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Le Comte Ory dans de gros sabots

Décors mastoc, interpétations inégales, ce Comte Ory aurait gagné à plus de nuances Vincent Lepresle/GTG

À Genève, Rossini méritait une mise en scène plus subtile.

Avant-dernier opéra de Gioacchino Rossini, Le Comte Ory (1828) est une œuvre hybride. Le compositeur du Barbier de Séville a réemployé ici certaines des meilleures trouvailles de son (génial) opéra de circonstance Le Voyage à Reims, créé trois ans plus tôt. Il y a également fait preuve de son inspiration la plus belle, comme en témoigne le trio du second acte, qui compte parmi ses plus grandes réussites. Reste le livret lui-même, une pochade gauloise du polygraphe Eugène Scribe, où des paillards s'introduisent dans un gynécée, déguisés en nonnes, pour y trousser les jeunes filles. Devant un sujet aussi lourdaud, il faut redoubler de délicatesse, d'ellipses, de clins d'œil, afin de faire le lien avec une musique presque toujours exquise.

Respect à la lettre du livret

Le metteur en scène Giancarlo del Monaco n'a pas choisi cette voie de la subtilité. Routier de la scène, le fils du célèbre ténor vériste prend l'œuvre à bras-le-corps et la déroule de façon très classique, dans un décor mastoc et sans grande nuance d'Ezio Toffolutti. On aurait préféré plus de demi-teintes, moins de premier degré. Disons que del Monaco a le mérite de ne pas chercher dans Le Comte Ory ce qui ne s'y trouve pas et de monter l'œuvre avec le respect à la lettre du livret.

Du côté des voix, cette œuvre (comme toutes les dernières de Rossini) exige des timbres d'acier qui savent également manier la douceur et le charme. Avec Sylvia Vazquez, nous avons une Comtesse Adèle de belle classe, qui vocalise aisément et semble beaucoup s'amuser. De même, l'Isolier de Monica Bacelli et le Raimbaud de Jean-François Lapointe sont tout à fait honorables. On sera moins enthousiastes devant le Gouverneur usé et à bout de voix d'Andrea Concetti.

Faiblesse du rôle-titre

C'est surtout le rôle-titre qui pèche : Antonis Koroneos l'interprète avec vaillance mais sans aucune sûreté. Ce rôle (dans lequel excelle, par exemple, un Juan Diego Flores) est un parcours du combattant, et le ténor gréco-américain ne cesse de se prendre les pieds dans le tapis. C'est d'autant plus dommage que le chef Paolo Arrivabeni dirige l'Orchestre de la Suisse romande avec un séduisant alliage de douceur et d'humour.

Grand Théâtre de Genève, jusqu'au 31 janvier. www.geneveopera.com

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