COP28 : refroidir la Terre ? « On n’y arrivera pas, cela n’a aucun sens » assure le paléoanthropologue Pascal Picq

Kamran Jebreili/AP/SIPA

Après le rejet du projet de loi immigration par l’Assemblée nationale lundi, une commission mixte paritaire se réunira lundi prochain pour essayer de trouver un compromis sur un texte. Au cœur de ce débat mêlant contrôle et intégration, le paléoanthropologue Pascal Picq estime que les « flux migratoires sont toujours positifs d’une manière ou d’une autre pour les pays qui les accueillent ».

Dans son livre intitulé Itinéraire d’un enfant des Trente Glorieuses, le chercheur en paléontologie raconte le progrès humain des connaissances de la lignée humaine et des sciences de l’évolution. « Jamais l’humanité n’a connu de tels changements », qui bouleversent le rapport de l’humain et son environnement.

A la COP28 qui s’est récemment terminée à Dubaï, les débats ont porté sur la manière dont l’Homme peut encore atténuer un changement climatique déjà en marche. Les partisans de l’innovation et du progrès technique défendent l’ambition de refroidir la Terre par l’élaboration de nouvelles technologies.

« On n’y arrivera pas » insiste Pascal Picq. Tout en rappelant que l’Homme « a les moyens de changer de comportement » pour faire face au réchauffement climatique, il souligne que « les projets de captation de CO2 » constituent seulement une forme de « bricolage ». « Cela n’a aucun sens » martèle le maître de conférences.

Le progrès, « un concept très occidental »

« Nous sommes confrontés à une idéologie, celle des transhumanistes, qui consiste à dire que l’on trouvera de toute façon des solutions techniques » pour réduire les effets du changement climatique.

Si l’anthropologue admet que les technologies pourront y participer, il insiste sur le fait que s’appuyer exclusivement sur une telle stratégie « ne pourra pas s’accompagner d’une véritable révolution anthropologique et de la philosophie du rapport à l’environnement ».

« Le progrès ne correspond pas aux techniques, mais plutôt à la manière dont elles s’inscrivent dans un projet de société ». C’est « à partir de la Renaissance et jusqu’aux années 1990 » un concept « très occidental » qui témoigne de la manière dont « nous avons dominé le monde pendant cinq siècles ». Or, « l’on s’aperçoit aujourd’hui que c’est à l’échelle de la planète » que l’enjeu climatique se joue.

L’intégration comme voie vers « une autre société »

A l’échelle nationale, les débats récents se sont particulièrement cristallisés autour de la gestion des flux migratoires, avec le rejet cette semaine par l’Assemblée nationale d’un projet de loi sur l’immigration visant à lier un contrôle accru et une meilleure intégration des migrants.

« Il y a toujours eu des déplacements de populations humaines » rappelle le paléoanthropologue, qui estime que « les flux migratoires sont toujours positifs d’une manière ou d’une autre pour les pays qui les accueillent ».

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L’enjeu dans l’accueil des migrants réside spécifiquement dans l’intégration, qui correspond en France selon Pascal Picq à l’adoption par les immigrés des valeurs du pays qui les reçoit. « C’est très bien, mais ce serait beaucoup plus intelligent de se demander comment ces diversités qui nous rejoignent peuvent contribuer à créer une autre société ».

Paul Cassedanne

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