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Billet de blog 24 avril 2014

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De Colbert à Mazarin: Les classes moyennes, ni pauvres ni riches

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Les classes moyennes, ni pauvres, ni riches

Colbert :  Pour trouver de l'argent, il arrive un moment où tripoter ne suffit plus. J'aimerais que Monsieur le Surintendant m'explique comment on s'y prend pour dépenser encore quand on est déjà endetté jusqu'au cou…

Mazarin: Quand on est un simple mortel, bien sûr, et qu'on est couvert de dettes, on va en prison. Mais l'État…, lui, c'est différent. On ne peut pas jeter l'État en prison. Alors, il continue, il creuse la dette ! Tous les États font ça.

Colbert :  Ah oui ? Vous croyez ? Cependant, il nous faut de l'argent. Et comment en trouver quand on a déjà créé tous les impôts imaginables

Mazarin :  On en crée d'autres.

Colbert : Nous ne pouvons pas taxer les pauvres plus qu'ils ne le sont déjà.

Mazarin :  Oui, c’est impossible.

Colbert:   Alors, les riches ?

Mazarin:  Les riches, non plus. Ils ne dépenseraient plus.Un riche qui dépense fait vivre des centaines de pauvres

Colbert :  Alors, comment fait-on ?

Mazarin: Colbert, tu raisonnes comme un pot de chambre sous
le derrière d'un malade ! il y a quantité de gens qui sont entre les deux, ni pauvres, ni riches… Des Français qui travaillent, rêvant d'être riches et redoutant d'être pauvres ! C'est ceux-là que nous devons taxer, encore plus, toujours plus ! Ceux là ! Plus tu leur prends, plus ils travaillent pour compenser…c'est un réservoir inépuisable.

Extrait du "Diable Rouge" c'était il y a 4 siècles!

Ce dialogue de 400 ans, est précurseur d’un concept qui ne sert que quand il s’agit des Français qui travaillent, rêvant d'être riches et redoutant d'être pauvres ! taxés, encore plus, toujours plus ! Ceux là ! Plus tu leur prends, plus ils travaillent pour compenser…c'est un réservoir inépuisable.

Aujourd'hui, la notion même de classe moyenne ne veut sociologiquement plus rien dire puisqu'il est extrêmement difficile de lui donner une définition "scientifique", elle sert encore d'illusion pour un peuple qui a honte de son état ou de déguisement pour certains membres des classes supérieures qui refusent de s'assumer comme tel.

  • Les classes moyennes un leurre politico-idéologique

On parle des classes moyennes ! C’est une énorme aberration quand on développe des idées du socialisme.

Le concept de classe est lié au mode de production (le capitalisme en l’occurrence, dans tous ces stades, l’oligarchique..), de moyens de production (industriels, numériques, commerciaux..) et de forces de production (ouvriers,  lumpen-prolétariat, précaires, ..)

Dans aucun mode de production on parle de classes moyennes. La moyenne entre quoi et quoi ?

Entre ceux qui engrangent les millions et ceux qui se lèvent le matin pour apprendre que leur job  va être délocalisé ?

Entre ceux qui par une transaction gagnent ce que gagne un smicard toute sa vie ?

Entre un patron qui part après une gestion calamiteuse avec 20 Millions d’euros de retraite chapeau et un ouvrier à qui on propose la flexibilité ?

C’est un leurre ce concept !!

  • Un peu d’histoire

La notion de "classes moyennes" est apparue au XIXe siècle après la fin des sociétés organisées par ordre (noblesse, clergé, tiers état en France) et le développement de la société industrielle. Elles sont constituées des groupes sociaux qui n'appartiennent ni à la bourgeoisie, ni au prolétariat. Les classes moyennes correspondent à ce que Karl Marx qualifie de petite bourgeoisie, disposant d'un minimum de capital, mais pas suffisant pour pouvoir en vivre : petits propriétaires terriens, petits commerçants, petits industriels, artisans et employés.

A partir de 1930, on constate un déclin des classes moyennes indépendantes (paysans, commerçants, artisans.) tandis que se développent les classes moyennes salariées, notamment pendant les "Trente glorieuses".

