, le préfet a de nouveau mis en demeure l'armateur, Grimaldi Group, sommé de faire face à ses responsabilités.

« Des centaines de tonnes de matières toxiques »

Alors que leur navire, un hybride entre roulier et porte-conteneurs d'une longueur de 214 mètres, a sombré par 4 600 mètres de fond après un violent incendie - ce qui risque d'ailleurs de complexifier les opérations de pompage -, les 27 occupants du navire - 26 membres d'équipage et un passager - sont indemnes.

Une centaine de tonnes d'acide chlorhydrique et 70 tonnes d'acide sulfurique se trouvaient à bord du Grande America. Le vice-amiral Lozier se veut rassurant, parlant d'une pollution « très localisée » sans gravité, en raison de « la dilution dans l'espace océanique » et du fait que ces matières ont déjà grandement brûlé.

Parallèlement à la mise en demeure de l'armateur, le procureur de la République a ouvert une enquête. Une association française, les Robin des bois, a fait part de son intention de porter plainte pour pollution et abandon de déchets auprès du tribunal de grande instance de Brest, en Bretagne.

« 2 000 véhicules, c'est une casse automobile au fond de la mer représentant des centaines de tonnes de matières toxiques dans une zone très riche en poissons, plancton et mammifères marins », déplore notamment Jacky Bonnemains, porte-parole de l'ONG, auprès de l'Agence France-Presse.

« Il faut absolument renforcer tous les contrôles »

Yannick Jadot, tête de liste du parti Europe écologie-Les Verts pour les élections européennes, a dénoncé ce jeudi matin sur France 2 « le laxisme qu'il y a souvent autour du transport maritime ». « L'organisme maritime international est trusté par tous les pavillons de complaisance », accuse-t-il.

Selon lui, ils « essayent en permanence de lutter à la baisse contre toutes les règles à la fois sociales, de sécurité, d'environnement ». Et d'en appeler à l'intervention de l'Union européenne : « A partir du moment où un navire arrive sur un port européen, il faut absolument renforcer tous les contrôles. »

François de Rugy lui a répondu notamment qu'une Agence européenne pour la sécurité maritime avait été créée et que l'UE est en train « d'imposer au transport maritime international, en tout cas tous les navires qui viendront dans les ports européens, de changer de motorisation pour ne plus utiliser ce fioul lourd ».

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