A Pérouse, "l'esprit pèlerin" du peintre de la Renaissance Luca Signorelli

Après son expérience romaine, l'artiste de Cortone atteint la maturité de son style, qui dans l'exposition prend la forme d'une grande salle où les tableaux ronds - forme qu'il a inventée - règnent en maîtres.
Après son expérience romaine, l'artiste de Cortone atteint la maturité de son style, qui dans l'exposition prend la forme d'une grande salle où les tableaux ronds - forme qu'il a inventée - règnent en maîtres.

Temps de lecture : 3 min

Le parcours artistique de Luca Signorelli (1450-1523) peintre "au talent et à l'esprit pèlerin", est au coeur d'une exposition qui a ouvert ses portes samedi, au palais des Prieurs, au coeur de Pérouse (centre de l'Italie).

La newsletter culture

Tous les mercredis à 16h

Recevez l’actualité culturelle de la semaine à ne pas manquer ainsi que les Enquêtes, décryptages, portraits, tendances…

Votre adresse email n'est pas valide

Veuillez renseigner votre adresse email

Merci !
Votre inscription a bien été prise en compte avec l'adresse email :

Pour découvrir toutes nos autres newsletters, rendez-vous ici : MonCompte

En vous inscrivant, vous acceptez les conditions générales d’utilisations et notre politique de confidentialité.

Né à Cortone, en Toscane, très actif en Ombrie, Luca Signorelli fut initié à la peinture par le "maître de la perspective" Piero Della Francesca, dont il fréquenta l'atelier à Florence.

C'est par cette rencontre déterminante que débute l'exposition où le visiteur découvre la vie de l'artiste dans une succession de salles blanches au décor minimaliste et 100% écologique.

Le maître et l'élève dialoguent à travers leurs "Madones à l'enfant": le visage rond et régulier de la Vierge, ses yeux à demi fermés et l'aspect presque sénile de l'enfant Jésus montrent bien que la Madone de Senigallia de Piero Della Francesca est le modèle de deux peintures analogues attribuées à Signorelli.

Une troisième Madone est l'objet d'une polémique puisqu'elle est attribuée tantôt à Signorelli, tantôt à Pietro di Galeotto. L'exposition qui compte une centaine d'oeuvres dont 66 de Signorelli pourra peut-être résoudre cette querelle ?

Dans la Florence des Médicis qui s'épanouit culturellement, le jeune peintre élargit son cercle de connaissances dans l'atelier d'Andrea del Verrocchio, où il apprend aussi la maîtrise de l'anatomie des corps nus.

C'est à ce moment-là que Signorelli décroche sa première commande: il peint, dans la chapelle San Brizio à Orvieto, un "Jugement universel" (1499-1504), qui sera bien plus tard source d'inspiration pour le Jugement dernier de Michel-Ange (1536-41) dans la Chapelle Sixtine.

Signorelli collaborera dans sa jeunesse avec le génie de la Renaissance sous les premiers échafaudages de la Sixtine pour peindre "Le Testament et la mort de Moïse" et "La remise des clés" du Christ à Saint-Pierre. Le visiteur peut admirer des incisions de ces travaux au Palazzo dei Priori.

Après son expérience romaine, l'artiste de Cortone atteint la maturité de son style, qui dans l'exposition prend la forme d'une grande salle où les tableaux ronds - forme qu'il a inventée - règnent en maîtres.

"Le style de Luca Signorelli dans sa période de maturité est l'opposé de son tempérament: élégant et aimable avec ses élèves, il devient impétueux et tragique dans la peinture, avec des formes bouleversées et des couleurs qui apparaissent et disparaissent" a expliqué Vittoria Garibaldi, l'une des quatre commissaires curateurs de l'exposition.

Au troisième étage du moyenâgeux palais des Priori, on retrouve ces tableaux aux couleurs qui paraissent vives et lumineuses par endroits pour s'évanouir un peu plus loin.

Dans la "Pala de Sant'Onofrio" provenant de la cathédrale de Pérouse, l'icone de cette exposition: trois saints et un évêque entourent la Madone, qui semble baisser les yeux vers l'ange assis à ses pieds, une guitare posée légèrement sur son gros ventre.

Les tonalités deviennent presque violentes dans l'"Annonciation de Volterra", peinture où l'Ange et la Madone se partagent chacun une moitié de cette toile très chargée, presque "kitsch": au premier plan, les piliers d'une église richement décorés, à l'arrière un paysage verdoyant et les colonnes de temples antiques tandis qu'un tourbillon d'anges accompagnent la figure de Dieu.

L'exposition continue avec des oeuvres fourmillant de personnages qui semblent parfois se pencher et prendre la pose comme pour une photo.

Outre Pérouse, elle se déroule aussi à Orvieto, dans le Dôme (la cathédrale) et dans son Musée, puis à Citta di Castello, dans le Palais Vitelli, deux villes où Signorelli fut très actif.

"Luca Signorelli - au talent et à l'esprit pèlerin" - du 21 avril au 26 août.

  1. Lien vers le site de l'exposition Signorelli