Nicolas Rolin

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Nicolas Rolin
Illustration.
Nicolas Rolin par Rogier van der Weyden.
Fonctions
Chancelier de Bourgogne

(39 ans, 1 mois et 15 jours)
Monarque Philippe le Bon
Biographie
Date de naissance
Lieu de naissance Autun (Duché de Bourgogne)
Date de décès
Conjoints Marie le Mairet
Marie des Landes
Guigone de Salins

Nicolas Rolin

Nicolas Rolin ou Rollin, né vers 1376 à Autun et mort le , est une grande figure politique de l'État constitué par les ducs de Bourgogne de la maison de Valois (1361-1482), ayant occupé le poste de chancelier du duc Philippe le Bon de 1422 à 1462.

Il est particulièrement connu pour avoir fondé, avec sa femme Guigone de Salins, l'Hôtel-Dieu de Beaune.

Il était seigneur d'Authumes, d'Aymeries, de Raismes (14061457), de Rugny, et 20e vidame de Châlons (14441462).

Biographie[modifier | modifier le code]

Il naît sous le règne de Philippe le Hardi (Philippe II de Bourgogne), fils du roi de France Jean le Bon, qui le fait duc de Bourgogne en 1363. En 1404, Jean sans Peur (1371-1419) succède à Philippe ; puis c'est Philippe le Bon (1396-1467), père de Charles le Téméraire. Philippe le Hardi, puis Jean sans Peur, jouent un rôle de premier plan dans le gouvernement du royaume de France sous le règne de Charles VI ; Philippe le Bon, après l'assassinat de son père, s'implique dans la guerre franco-anglaise en étant l'allié des Anglais de 1419 à 1435 contre le dauphin Charles, qui devient Charles VII en 1422.

Origines familiales[modifier | modifier le code]

Né au sein d'une famille bourgeoise d'Autun, Nicolas est le fils de Jean III Rolin (?–1391), seigneur de La Motte-Beauchamp, époux depuis 1372 d'Aimée Jugnot[1] (?-vers 1400), fille de Henri Jugnot et de Yolande Chandelier.

Un aïeul avait épousé une riche héritière : Guillemette d'Arnay qui fit entrer dans le patrimoine familial des Rolin la maison forte de Gamay, près de Beaune.

Il a un frère, Jean IV Rolin.

Mariages et descendance[modifier | modifier le code]

Devenue veuve, sa mère, Aimée, épouse en secondes noces Perrenet le Mairet, bourgeois de Beaune. Celui-ci a deux filles d'un premier mariage, qui vont épouser les frères Rolin : Jeannette Le Mairet épouse Jean IV et Marie Le Mairet épouse Nicolas vers 1398. Jeannette meurt avant 1405, sans avoir eu d'enfants.

En 1407, Nicolas épouse en secondes noces Marie des Landes, mariage qui favorise son entrée dans la bourgeoisie de Paris. De ce mariage naissent quatre enfants[2], dont le premier en 1408 : Jean V Rolin[Note 1]. L'année suivante voit la naissance de Philippotte[Note 2]. En août 1411 naît Guillaume[Note 3], et en 1413 Nicolas (v. 1413–v. 1450).

Veuf pour la seconde fois, il épouse en troisièmes noces le , Guigone de Salins. Issue de la noblesse comtoise, Guigone est née à Beaune en 1403 et sert comme dame d'honneur de la duchesse de Bourgogne. Trois enfants naissent de ce mariage : Louise[Note 4]; Claudine[Note 5] ; et Antoine[Note 6]. Guigone décédera à Beaune le .

D'une liaison avec Alix de Damas-Couzan, il aura Antoine et Marguerite ; d'une autre liaison avec une dame Loyse naissent Girard, légitimé en 1440 par le duc Philippe-le-Bon, et Louis dit le Bâtard d'Aymeries, légitimé en par le roi Charles VII ; de dame Marguerite il aura un fils : Antoine ; enfin selon Jules Chifflet, un autre fils, d'une inconnue : René, qui donnera la branche d'Aymeries.

Formation[modifier | modifier le code]

Carrière jusqu'à la chancellerie[modifier | modifier le code]

En 1408, il est l'avocat du duc de Bourgogne (Jean Ier de Bourgogne, dit Jean sans Peur) au Parlement de Paris.

Gravure réalisée au début du XIXe siècle.

En 1419, Philippe le Bon devient duc après l'assassinat de son père à Montereau par des partisans « Armagnacs » du dauphin Charles.

Les possessions bourguignonnes et charolaises de Gui V de Damas-Couzan[Note 7] qui s'est rallié au dauphin, sont confisquées au profit de Nicolas Rolin[3].