La classe moyenne constitue un groupe social aux contours flous dont il n'existe pas de définition objective et unanimement reconnue. Exemples :

  • L'Observatoire des inégalités définit les classes moyennes comme correspondant aux salariés qui gagnent entre 1 200 et 1 840 euros par mois, chiffres obtenus en prenant les 40 % de salariés situés au-dessus des 30 % les moins payés et en dessous des 30 % les mieux payés.
  • Le sociologue Louis Chauvel propose une définition qui élargit la classe moyenne à 60% des salariés, dans laquelle il distingue une classe moyenne inférieure, une intermédiaire et une supérieure, les salaires étant compris entre 1 143 et 3 429 euros par mois.


En termes de perception, environ les deux tiers des Français se placent spontanément parmi les classes moyennes, celles-ci étant souvent perçues comme un "idéal raisonnable" qui permet d'accéder à la société de consommation sans "la culpabilité de la classe possédante".

  • Un concept vague

Le concept de classes moyennes est vague. Les « classes moyennes supérieures » sont le plus souvent des couches aisées rebaptisées « moyennes » dans les années 2000 pour profiter des politiques de baisses d’impôts. Un grand nombre de commentateurs considèrent qu’une personne seule dont le revenu mensuel après impôts s’élève à 3 000 euros appartient au groupe moyen, alors qu’elle figure parmi les 10 % les plus favorisés.

Comme pour la pauvreté, il n’existe pas de définition objective des classes moyennes. Chacun peut placer la barre où il l’entend. Jusqu’où aller ? Parler de « moyennes », pour des catégories situées parmi les 10 % les plus aisées n’a pas grand sens. Si c’est le cas, quasiment toute la société devient moyenne, la notion même de hiérarchie des revenus disparaît sauf pour les extrêmes.

Pour clarifier le débat, l’Observatoire des inégalités reprend le découpage suivant, identique à celui utilisé par le Crédoc : les 30 % les plus démunis composent les catégories « modestes ». Les 20 % les plus riches composent les catégories « aisées ». Les classes « moyennes » se situent entre les 30 % les plus démunis et les 20 % les mieux rémunérés. Elles représentent 50 % de la population.


Les limites des classes moyennes (En euros mensuels)

                                                       Personnes seules         Familles mono parentales           couple sans enfant             couple avec 2 enfants

Niveau de vie inférieur                  1 324                           1789                                            2540                                   3484

Niveau de vie supérieur                 2 177                           2987                                            4280                                   5567

Source : Insee, données 2011


  • Les limites de cette définition

Ce travail a plusieurs limites. Les bornes utilisées sont subjectives, mais c’est le cas de toute définition. Elle n’est ni plus ni moins subjective que la définition que donne l’Insee de la pauvreté, pourtant largement reprise. Nous donnons les éléments les plus fins disponibles. Malheureusement, l’Insee ne diffuse pas de données sur les niveaux de vie par tranche de 1 % ou 5 %.

Le découpage est très rudimentaire. Il est possible par exemple sans doute élargir l’ensemble des catégories modestes et restreindre la partie des catégories aisées aux 15 % les plus riches. la notion de « richesse » n’est pas utilisée ici.

Les écarts sont considérables au sein des catégories « aisées », entre le cadre moyen dont le niveau de vie équivaut à 2 200 euros mensuels (surtout s’il vit à Paris) et les dizaines de milliers d’euros que peuvent toucher quelques cadres dirigeants.

Le seuil du bas des classes moyennes est faible, on peut estimer plus juste de le placer à 35 ou 40 %, voire plus.

L’approche « statistique » - les classes moyennes des revenus sont celles qui se situent autour du revenu médian - permet de mieux comprendre la réalité des revenus.

En revanche, elle peut avoir un intérêt limité d’un point de vue sociologique, si l’on pense les classes moyennes comme une fraction intermédiaire entre une minorité de ceux qui décident et la masse de ceux qui exécutent.

La définition ne tient aucunement compte d’autres éléments comme le niveau de diplôme ou le statut de l’emploi par exemple, qui peuvent influencer la position sociale. Il ne s’agit que d’une vision « monétaire » de la hiérarchie sociale.

Cette définition utilise des données après impôts. Elle est plus proche des véritables niveaux de vie, mais s’éloigne des revenus perçus effectivement, notamment pour les plus aisés.

Mais il n’est pas tenu compte du coût du logement. Le locataire d’un appartement à Paris aura, après loyer, un niveau de vie très inférieur à celui d’une ville moyenne de province. Un studio de 20 m2 par exemple coûte au minimum 500 euros mensuels à Paris, contre moitié moins dans d’autres grandes villes.

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