Cet article vous est offert
Pour lire gratuitement cet article réservé aux abonnés, connectez-vous
Vous n'êtes pas inscrit sur Le Monde ?

Dell quitte la Bourse pour retrouver sa liberté

Le retrait de Bourse annoncé le 5 février par la société informatique Dell est une confirmation de plus pour ceux qui doutent de la capacité des marchés financiers à réguler l'économie. Un des géants de l'économie high-tech de 80 000 salariés va devenir une sorte d'entreprise "familiale".

Publié le 18 février 2013 à 10h41, modifié le 18 février 2013 à 17h51 Temps de Lecture 2 min.

Il y a six ans, la société, qui avait commencé sa mutation de fabricant d'ordinateurs vers celle de fournisseur de technologies et de services, décidait d'être plus proche des entrepreneurs (logo de Dell).

Le retrait de Bourse annoncé le 5 février par la société informatique Dell est une confirmation de plus pour ceux qui doutent de la capacité des marchés financiers à réguler l'économie.

Créée en 1984, l'entreprise texane, qui a été un des acteurs-clés de la révolution informatique, a été fondée en 1984 par un jeune étudiant de 19 ans, Michael Dell, avec seulement 1 000 dollars. Cotée en Bourse quatre ans plus tard, l'entreprise, qui vaut aujourd'hui plus de 25 milliards de dollars (18,6 milliards d'euros), était un symbole de la réussite de l'économie financiarisée.

Les marchés financiers ont en effet injecté le carburant nécessaire à son démarrage. Plus tard, ils lui ont régulièrement apporté des ressources pour qu'elle puisse investir et s'imposer comme le leader mondial des ordinateurs portables dans les années 2000. La Bourse a donc accéléré sa croissance et décuplé ses capacités de financement, dans la mesure, bien entendu, où l'entreprise a toujours été suffisamment rentable pour rémunérer le capital investi.

Or voici que Dell annonce qu'elle va quitter le circuit en rachetant toutes ses actions. Le fondateur redevient le propriétaire majoritaire d'une entreprise qui ne sera plus cotée. Un des géants de l'économie high-tech de 80 000 salariés va devenir une sorte d'entreprise "familiale".

Le Monde Guides d’achat
Gourdes réutilisables
Les meilleures gourdes pour remplacer les bouteilles jetables
Lire

CONDUIRE SA STRATÉGIE À SON RYTHME

Pour expliquer ce retrait, Michael Dell affirme vouloir s'émanciper de la pression boursière. Depuis le milieu des années 2000, sa société peine en effet à renouveler ses gammes et son positionnement. Elle a perdu sa place de leader au profit de son grand concurrent Hewlett-Packard. Les nouveaux produits comme la tablette Streak ont été des échecs.

L'entreprise doit donc changer de régime. Ses moteurs de croissance doivent être révisés, d'autant plus que le marché des micro-ordinateurs va connaître de fortes turbulences.

Mais la transformation de l'entreprise prendra du temps et sera coûteuse. Pendant plusieurs années, elle grèvera ses profits, et donc les dividendes. Cotée, l'entreprise aurait dû maintenir coûte que coûte des profits à court terme, en vendant éventuellement des activités rentables en pièces détachées.

Dell préfère se retirer de la Bourse, quitte à contracter une dette bancaire de plus de 30 milliards de dollars pour racheter ses titres. Michael Dell n'aura plus à rendre compte trimestriellement du niveau de ses résultats et pourra se donner un horizon de plus long terme pour conduire sa stratégie à son rythme.

PRESSION DES INVESTISSEURS FINANCIERS CONTRE-PRODUCTIVE

La défection de Dell conforte ceux qui considèrent que la finance et la stratégie ne s'alignent pas automatiquement grâce aux circuits financiers. La Bourse est efficace pour financer la croissance des entreprises, en apportant des ressources aux mécaniques industrielles qui tournent bien.

Mais, quand celles-ci connaissent des ratés, la pression des investisseurs financiers devient contre-productive. Elle accentue les difficultés du fait qu'ils continuent d'exiger des rendements alors que la situation demande, au contraire, de prendre le temps de réorganiser, y compris en acceptant momentanément des pertes.

Dell, qui a utilisé le marché boursier pour financer sa croissance, l'abandonne pour pouvoir dessiner librement sa transformation, quitte à y revenir plus tard.

En attendant, ce nouvel épisode de l'histoire financière montre que, loin d'être le régulateur rationnel et omniscient de l'économie, comme le suggère la théorie financière néolibérale depuis plus de trente ans, la Bourse est plutôt une pompe à finances qui injecte des capitaux dans les entreprises potentiellement rentables et qui dope ainsi leur développement.

Mais elle n'est pas adaptée pour accompagner leurs réorientations stratégiques et leurs transformations radicales. Dans la course économique, les marchés sont efficaces pour accélérer en ligne droite, mais pas pour négocier des virages dangereux.

L’espace des contributions est réservé aux abonnés.
Abonnez-vous pour accéder à cet espace d’échange et contribuer à la discussion.
S’abonner

Voir les contributions

Réutiliser ce contenu

Lecture du Monde en cours sur un autre appareil.

Vous pouvez lire Le Monde sur un seul appareil à la fois

Ce message s’affichera sur l’autre appareil.

  • Parce qu’une autre personne (ou vous) est en train de lire Le Monde avec ce compte sur un autre appareil.

    Vous ne pouvez lire Le Monde que sur un seul appareil à la fois (ordinateur, téléphone ou tablette).

  • Comment ne plus voir ce message ?

    En cliquant sur «  » et en vous assurant que vous êtes la seule personne à consulter Le Monde avec ce compte.

  • Que se passera-t-il si vous continuez à lire ici ?

    Ce message s’affichera sur l’autre appareil. Ce dernier restera connecté avec ce compte.

  • Y a-t-il d’autres limites ?

    Non. Vous pouvez vous connecter avec votre compte sur autant d’appareils que vous le souhaitez, mais en les utilisant à des moments différents.

  • Vous ignorez qui est l’autre personne ?

    Nous vous conseillons de modifier votre mot de passe.

Lecture restreinte

Votre abonnement n’autorise pas la lecture de cet article

Pour plus d’informations, merci de contacter notre service commercial.