"Ulisse" en 3D

C’était la foule dense, dimanche, à la Salle Philharmonique de Liège, pour découvrir (redécouvrir pour certains) l’opéra "Ulisse all’Isola di Circé" du Vénitien Gioseffo, créé à Bruxelles en 1650, porté aux nues par Christine de Suède à l’oreille fine, et, depuis, tombé dans l’oubli. En 2006, Stéfanie de Failly, fondatrice de l’Ensemble Clematis, redécouvrit la partition et l’opéra connut un spectaculaire revival : c’était au Printemps baroque du Sablon, sous la direction d’un jeune chef argentin Leonardo Garcia Alarcon, tout aussi inconnu à l’époque que l’opéra. Eblouissement général à l’écoute de l’œuvre, des interprètes et du chef. Six ans plus tard, l’opéra a mûri dans les esprits et les cœurs, Leonardo Garcia Alarcon est devenu le directeur musical du Chœur de Chambre de Namur, les effectifs se sont étoffés grâce à l’apport de la Cappella Mediterranea : le moment était donc venu de fixer tout cela sur CD. Jérôme Lejeune, patron éclairé du label Ricercar, mit toutes ses énergies dans le projet et c’est au terme d’une semaine d’enregistrement qu’eut lieu le concert public. On comprend que le plateau fût aussi survolté que la salle.

Martine D. Mergeay

C’était la foule dense, dimanche, à la Salle Philharmonique de Liège, pour découvrir (redécouvrir pour certains) l’opéra "Ulisse all’Isola di Circé" du Vénitien Gioseffo, créé à Bruxelles en 1650, porté aux nues par Christine de Suède à l’oreille fine, et, depuis, tombé dans l’oubli. En 2006, Stéfanie de Failly, fondatrice de l’Ensemble Clematis, redécouvrit la partition et l’opéra connut un spectaculaire revival : c’était au Printemps baroque du Sablon, sous la direction d’un jeune chef argentin Leonardo Garcia Alarcon, tout aussi inconnu à l’époque que l’opéra. Eblouissement général à l’écoute de l’œuvre, des interprètes et du chef. Six ans plus tard, l’opéra a mûri dans les esprits et les cœurs, Leonardo Garcia Alarcon est devenu le directeur musical du Chœur de Chambre de Namur, les effectifs se sont étoffés grâce à l’apport de la Cappella Mediterranea : le moment était donc venu de fixer tout cela sur CD. Jérôme Lejeune, patron éclairé du label Ricercar, mit toutes ses énergies dans le projet et c’est au terme d’une semaine d’enregistrement qu’eut lieu le concert public. On comprend que le plateau fût aussi survolté que la salle.

Douze cordes, un énorme continuo, une section de vents digne de Stravinski (mais d’époque) et un généreux choix de percussions, l’orchestre apparut quasi doublé par rapport à 2006, avec une attention toute particulière portée aux couleurs et aux savantes improvisations (signatures de Garcia Alarcon). L’ouverture, en particulier l’entrée des vents, fut pourtant un peu embrouillée et, jusqu’à la fin, le continuo, si imaginatif dans les timbres, eut du mal à soutenir une pulsation commune. Ce qui mit parfois en difficulté Furio Zanasi, tenant du rôle titre, voix et musicalité superbes mais, semble-t-il, en méforme dimanche. Ces réserves étant énoncées, le concert procédait bien de l’enchantement, puisqu’il s’agit ici de la magicienne Circé, alias Céline Scheen, voix de lumière aux inflexions sinueuses et raffinées En Vénus, Mariana Flores, affichait plus de mordant, mais tout autant de charme, tandis que le contreténor Dominique Visse, troisième grand rôle "féminin", campait une désopilante Argesta (vif succès). Parmi les autres chanteurs, on distinguera tout particulièrement l’Américain Zachary Wilder et le Portugais Fernando Guimarães, deux ténors à garder à l’œil. Le Chœur de Chambre de Namur, enfin, dont quatre chanteuses étaient requises par plis séparés, s’est révélé moteur à travers tout l’opéra et dispensateur de merveilleux solos.

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