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François Truffaut : L'amour en noir et blanc

AP/AP

Ce lundi 6 février, soirée télé François Truffaut avec deux films qui se font écho, «tirez sur le pianiste» et «Vivement dimanche», sur Arte.

1960-1983. Truffaut en raccourci. Entre son deuxième long-métrage et le dernier, les similitudes ne manquent pas. Sans le vouloir, Vivement dimanche! fait écho à Tirez sur le pianiste. Ça n'est pas idiot de la part d'Arte de les diffuser à la suite ce lundi soir. Les deux films sont en noir et blanc. Ils s'inspirent d'un roman policier (David Goodis ou Charles Williams). On y entend la même réplique «Les femmes sont magiques» (reprise également dans La Nuit américaine). La musique est signée Georges Delerue. Truffaut ne change pas. Il aime les mystères qui n'en sont pas, les à-côtés de la vie quotidienne, les moments où tout bascule, comme ça, pour rien.

Dans Tirez sur le pianiste, il y a Charles Aznavour dans son meilleur rôle, un virtuose devenu pianiste de bar après le suicide de son épouse. Édouard Saroyan (hommage de Truffaut à un romancier américain qu'il affectionnait) s'appelle désormais Charlie Koller. La serveuse essaie de lui réapprendre l'amour. C'est la radieuse Marie Dubois (l'actrice devait son pseudonyme au réalisateur: c'était le titre d'un livre d'Audiberti). Sur scène, Bobby Lapointe chante Avanie et framboise, avec des sous-titres qui courent au bas de l'écran. Des truands de fantaisie ont kidnappé le fils du héros, gamin aussi gouailleur que le Léaud des 400 coups. Il y a la voisine accueillante qui montre ses seins (audace pour l'époque), les façades grises de Paris, des coups de feu dans la neige, une mélancolie terrible.

Les jambes des femmes

Dans Vivement dimanche!, Fanny Ardant galope sur les trottoirs de Hyères. Un air guilleret l'accompagne. Ses talons claquent sur le bitume. Les inconnus se dévissent la tête sur son passage. Il ne s'agit pas d'un film sérieux. Jean-Louis Trintignant est un agent immobilier accusé d'un meurtre qu'il n'a pas commis. Sa secrétaire mène l'enquête. Lui se cache dans le sous-sol de son bureau. C'est un bon poste d'observation. Le soupirail lui permet de regarder les jambes des passantes, dans la ruelle. Souvenez-vous: «Les jambes des femmes sont des compas qui arpentent le globe terrestre en tous sens, lui donnant son équilibre et son harmonie.» C'était dans L'homme qui aimait les femmes.

François Truffaut s'amuse. Les morts se succèdent. On assomme les suspects à coups de tour Eiffel en bronze. La province ressemble à un décor. On récapitule: une caissière de cinéma où l'on projette Les Sentiers de la gloire de Stanley Kubrick, un avocat nerveux qui allume deux cigarettes à la fois, une boîte louche tenue par un gangster mielleux. Fanny Ardant alterne veste-tailleur à la Lauren Bacall et minijupe moulante de prostituée. Tout cela va très vite. Plein de clins d'œil. On ignorait alors qu'il s'agissait d'un adieu. «Vivement dimanche »? Tu parles. Truffaut est mort ce jour-là. C'était en 1984. Depuis, le cinéma français est orphelin.

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