En 1422, Nicolas Rolin est nommé chancelier par Philippe le Bon, qui le fait chevalier l'année suivante. Il succède à l'évêque de Tournai, Jean de Thoisy (1350-1433).

Acquisitions foncières[modifier | modifier le code]

Vers cette époque, il fait l'acquisition de la seigneurie d'Authumes et en 1423 des seigneuries de Chasseu, par achat à Jeanne de Longwy[Note 8] et de Monetoy Epinac, acquise auprès de Pierre de B(e)auffremont[Note 9].

Il se porte ensuite acquéreur des seigneuries d'Aymeries et de Raismes (entre 1406–1457), terres appartenant à René d'Anjou dans le Hainaut[4]. Il est très lié à Jean sans Peur, qui est parrain de son premier fils.

Vers 1430, le chancelier Rolin fait l'acquisition de la terre de Savoisy auprès de Pierre de Bauffremont. Il est l'âme et l'un des piliers du traité d'Arras (1435), qui marque la réconciliation entre le roi de France Charles VII et le duc de Bourgogne Philippe le Bon. Ce traité stipulait que tous les biens confisqués devraient être rendus à leurs légitimes propriétaires, mais par exception en faveur de Nicolas Rolin négociateur du traité, il fut convenu oralement que ce dernier conserverait ceux qui lui avaient été donnés. Eustache de Lévis porta l'affaire en justice, mais Rolin réussit à produire des pièces délivrées en Conseil, puis des lettres closes ordonnant aux autorités de prendre la défense de sa cause. Eustache de Lévis époux d'Alix de Damas-Couzan, ne recouvra sa seigneurie de Bragny qu'en acceptant l'offre de Nicolas Rolin, à savoir marier son fils Guillaume Rolin à Marie de Lévis, la fille d'Eustache. Mariage qui eut lieu le [5].

En 1444, il fait l'acquisition de la seigneurie en viager de Lens-Herchies sur Corneille de Grave, et entre cette date et 1462, il fait encore l'acquisition des terres de Rugny. Il deviendra vidame de Châlons, Grand Veneur héréditaire du Hainaut.

Son action en tant que chancelier[modifier | modifier le code]

Mort et inhumation[modifier | modifier le code]

Il meurt en 1462, âgé de 85 ans et semble avoir été inhumé dans l'église Notre-Dame-du-Châtel d'Autun, disparue à la Révolution[6].

Sa tombe est redécouverte en novembre 2020 lors d'un diagnostic de fouille préventive réalisé par le service archéologique de la ville d'Autun en collaboration avec l'INRAP dans l'optique d'agrandir le musée Rolin[7] qui se trouve sur l'emplacement de sa maison natale[8].

Le mécène[modifier | modifier le code]

Nicolas Rolin, en bas à gauche du vitrail, chapelle des Hospices de Beaune.

Il est le fondateur, avec sa femme Guigone de Salins, des Hospices de Beaune, en 1443. Il crée en 1452 un nouvel ordre religieux : Les sœurs hospitalières de Beaune. C'est lui qui commande le polyptyque du Jugement dernier au peintre flamand Rogier van der Weyden, pour les hospices. Il commande un portrait orant : La Vierge du chancelier Rolin à Jan van Eyck. Il fonde également la chapelle du couvent des Célestins d'Avignon avec son fils qui aura une liaison avec une des religieuses et lui donnera un enfant, Jean VI Rollin. En la collégiale d'Autun, il érige Notre-Dame du Châtel avec un chapitre de onze chanoines.

  • Extrait du texte fondateur des Hospices de Beaune par Nicolas Rolin

« Moi, Nicolas Rolin, chevalier, citoyen d’Autun, seigneur d’Authume et chancelier de Bourgogne, en ce jour de dimanche, le 4 du mois d’août, en l’an de Seigneur 1443… dans l’intérêt de mon salut, désireux d’échanger contre des biens célestes, les biens temporels… je fonde, et dote irrévocablement en la ville de Beaune, un hôpital pour les pauvres malades, avec une chapelle, en l’honneur de Dieu et de sa glorieuse mère… »

Armoiries[modifier | modifier le code]

Blason Blasonnement :
« Champ d'Azur à trois clefs d'Or, deux en chef une en pointe »
Devise : Deum Time (« Crains Dieu »)

Possessions[modifier | modifier le code]

Le partage des biens de Nicolas Rolin, entre ses quatre héritiers, à savoir : sa veuve Guigone et ses trois fils, fait l'objet d'un accord survenu le , faisant état de 22 châteaux et 5 maisons fortes en Bourgogne, ainsi que de nombreuses seigneuries. En comptant les demeures possédées puis revendues on arrive à une soixantaine de forteresses, dont trente situées en Bourgogne.

