saint-bonnet-de-joux - Loto du patrimoine Des écuries qui font galoper les visiteurs

Rarement chevaux ont été si bien logés qu’à Chaumont-Laguiche. Le château féodal modernisé à la Renaissance n’a gardé que peu d’éléments de cette période à la différence de ses écuries, somptuaires. Elles ont été édifiées par Henriette de Laguiche qui espérait ainsi voir plus souvent son époux.
Meriem SOUISSI - 24 juil. 2018 à 05:00 | mis à jour le 30 janv. 2019 à 16:09 - Temps de lecture :
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Edifiées en seulement 4 ans entre 1648 et 1652, les écuries du château de Chaumont-Laguiche sont étonnantes par la majesté de leur construction.  Photo Meriem SOUISSI
Edifiées en seulement 4 ans entre 1648 et 1652, les écuries du château de Chaumont-Laguiche sont étonnantes par la majesté de leur construction. Photo Meriem SOUISSI

Plus que le château, ce sont les écuries qui accueillent le visiteur dès son entrée dans le domaine. Majestueuses, elles attirent le regard par leur taille et les deux escaliers accolés à la façade dont le granit tranche avec l’appareillage de pierre jointoyée de la façade. Longtemps fermées à la visite, elles se laissent admirer aujourd’hui très volontiers d’autant que des travaux d’ampleur ont été réalisés pour consolider l’édifice et son pignon qui menaçait ruine.

Deux étages bien peu communs

La construction de ces écuries est peu banale, c’est une commande d’Henriette de Laguiche au maître maçon François Martel. Mariée au duc d’Angoulême, colonel général de la cavalerie légère, elle n’avait que peu l’occasion de voir cet époux lancé avec sa garnison sur les routes de la Fronde. Construire une écurie capable d’accueillir la garnison entière était donc pour la jeune épousée le moyen de se rapprocher de ce mari. Elle fait donc édifier ce superbe bâtiment qui, chose peu commune, comporte un étage pour loger les hommes. Le duc d’Angoulême n’en profite guère, il meurt deux ans après la fin de la construction. Une découverte récente attribue le bâtiment à Blondel qui dans une réédition d’un ouvrage consacré à l’architecture se vante d’en être l’auteur. Les Blondel constituent une famille d’architectes très connue entre le XVIIe et le XVIIIe  siècle.

Un aménagement intérieur emprunté à Leonard de Vinci

L’intérieur de l’écurie laisse à penser que l’architecte a eu connaissance des projets de Leonard de Vinci à la fin du XVe  siècle pour les grandes dynasties italiennes et qu’il s’est laissé influencer par ceux-ci. Car à Chaumont, contrairement à l’usage en France à l’époque, on trouve trois vaisseaux divisés par des colonnades afin de disposer les chevaux en deux rangs. L’aile droite présente encore au sol des blocs de pierre percés sur lesquels reposaient les poteaux de bois séparant les chevaux montrant bien le respect du projet du maître toscan.

Mieux encore, le foin descendait directement dans les mangeoires depuis le grenier par des trappes. Ces dernières sont encore visibles au-dessus des mangeoires du XIXe  siècle. On reconnaît bien là l’adresse de l’inventeur italien pour minimiser la main-d’œuvre. Il y a également fort à parier que sous le sol actuel se trouve le sol originel avec sa rigole centrale pour évacuer les déjections des chevaux, autre préconisation de Leonard de Vinci.

Une légende court encore à Chaumont, seul le roi de France avait le droit de loger 100 chevaux dans son écurie, à Chaumont, le 100e  équidé se trouve sur la façade, une statue équestre représentant non pas de l’époux d’Henriette de Laguiche mais son père. Étonnant, non ?

Il y a probablement encore bien des choses à découvrir à propos de ce bâtiment qui a passé les ans sans trop d’embarras, pas de modernisation à outrance et même la Révolution n’a pas bûché les armes des Laguiche.

Pratique Les écuries se visitent tous les jours sauf le lundi en juillet et août à 10, 11, 14, 15, 16 et 17 heures. 3 à 6 €.