Et si l'alarme de la protection civile se transformait en évènement musical ? C'est le pari de Lieux Publics, le centre national de création de Marseille, qui a mis au point un rituel urbain autour de la sirène trônant sur le toit de l'opéra.
Chaque premier mercredi du mois, à midi très exactement, le parvis de l'opéra de Marseille est le lieu d'une performance artistique de 12 minutes. Depuis 2003, "Sirènes et midi net" propose des spectacles éphémères gratuits rassemblant tour à tour artistes de rue, plasticiens ou musiciens. Qui aurait pensé que cette sirène à la puissance sonore inextinguible serait placée au cœur d'une création artistique ?
Pendant la guerre, l'alarme de la protection civile était utilisée lors des bombardements pour indiquer aux populations d'aller se réfugier dans les caves. Aujourd'hui, les pompiers l'actionnent une fois par mois pour tester son fonctionnement afin de pouvoir prévenir la population en cas de danger.
Au-delà des considérations sécuritaires, la sirène convoque aussi cette créature mythologique hybride, mi-femme et mi-poisson, dont le chant faisait naviguer à leur perte les marins. Dans la cité phocéenne, l'impact de cette figure de l'imaginaire est bien réelle. Une moyenne de 400 curieux se réunit chaque mois pour assister à cette création temporaire à l'heure de la pause déjeuner.
Au menu du mercredi 6 juin, le trio Urban Pipes d'Erwan Keravec. Il fera s'entrelacer tradition et modernité dans une instrumentation alliant la cornemuse et la bombarde à l'électronique. "Nous avons invité Erwan Keravec, un virtuose de la cornemuse, car cet instrument est très proche du timbre de la sirène. Le trio a d'ailleurs travaillé à partir d'enregistrements sonores de celle-ci", explique Pierre Sauvageot, le directeur de Lieux Publics.
"En écoutant l'alarme qui débute sur 5 sirènes, j'ai voulu travailler sur l'obsession car elle correspond bien à la particularité de la cornemuse, à savoir le souffle continu. J'ai donc souhaité réaliser une interprétation par un jeu d'oscillation très rapide", explique Erwan Keravec, qui jouera aux côtés de la bombarde de son frère Guénolé Keravec.
Une partie improvisée sera également traitée en réel par le matériel électronique d'Alain Mahé. Le plaisir sonore sera conjugué à celui des yeux puisque le trio de musicien ne lésinera pas sur la mise en scène. "Nous serons sur des plateformes à 1 m 80 de hauteur, soit à la hauteur de tête des spectateurs. La mienne tournera en continu, contrairement à celle de mon frère qui pourra choisira de s'adresser à une partie particulière du public", assure Erwan Keravec. Une mise en bouche musicale et bretonne qui esthétise le son strident de la sirène massaliote.
"Sirènes et midi net". Chaque premier mercredi du mois à midi sur le parvis de l'opéra de Marseille (1er arrondissement). Gratuit.
Prochain concert, mercredi 6 juin : le trio Urban Pipes d'Erwan Keravec.
Sur le Web : www.lieuxpublics.fr.
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