Liste non exhaustive des possessions tenues en nom propre ou en fief de Nicolas Rolin :

Dot de Guigone de Salins

Héritages collatéraux

Produits de confiscation

Sources[modifier | modifier le code]

  • Hervé Mouillebouche & Claudine Paczynski, « Château et politique territoriale, le cas de Nicolas Rolin », dans Les Dossiers d'Archéologie, janvier/, no 349, pp. 68-73.
  • Marie-Thérèse Berthier, John-Thomas Sweeney, Le chancelier Rolin, ambition, pouvoir et fortune en Bourgogne 1376-1462, Éditions de l'Armançon, Précy-sous-Thil, 2005. (ISBN 9782906594975).
  • B De Chasseneuz, Catalogus gloriæ mundi, Lyon, Antoine Vincent, 1546.
  • Hervé Mouillebouche, Les Maisons fortes en Bourgogne du Nord du XIIIe au XVIe siècle, Dijon, EUD, 2002.
  • G. Valat, « Nicolas Rolin, chancelier de Bourgogne » dans Mémoires de la Société éduenne, t. XL, 1912, pp. 73-145 ; t.XLI, 1913, pp. 1-73 ; t. XLII, 1914, pp. 53-148.
  • Collectif, « Le Faste des Rolin : Au temps des ducs de Bourgogne » dans Dossiers de l'Art, no 49, .
  • Lucien Taupenot, « Nicolas Rolin (1376-1462), chancelier de Bourgogne », dans la revue Nos Ancêtres Et Nous de l'Union Généalogique de Bourgogne, no 35 épuisé.
  • B. Maurice-Chabard (dir.), La Splendeur des Rolin : un mécénat privé à la Cour de Bourgogne, table ronde des 27-, Paris-Autun, 1999.
  • Françoise Vignier, « Les Châteaux des Rolin, dans Le faste des Rolin, au temps des ducs de Bourgogne », Dijon, 1998, dans Dossier de l'Art, no 49, pp. 98-99.
  • Françoise Vignier, Dictionnaire des Châteaux de France : Bourgogne et Nivernais, éd. Berger-Levrault, 1980, 338 p.
  • J.-B. de Vaivre, « La Famille des Rolin » dans La splendeur des Rolin, op. cit., p. 19-35.
  • J. Laurent, « Les Fiefs des Rolin », compte-rendu dans les Mémoires de la Société d'Archéologie de Beaune, 1931-1932, p. 85-87.

Iconographie[modifier | modifier le code]

(liste non exhaustive)

La Vierge au Chancelier Rolin de Jan van Eyck, vers 1435, pour l'église Notre-Dame d'Autun.
Peintures
Gravures
  • Eugène Nesle (1822–1871), lithographie, portrait de Nicolas Rolin d'après Jan van Eyck.
Sculptures
  • Henri Bouchard (1875–1960), Nicolas Rolin, statuette bronze (HB 84.276), 1925, musée des beaux-arts de Dijon (H 72 Inv. 48-54) ; bronze au musée national des beaux-arts d'Alger, 1917, H 72, Inv. 730, plâtre, dim. 75 × 25 × 17 cm signé sur terrasse à droite, musée Bouchard acquis 1984, (HB 84.276).
  • Henri Bouchard, Guigone de Salins, 1912, bronze identique au musée des beaux-arts de Dijon, Inv. 48-34, moulage en plâtre Hospices de Beaune ; dim. : H:75 cm x L: 32 cm x P:30, Inv. musée Bouchard (HB 84.237).
  • Henri Bouchard, médaillon de Nicolas Rolin et Guigone de Salins (avers), 1919, tirage en 1972, original en plâtre (HB 84211), médaille en bronze (D5 HB 84533), médaille plomb (D5.1.HB 841005), moulage plâtre (HB84.217–HB 85.012), fontes posthumes (HB 84.622–HB 86.0009–HB 86.010), musée Bouchard, épreuves aux musée d'Orsay & musée des beaux-arts de Beaune, dim. : diamètre : 32, signé en bas à gauche.
  • Henri Bouchard, Nicolas Rolin et Guigone de Salins, statues, Cour des fondateurs, Hospices de Beaune, exécution 1911–1914, mise en place : 1921 & 1923, pierre taillée, dim. : H:250 cm X L:111 cm X P:81,5 cm, nom des personnages sur la base et signature de l'artiste plus sculpture masque de Nicolas Rolin, 1912, musée Bouchard (inv. HB 84309), plâtre Salon 1912 (HB 84.015), dim. : H: 34 x 23 x P: 20 cm.
Philatélie
  • 1943 : un timbre de 4 francs[12], est émis. Il représente Nicolas Rolin et Guignone de Salins d'après le tableau de Roger de la Pasture et le porche de l'Hôtel-Dieu. Il a bénéficié d'une vente anticipée le à Beaune. Il porte le no YT 583[13]. Le dessin et la gravure sont du peintre Henry Cheffer (1880121957), ses dimensions sont : 36 × 21,45 mm, il possède 13 dents et il est imprimé en taille douce rotative. Retiré de la vente le

