Le succès de "The Artist", coup de fouet pour le cinéma français à l'étranger

Le succès historique aux Oscars de
Le succès historique aux Oscars de "The Artist" ne peut que doper le cinéma français à l'étranger, mais les films d'auteur typiques de la production hexagonale restent difficiles à exporter dans un monde dominé par les grosses productions et les salles multiplexes.

Temps de lecture : 3 min

Le succès historique aux Oscars de "The Artist" ne peut que doper le cinéma français à l'étranger, mais les films d'auteur typiques de la production hexagonale restent difficiles à exporter dans un monde dominé par les grosses productions et les salles multiplexes.

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Le film de Michel Hazanavicius est entré dans la légende dimanche soir en remportant cinq Oscars, dont celui de meilleur film, historique, et celle de meilleur acteur pour Jean Dujardin.

Jamais un film français n'avait récolté autant de trophées aux Oscars, ce qui devrait favoriser la carrière internationale du film, mais aussi ouvrir une brèche pour les films français.

"C'est une grande, grande nouvelle pour le cinéma français (...) Je pense que ça va permettre à plein de films français d'être distribués aux Etats-Unis", s'est félicité lundi le réalisateur Claude Lelouch.

"Cela va créer sûrement une curiosité chez les exploitants et les distributeurs", estime également le cinéaste Costa-Gavras, dont les films "Z" et "Missing" ont été récompensés par des Oscars.

La réussite à l'étranger de "The Artist", mais aussi d'"Intouchables", devenu début février le deuxième plus gros succès de tous les temps du cinéma français en Allemagne, "crédibilisent les films français au-delà de leurs frontières", renchérit Frédéric Goldsmith, directeur général de l'Association des producteurs de cinéma (APC). "Cela va ouvrir d'autres portes".

"Problème structurel"

Ce succès vient clore une bonne année pour le cinéma français à l'étranger: en 2011, il s'est mieux exporté que l'année précédente, avec 66 millions d'entrées et 405 millions d'euros de recettes.

Mais les observateurs soulignent cependant que la réussite de "The Artist" - film muet en noir et blanc - reste un cas particulier.

Le film "est compréhensible partout, il n'y a pas de traduction, de doublage, de sous-titres, donc ça facilite", souligne le cinéaste Jean-Paul Salomé, président de l'ARP (Société civile des Auteurs réalisateurs producteurs).

Par ailleurs, si "l'exportation du cinéma français sera certainement facilitée" par ce succès, "sur le moyen terme, les problèmes demeurent", estime Antoine de Clermont Tonnerre, président d'Unifrance, l'organisme chargé de la promotion du cinéma hexagonal à l'étranger.

Principale difficulté: la domination des réseaux de grosses salles --peu à même d'accueillir les films d'art et essai-- qui se renforce dans le monde.

"La structure du parc de salles dans le monde favorise les multiplexes, c'es-à-dire quand même principalement les films américains, ce qui rend difficile l'exportation de ce cinéma d'auteur qui est celui quand même que les étrangers nous achètent", explique Antoine de Clermont Tonnerre.

"Il y a beaucoup de pays où les salles de centre ville en particulier, qui accueillaient traditionnellement des films européens, français en particulier, sont en difficulté avec le passage au numérique", ajoute-t-il.

Pour le président d'Unifrance, malgré la visibilité donnée au cinéma hexagonal par "The Artist", "les films d'auteur continueront à avoir des difficultés à se vendre dans le monde et l'évolution du parc de salles ne va pas en faveur de ce cinéma d'auteur".

"Je pense qu'on a quand même un problème structurel sur lequel il faudrait qu'on se penche. (...) On a de moins en moins accès aux salles à l'étranger, y compris en Europe. C'est très compliqué", renchérit Jean-Paul Salomé.

Pour lui, "il serait important que l'on réfléchisse aux autres moyens de montrer les films quand ils n'ont pas accès aux salles", notamment via des plateformes d'offre légale sur internet.