C'est le dernier disquaire indépendant de l'Oise

Ils n'étaient plus que deux dans l'Oise. A la fin du mois, le disquaire de Margny-lès-Compiègne ferme. Michel Guinand, à Clermont, reste le dernier des Mohicans.

 C'est le dernier disquaire indépendant de l'Oise

    Les disquaires indépendants sont-ils en voie de disparition? Au 31 mars, la boutique de Joël Bonnel (voir encadré) fermera définitivement ses portes à Margny-lès-Compiègne après vingt ans de bons et loyaux services musicaux. Seul représentant de la profession, Michel Guinand tient le choc, à Clermont, et continue son petit bonhomme de chemin.

    Il n'a qu'une philosophie : « Pour vivre très heureux, vivons très cachés. » Le disquaire de Clermont ne cherche pas la publicité, il fonctionne par le bouche-à-oreille. Cet hurluberlu a choisi d'installer sa boutique, baptisée le Mange Disque, en dehors du centre-ville et vit bien, très bien comme ça. « Ici, il n'y a pas de visiteurs, pas de place pour se garer. On entre chez moi parce qu'on l'a décidé. Et je viens tout juste de mettre les horaires du magasin sur la porte alors que je l'ai ouvert en 1996â?¦ » Ce chasseur de disques a le verbe haut et l'anecdote musicale facile. Incollable en rock, blues, jazz, funk, il s'est mis un jour à son compte pour réaliser son rêve : vivre de sa passion. « J'en avais marre des petits boulots de vendeur et ma femme commençait à grossir dangereusementâ?¦ » dit-il, pince-sans-rire. « Comme j'allais avoir un enfant, j'ai décidé de monter mon affaire. J'allais souvent chez Editions Limitées à Margny. Je voyais ce mec qui s'éclatait au boulot et qui habitait sur place. Je me suis dit que c'était pour moi. »

    La force de Michel Guinand, c'est le vinyle. Le son, la sensation au toucher, l'odeur des pochettes originales le mettent littéralement en transe. Et c'est d'ailleurs ce qui fait son succès. Le vinyle revient à la mode. « Il y a une vraie résurgence de ce format. Les gens viennent à 80% pour ça. Je n'ai jamais voulu lâcher ça. C'est épidermique chez moi. » Et ça marche. Sa boutique est devenue un lieu de rendez-vous pour les initiés et les amoureux « de bons sons ». C'est sûr, Michel Guinand ne s'est pas lancé dans cette aventure pour faire fortune, et ce n'est pas ce qu'il attend de la vie. Le partage, la transmission d'un objet rare qu'est le vinyle, faire découvrir un nouvel artiste à celui qui pousse la porte de sa petite boutique à devanture violette, voilà ce qu'il veut. « Je suis tout le temps ici. Comme je suis excentré, le loyer n'est pas cher et je ne dépense pas beaucoup. Mes loisirs, mes vacances, c'est ma boutique. Une fois par mois, je vais au Salon du livre d'Amiens avec mes bacs de vinyles et je retourne vite à la maison. »

    Quel sera son avenir? Michel Guinand n'en sait strictement rien. Il profite du moment présent et fait ce qu'il veut chez lui. « Ici, on trouve principalement des vinyles, mais je vends aussi des CD de musiques de toutes sortes, des tee-shirts, des livres, des jeux vidéoâ?¦ Tiens, j'ai même de la porcelaine dans ce carton! »

    Le Mange Disque, 40, rue des Fontaines, à Clermont. Ouvert du lundi au samedi de 10 heures à 12 heures et de 15 heures à 19 heures. Fermé le premier samedi de chaque mois. Tél. 03.44.78.39.98, e-mail : Lemangedisque@wanadoo.fr.