Né à Sète le 22 octobre 1921, Georges Brassens a succombé à un cancer une semaine après avoir fêté son 60e anniversaire, le 29 octobre 1981 près de sa terre natale à Saint-Gély-du-Fesc (Hérault).

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L'évocation de l'auteur des "Bancs Publics" et des "Copains d'abord" amène immanquablement un sourire aux lèvres des artistes interrogés par l'AFP. Car pour beaucoup de représentants de la jeune chanson française, Brassens a d'abord la saveur d'une madeleine de Proust.

"C'est très, très lié à ma mère, se souvient Alex Beaupain. Ce devait être son chanteur préféré, elle connaissait ses chansons par coeur, les jouait à la guitare. Comme j'ai d'abord découvert Georges Brassens par elle, j'ai eu un choc quand j'ai découvert que c'était un homme".

"S'il m'a influencé, c'est de façon souterraine" en "me faisant aimer la musique quand j'étais tout petit", estime le musicien à l'avant-garde d'une nouvelle vague de la chanson française avec son album "Pourquoi battait mon coeur".

Pour le duo Brigitte, autre succès de l'année, Brassens c'est aussi l'enfance.

"Quand j'étais petite, je croyais que George Brassens faisait partie de ma famille ! Mon grand-père avait le coffret vinyle et on écoutait tout le temps Brassens chez moi au point que ce moustachu aux cheveux blancs avait quelque chose de familier", s'amuse Aurélie Maggiori, la moitié blonde de Brigitte.

Trente ans plus tard, la chanteuse confie son admiration pour celui dont elle exerce désormais l'art. "Il était si particulier, a écrit tellement de chansons, a été si créatif, c'est un homme fascinant. Il est totalement contemporain", juge-t-elle.

"Si nous sommes tous là aujourd'hui, c'est parce qu'il y a eu des Brassens, des Ferré et des Brel qui ont donné des Miossec, des Dominique A, des Lavilliers et des Higelin. C'est la source", renchérit Cali.

"Brassens, c'est une voix, un rythme, un souffle. Quand on écoute un Brassens aujourd'hui, avec seulement une guitare et une voix, tout est là. Pourquoi va-t-on chercher ailleurs '", s'interroge-t-il.

Au delà de son oeuvre, c'est aussi l'attitude de Georges Brassens qui fait écho chez la jeune génération, entre regard critique sur la société et refus de l'engagement politique.

Thomas Dutronc le qualifie ainsi de "maître à penser, philosophe, politicien".

"Il était anarchiste, plein de tendresse, humaniste", estime le chanteur, citant "un des ses beaux textes politiques, +Mourir pour des idées+, où il passe en revue toutes les bonnes idées qui, à travers les siècles, ont conduit à des massacres".

En mars dernier, l'exposition "Brassens ou la liberté" à la Cité de la musique mettait en lumière "la morbidité, la pornographie et l'insolence" des textes de Brassens, selon les mots d'un de ses commissaires, le dessinateur Joann Sfar.

Une liberté de ton enviée par les rappeurs, qui revendiquent leur filiation avec ce monstre sacré de la chanson française, dont les refrains anarchistes faisaient hoqueter la France de l'époque.

JoeyStarr s'est approprié "Gare au Gorille" et a intitulé sa biographie "Mauvaise Réputation", un titre également repris par le groupe de reggae Sinsemilia.

Et revenant sur les protestations politiques -- calculées selon lui -- qu'avait provoquées son texte "Sale Pute", Orelsan confiait récemment à l'AFP: "Des polémiques sur des fictions, il y en a toujours eu dans la littérature, dans le rock ou chez Brassens. Je ne comprends pas comment ça peut continuer".

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