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Culture - Musique

Deux compositrices libanaises à l’honneur en Europe

Deux jeunes et talentueuses compositrices libanaises résidant en Europe se sont récemment illustrées par des productions musicales de très grande qualité : Mona A. Ahdab à Bruxelles et Amsterdam, et Bushra el-Turk à Londres.

Mona Ahdab.

Renaître. Tel est le titre du Concerto n°1 pour piano et orchestre de Mona A. Ahdab, dont la création mondiale s’est déroulée au Palais des Beaux-Arts de Bruxelles et la création néerlandaise dans la salle mythique du Concertgebouw d’Amsterdam. De grands interprètes ont servi cette œuvre inspirée du mythe du Phénix, l’oiseau qui renaît de ses cendres: la célèbre pianiste brésilienne Eliane Rodrigues et l’Orkest der Lage Landen, conduit par le maestro Walter Proost pour qui la musique de Mona A. Ahdab «est bien la preuve que composer n’est pas une affaire d’hommes».
Les trois mouvements de Renaître s’enchaînent, allegro, adagio, allegro vivace, commençant d’entrée de jeu par une série d’accords qui sonnent «comme un hommage à Rachmaninov». Œuvre résolument romantique, tant par son phrasé que par l’alternance des instruments, ainsi que par le dialogue entre le piano et l’orchestre et l’harmonisation entre les instruments à cordes, le Concerto n°1 pour piano et orchestre de Mona A. Ahdab a été accueilli par la critique et le public belge comme un événement musical majeur, la presse parlant de «puissance d’expression», de «partition exigeante» ou de «musique qui réconcilie avec nos désespoirs». Certains auditeurs n’ont d’ailleurs pas hésité, quelques jours plus tard, à effectuer le déplacement jusqu’à Amsterdam pour réentendre l’œuvre lors de sa création néerlandaise.
Mona A. Ahdab est née au Liban. Issue d’une famille extrêmement mélomane, elle développe dès l’âge de trois ans une véritable passion pour le piano essayant de reproduire la Marche turque de Mozart. Elle perfectionnera l’instrument en France et complétera des études en orchestration aux États-Unis. Sa musique se situe dans la mouvance d’une écriture contemporaine classique d’inspiration romantique, où l’on retrouve l’influence de Rachmaninov, Brahms ou Mahler qui sont pour elle une «source d’inspiration incontestable». Le catalogue de cette brillante musicienne est très varié et comprend un grand nombre d’œuvres instrumentales, où parfois le Liban est très présent comme dans Réminiscences orientales ou Racines, ainsi que diverses œuvres vocales, notamment un merveilleux Agnus Dei pour ténor et orchestre.

Les titres emprunts d’humour de Bushra el-Turk
Puis cap sur Londres avec Bushra el-Turk. Cette jeune compositrice née au Royaume-Uni de parents libanais est étonnamment précoce. Alors qu’elle n’a même pas encore trente ans, sa musique est déjà jouée par d’importants interprètes britanniques et européens. Violoncelliste de formation, le processus de composition se déclenche chez Bushra el-Turk quand elle entend un jour un oiseau siffler en scandant un rythme répétitif pendant plusieurs minutes d’affilée. Bushra ressent alors «un sentiment de bonheur intense» et imagine un orchestre symphonique jouant cette musique. Ce moment musical donnera naissance à une pièce intitulée Les Coucous déclarent la guerre. D’ailleurs, les titres des nombreuses pièces que Bushra el-Turk compte déjà à son catalogue sont souvent emprunts d’un humour décapant qui n’est pas sans rappeler Erik Satie, comme cette Pièce pour soprano, piano et grincements de canard en caoutchouc, ou encore Comment rédiger votre lettre de suicide, pour deux voix et piano.
Pour février 2012, Bushra el-Turk a reçu une commande du Peace and Prosperity Trust, fondation anglo-arabe dédiée à aider des projets d’éducation et de santé en organisant des concerts qui donnent à de jeunes artistes arabes la chance de se produire dans des lieux prestigieux avec de grands interprètes occidentaux. De rire et d’oubli, «pièce qui résume les voix de nos conflits intérieurs», est le nom de l’œuvre pour piano, orchestre symphonique, nay, qanun et bande-son qui sera donc créée en première mondiale au Cadogan Hall à Londres, dans le cadre d’un concert de gala intitulé Voix orientales pour échos occidentaux. Le concert comptera aussi des airs d’opéra occidentaux «orientalisés» par Bushra el-Turk. Pour interpréter toutes ces musiques, l’excellente pianiste Tala Tuntunji, l’Orion Orchestra conduit par Toby Purser et une pléiade de très bons chanteurs dont la merveilleuse soprano libanaise Samar Salamé.
Dans le monde de la composition musicale, qui jusqu’à il y a quelques années encore était presque exclusivement masculin, le Liban peut s’enorgueillir de compter un certain nombre de compositrices vivant aussi bien au Liban qu’à l’étranger et qui portent très haut les couleurs de leur pays.

Zeina Saleh Kayali
Chargée de mission à la délégation permanente du Liban près l’Unesco
Renaître. Tel est le titre du Concerto n°1 pour piano et orchestre de Mona A. Ahdab, dont la création mondiale s’est déroulée au Palais des Beaux-Arts de Bruxelles et la création néerlandaise dans la salle mythique du Concertgebouw d’Amsterdam. De grands interprètes ont servi cette œuvre inspirée du mythe du Phénix, l’oiseau qui renaît de ses cendres: la célèbre pianiste...

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