Blankenberge, on doit être hors-saison ? 2/2

La nuit est tombée très vite sur Blankenberge! A l’horizon encore mauve des derniers rayons de soleil, on voit la brume avancer sur la plage. Le temps de faire quelques courses dans la Kerkstraat, de me changer pour aller boire un verre, et les rues de la ville se sont vidées! Un froid humide règne maintenant dans les rues. éclairés par les réverbères, quelques rares silhouettes s’aventurent dehors. Les restaurants qui restent ouverts attendent le client, il est encore un peu trop tôt pour venir y manger mais les vitrines luisent comme des phares dans la nuit.

Je rejoins la Groote Markt. Même si mon budget serré m’interdit le restaurant, je ne vais pas faire l’impasse sur l’apéritif… et en Flandre, l’apéritif passe par la bière. Proximité de Bruges oblige, j’opte pour une Bruggse Zotte, encore jamais goûtée. Dans le bar, les habitués ont l’air d’avoir entamé l’apéro depuis un moment. On pourrait passer « Amsterdam » de Brel dans le bar sans que cela ne fasse tache!

La faim me tire hors du bar mais avant de rentrer à l’hôtel, j’ai envie de faire une ballade sur la plage. Maintenant, il fait nuit, et bien nuit! Le brouillard est complètement tombé et comme la marée est basse, on ne voit pas la mer! Je m’avance sur le sable . C’est la première fois que je vois une plage plongée dans la brume, qui plus est de nuit. J’ai l’impression de pénétrer dans un rêve étrange. J’entends la mer mais j’ai beau marcher droit devant, vers le bruit des vagues mais je ne fais que m’enfoncer dans la nuit et le brouillard. Au fur et à mesure que j’avance et que je m’éloigne de la lumière des réverbères qui éclairent la digue, j’ai de plus en plus de mal à distinguer la différence entre la terre et le ciel. Pendant quelque brèves secondes, je suis même désorientée… Et pourtant, ce sentiment est familier, ce sentiment, je l’ai déjà éprouvé dans les cauchemars où je me perd dans un noir complet, une espèce d’angoisse primale qui vient du fond des âges mais mes pieds continuent d’avancer. Finalement, je commence à apercevoir des vagues, la mer, un brise lames. Des points de repères!   Quand je grimpe dessus, je me retourne vers la lumière et me rends compte en voyant les faisceaux de lumières, que ce n’est pas si terrible que çà. La vie est là-bas et mon cerveau s’est délicieusement joué de moi! Il est temps de rentrer, je crois!

Je n’ai pas tiré les rideaux cette nuit là, espérant être jetée du lit par les rayons du soleil et passer un peu de temps sur mon balcon…Quand j’ouvre un œil, un brouillard encore plus intense me cache la plage. Aucune chance qu’il ne se lève avant que je ne parte! Je descends les escaliers de la digue pour prendre le petit-déj ». Au Hampshire, vous pouvez acheter un coupon pour le buffet de l’Ocean Resort (NDLR 2018: fermé, c’est maintenant l’Apparthotel Blankenberge), spécialisé dans les petits-déjeuner et les lunches. Un chouette restaurant aéré ou des photos rétros des début de la villégiature à la plage décorent des murs nus. Des photos noir-et-blanc du temps des premiers bonheur et des premiers bains de mer qu’on connu ma mère et ma grand-mère… des jeunes filles posant à quatre, souriante dans leurs maillots de bain des années 50 surveille mon déjeuner par dessus mon épaule: croissant, jambon, yaourt, jus de fruit et café. De quoi me caler pendant un moment. Je retourne à l’hôtel, fait mon check-out, confie à la réceptionniste mon bagage et sort.

Sur la plage, j’ai l’impression de marcher dans de l’ouate. Tout est blanc, les couleurs même sont diluées dans la brume. Ne reste plus dans la palette que du beige du sable, du gris bleu des flaques d’eau, toutes les nuances de entre le blanc et le gris et le vert des algues qui couvrent les brises-lames. A nouveau, j’ai l’impression d’évoluer dans un songe…La marée est au plus bas, tellement bas que j’arrive à marcher jusqu’au bout du brise-lames et bien vite, la digue et les bâtiments disparaissent complètement. Je suis prise en tenaille entre deux murs de brume. Sur le sable, des petites ombres sombres arrivent à se détacher: des promeneurs ou un chien qui resteront juste des ombres chinoises.  Même le temps semble perdu dans cette étrange ambiance et entre la terre et l’eau.

Et comme la sonnerie du réveil, l’heure de rentrer brise le charme.


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