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Amadis de Gaule, la fadeur et l'ennui

À l'Opéra royal de Versailles, Amadis de Gaule joue la carte de la toile peinte avec des costumes opulents, des perruques et des machines mécaniques. Pierre GROSBOIS /PIERRE GROSBOIS / JERRYCOM

L'Opéra-Comique reprend l'œuvre de Jean-Chrétien Bach, créée à l'Opéra royal de Versailles. Soporifique, hélas.

Il en est de certains opéras comme du coq au vin: on a beau dire, beau faire, beau s'escrimer, ça reste du coq au vin. C'est tellement fade, le coq au vin. Moins célèbre que le coq au vin, Amadis de Gaule de Jean-Chrétien Bach (1735-1782) souffre des mêmes symptômes.

Ici: pas de jus, pas de gras, pas de magie. Créée à l'Académie royale de musique en 1779, l'unique tragédie lyrique francophone du «fils Bach» ne dépassa pas sept représentations. On comprend pourquoi. À vrai dire, cette œuvre n'a rien d'odieux: on est juste dans le lisse et le gris.

Les petits plats dans les grands

Les Boréades de Rameau a été écrit quinze ans plus tôt; Gluck vient de créer Iphigénie en Tauride; sept ans plus tard, Mozart composera Les Noces. Quel monde entre ces œuvres fortes, charpentées, théâtrales, et les fades joliesses du petit Jean-Chrétien. Pour exhumer ce filet d'eau tiède, on a pourtant mis les petits plats dans les grands.

À l'Opéra royal de Versailles, Marcel Bozonnet joue la carte de la toile peinte façon Hubert Robert, avec des costumes opulents, des perruques et des machines mécaniques. C'est parfois très beau à voir, très décoratif, très élégant, mais sans aucune tension dramatique tant le livret est bancal (un rafistolage d'après Quinault, qui avait déjà fait barrir en 1779).

Une musique dépourvue d'harmonie

Dans la fosse, Jérémie Rhorer et son Cercle de l'harmonie tentent de donner du nerf à une musique n'en ayant guère. Sans doute aurait-il fallu fouetter cette partition, la violenter, pour en tirer un peu de sel. Mais Rhorer est trop musicien et respectueux pour gifler un cadavre. La distribution est sans conteste dominée par l'Oriane d'Hélène Guilmette.

La soprano québécoise parvient même à émouvoir, ce qui est un exploit. À son côté, l'Amadis du ténor Philippe Do convainc moins. Malgré une belle diction, le timbre manque de sûreté et la justesse n'est pas toujours au rendez-vous. Bref: une soirée sans grande vie, sans grand charme, dont on ressort agacé et affamé. Un coq au vin, peut-être?

Jusqu'au 8 janvier, à l'Opéra-Comique. Tél.: 0 825 01 01 23. www.opera-comique.com

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