"Dans les forêts de Sibérie" ou comment voyager dans une cabane de 9 m2

Ecrivain bourlingueur, dévoreur de kilomètres à pied, à cheval ou à vélo, Sylvain Tesson a posé son sac pendant six mois dans une cabane perdue sur la rive occidentale du lac Baïkal, un voyage immobile qu'il retrace dans un carnet de bord vibrant d'émotion et de fantaisie
Ecrivain bourlingueur, dévoreur de kilomètres à pied, à cheval ou à vélo, Sylvain Tesson a posé son sac pendant six mois dans une cabane perdue sur la rive occidentale du lac Baïkal, un voyage immobile qu'il retrace dans un carnet de bord vibrant d'émotion et de fantaisie

Temps de lecture : 2 min

Ecrivain bourlingueur, dévoreur de kilomètres à pied, à cheval ou à vélo, Sylvain Tesson a posé son sac pendant six mois dans une cabane perdue sur la rive occidentale du lac Baïkal, un voyage immobile qu'il retrace dans un carnet de bord vibrant d'émotion et de fantaisie.

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Ce récit, "Dans les forêts de Sibérie" (Gallimard), commence avec un "rêve vieux de sept ans" ou une nausée ressentie devant les quinze différentes sortes de ketchup alignées dans les rayons d'un supermarché d'Irkoutsk. On ne sait trop...

Reste qu'après un tour du monde à vélo, une traversée de l'Asie centrale à marche forcée et des pérégrinations sans fin, l'écrivain voyageur a ressenti le besoin de se poser. "L'immobilité m'a apporté ce que le voyage ne me procurait plus (...). Moi qui sautais au cou de chaque seconde pour lui faire rendre gorge et en extraire le suc, j'apprends la contemplation", écrit-il.

"Je me suis inventé une vie sobre et belle, j'ai vécu une existence resserrée autour de gestes simples. J'ai connu l'hiver et le printemps, le bonheur, le désespoir et, finalement, la paix".

Plus que Sylvain Tesson, les personnages principaux de ce carnet de bord poétique, drôle, philosophique et humaniste, sélectionné par le Renaudot, sont bien le temps, l'homme et la nature.

L'auteur explique : "un village à 120 km, pas de voisins, pas de route d'accès, parfois une visite. L'hiver des températures de -30 degrés, l'été des ours sur la berge. Bref, le paradis. J'y ai emporté des livres, des cigares et de la vodka. Le reste - l'espace, le silence et la solitude - était déjà là."

Mais Sylvain Tesson n'est pas aussi ermite que cela. Il multiplie même les rencontres.

Déjà, il y a les livres, qui ponctuent son journal et ses aphorismes sur le monde et ses états d'âmes.

Il faut aussi compter avec les Russes, pêcheurs, gardes forestiers et autres "gueules de brutes au regard doux", qui lui rendent de brèves et chaleureuses visites embuées d'alcool.

Il y aura aussi deux chiots, qui lui sauveront la vie, assure-t-il, lorsque son "être chéri" lui annoncera qu'elle le quitte, en cinq lignes sur son téléphone satellite.

"Avoir 38 ans ans et être là, sur une plage, à ramper, en demandant à un chien pourquoi les femmes s'en vont".

Et enfin la glace, le lac, les cèdres, les insectes, les mésanges, les ours et les lynx invisibles, autant de compagnons que Sylvain Tesson célèbre avec des trésors d'écriture dignes des plus grands écrivains naturalistes.

L'auteur le confesse: "j'ai appris deux ou trois choses que bien des gens savent sans recourir à l'enfermement. La virginité du temps est un trésor. Le défilé des heures est plus trépidant que l'abattage des kilomètres. L'oeil ne se lasse jamais d'un spectacle de splendeur"...

("Dans les forêts de Sibérie" - Sylvain Tesson - Gallimard - 267 p. - 17,90 euros)