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Élodie Solard, reine de l'accordéon classique

Élodie Soulard. François Sechet

Brillante soliste de 26 ans, elle défend les couleurs de son instrument, cette semaine, au festival.

Ne lui parlez pas de piano à bretelles. «Cette définition n'est pas réductrice, elle est inexacte», s'insurge Élodie Soulard. À 26 ans, cette jeune Française, tête bien faite et sourire enchanteur, est une virtuose de l'accordéon. Et elle assume! Soumise à la question, elle renvoie l'incrédule dans ses buts au moindre cliché. L'accordéon, piano du pauvre? «Un instrument de concert comme le mien coûte 15.000 euros. C'est le prix d'un quart de queue chez Yamaha.» Le Monsieur Loyal du bal musette? «Une aubaine pour les compositeurs contemporains, qui peuvent jouer sur son image populaire tout en exploitant sa richesse sonore.» L'indéboulonnable soufflet à punaises ? «C'est toute la gageure de l'instrument: le soufflet étant commun aux deux claviers, vous ne pouvez pas comme au piano jouer sur l'indépendance des deux mains. Tout réside donc dans l'articulation, et l'extrême précision d'attaque et de sortie du son.»

Cette foi inébranlable, Élodie Soulard la porte en elle depuis sa plus tendre enfance. Ses parents l'ont inscrite dans la première école de musique qu'ils ont trouvée. Son professeur y jouait de la musette, mais avait une formation classique. Il lui faudra attendre ses 22 ans et sa rencontre avec le Russe Yuri Shishkin, pour prendre conscience du potentiel de l'instrument. «Les Russes ont une connaissance infinie de cet instrument, où ils ont acquis contre toute attente une forme d'excellence. Il m'a appris à voir chaque clavier et ses registrations comme un petit orchestre, dont nos doigts sont autant d'instruments.»

«Un instrument qui chante»

Prophète en son pays, il n'avait sans doute pas prévu qu'elle ferait quelques années plus tard partie des jeunes solistes en vue du paysage classique français. Il faut dire qu'en France, jusque dans les années 2000, l'accordéon de concert avait le moral en berne. Lyon, qui possède l'une des plus célèbres fabriques d'instruments (Cavagnolo), attend toujours sa classe d'accordéon au Conservatoire. Celle du CNSM de Paris n'existe que depuis 2002. «C'est le dernier grand Conservatoire européen à s'ouvrir à cet instrument», explique Élodie, qui l'a rejointe il y a peu. Ils n'y sont pas plus de six élèves. Mais Bruno Mantovani, directeur de l'établissement, l'assure: l'instrument connaît une demande de plus en plus forte. Confirmation auprès de l'intéressée. «L'accordéon est un instrument qui chante. Ses possibilités en terme de musique de chambre, mais aussi dans le domaine de l'opéra et même de la musique symphonique sont immenses.» Elle-même étudie, en plus de l'analyse et du solfège, l'improvisation, l'écriture et la direction d'orchestre.

C'est pour faire valoir ses nombreuses possibilités, tant auprès du public que des compositeurs, qu'elle a conçu, à l'invitation du Festival de Radio France et Montpellier, une série de concerts avec le violoncelliste Bruno Philippe. Objectif? Montrer toutes les facettes classiques de l'instrument, de la transcription (Préludeset fuguesde Bach, Sonate pour deux violoncelles de Barrière) au grand répertoire (Vocalise de Rachmaninov), en passant par la création contemporaine (Lament & Furiant de Richard Dubugnon).

• Festival Radio France de Montpellier, concerts les 19, 20 et 21 juillet. www.festivalradiofrancemontpellier.com

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