Objets personnels[modifier | modifier le code]

  • Bible de Nicolas Rolin, conservée à la bibliothèque du Grand Autunois Morvan (Ms 275 f. 3v, dépôt de l'Évêché)

Notes et références[modifier | modifier le code]

Notes[modifier | modifier le code]

  1. 1408–1483, évêque de Chalon et d'Autun, abbé de St.-Martin d'Autun, cardinal : d'où postérité naturelle.
  2. 1409–1484 ; épouse en 1423 Guillaume d'Oiselet
  3. 1411–1488 ; son principal héritier en Bourgogne ; d'où postérité de Marie de Lévis-Couzan ci-dessous
  4. femme de Jean V de Châteauvillain
  5. Femme en premières noces de Jacques, comte de Montbel et d'Entremonts, et, en deuxièmes, d'Antoine de La Palud, chevalier ; † 1512.
  6. Né en 1424 ; héritier des biens hennuyers, maréchal du Hainaut, vidame de Châlons ; postérité de sa femme Marie d'Ailly, fille de Raoul III d'Ailly vidame d'Amiens, sœur de Jean II d'Ailly (aussi vidame d'Amiens, époux de Yolande fille naturelle du duc Philippe le Bon), et de Jacqueline d'Ailly épouse de Jean comte de Nevers
  7. Mort en 1423, Gui de Damas est le fils d'Hugues V, oncle maternel de Marie, future bru du chancelier. « Damas » n'a ici aucun rapport avec la ville de Syrie.
  8. fille de Mathieu II de Longwy et femme du maréchal Claude de Chastellux
  9. Pierre deviendra le beau-père de Jacques Rolin, petit-fils du chancelier par son père Antoine Rolin ci-dessous et mari de Jeanne de Bauffremont, la fille de Pierre

Références[modifier | modifier le code]

  1. Ou Jugnet
  2. « Famille Rol(l)in », sur Racines & Histoire, par Etienne Pattou, 2010 et 2023
  3. Voir plus bas la contestation élevée par le beau-frère de Gui, Eustache de Lévis, mari de sa sœur Alix et père de Marie, future bru du chancelier.
  4. Béatrice d'Avesnes-Hainaut, petite-fille, par son père Baudouin d'Avesnes-Beaumont, de Marguerite II comtesse de Flandre et de Hainaut et de Bouchard d'Avesnes, épouse Henri VI le Lion de Luxembourg. Leur fils Henri VII est le père de Jean l'Aveugle, lui-même père de Bonne de Luxembourg épouse du roi Jean le Bon. Leur fils cadet Louis Ier duc d'Anjou est le grand-père du roi René.
  5. Extrait de l'Inventaire historique et généalogique des documents de la branche Lévis-Léran devenue Lévis-Mirepoix, vol. 4.
  6. « Le caveau de Nicolas Rolin, fondateur des Hospices de Beaune, retrouvé près de la cathédrale d'Autun », sur LEFIGARO (consulté le )
  7. « Archéologie. La tombe du chancelier Nicolas Rolin découverte à Autun », sur www.lejsl.com (consulté le )
  8. Paul Abran et Anne Berger, « Archéologie : découverte exceptionnelle de la tombe de l'ancien chancelier de Bourgogne Nicolas Rolin à Autun », sur France 3 Bourgogne-Franche-Comté, (consulté le )
  9. Carte des Châteaux de Nicolas Rolin en Bourgogne d'après H. Mouillebouche/CeCaB.
  10. Roland Niaux, l'Habitat médiéval fortifié dans les cantons d'Autun (nord et sud), éd. Viviane Niaux, lire en ligne.
  11. Alphonse Rousset & Moreau architecte, Dictionnaire géographique historique et statistiques des communes de… chez Bintot Libraire Imprimeur à Besançon, 1853, t. I, p. 104.
  12. « Voir La fiche technique du timbre-poste », sur www.wikitimbres.fr.
  13. Catalogue Yvert et Tellier, t.I.

Voir aussi[modifier | modifier le code]

Bibliographie[modifier | modifier le code]

  • Herta-Florence Pridat, Nicolas Rolin : chancelier de Bourgogne, Dijon, EUD, 1996, 348 p.
  • Hervé Mouillebouche, « L'inventaire des châteaux bourguignons : bilan et perspectives », Bulletin du centre d'études médiévales d'Auxerre, 11, 2007, lire en ligne.

Articles connexes[modifier | modifier le code]

Liens externes[modifier | modifier le code]