Antonio Banderas tire les ficelles de "Haywire", dernier opus de Soderbergh

Après le paranoïaque
Après le paranoïaque "Contagion", le prolifique et éclectique cinéaste américain Steven Soderberg signe "Haywire", un élégant film d'action lorgnant vers les années 70, où il dirige pour la première fois l'Espagnol Antonio Banderas, après plusieurs rendez-vous manqués.

Temps de lecture : 3 min

Après le paranoïaque "Contagion", le prolifique et éclectique cinéaste américain Steven Soderberg signe "Haywire", un élégant film d'action lorgnant vers les années 70, où il dirige pour la première fois l'Espagnol Antonio Banderas, après plusieurs rendez-vous manqués.

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Le film, qui sort vendredi en Amérique du Nord (le 18 avril en France), affiche un casting résolument sexy, avec les débuts à l'écran de la sculpturale championne américaine d'arts martiaux Gina Carano, entourée notamment d'Ewan McGregor, Michael Fassbender, Channing Tatum et Michael Douglas.

Antonio Banderas, qui fit ses débuts d'acteur en Europe dans les films de Pedro Almodovar, complète la distribution, heureux d'avoir enfin pu dire oui à un réalisateur dont il avait repoussé deux fois les avances, pour "Traffic" (2000) et la fresque sur Che Guevara "Che" (2008).

"Steven Soderbergh est un grand admirateur du cinéma d'Almodovar, et comme j'ai fait plusieurs films avec lui, je pense qu'il était curieux de travailler avec moi", explique l'acteur à l'AFP dans la suite d'un hôtel de Beverly Hills.

Dans "Haywire" (Détraqué), Banderas apparaît peu à l'écran, mais c'est lui qui tire les ficelles d'une intrigue mettant aux prises une mercenaire des services secrets américains (Gina Carano), pourchassée et menacée de mort par ses propres employeurs, entre l'Espagne, l'Irlande et les Etats-Unis.

"Mon personnage est un homme qui observe beaucoup, parle peu, c'est le cerveau de l'histoire, en permanence à l'arrière-plan", observe l'acteur. "Soderbergh l'utilise un peu comme Shakespeare a utilisé Fortinbras dans +Hamlet+: il lui fallait un personnage pour boucler l'histoire".

Filmé, rythmé et mis en musique avec une grande élégance, "Haywire" renoue avec l'esprit des films d'espionnage des années 70, quand les combats corps-à-corps étaient encore réalistes et que les réalisateurs pouvaient filmer des plans longs sans avoir à les taillader au montage.

"Il y a comme un désir rétro", remarque Banderas. "Peut-être Soderbergh épouvait-il une certaine nostalgie des sensations qu'il éprouvait comme spectateur dans les années 70".

Antonio Banderas, marié depuis 1996 à l'actrice américaine Melanie Griffith, et l'un des rares comédiens européens non britanniques à s'être forgé une vraie carrière à Hollywood, a été séduit par la manière de travailler de Soderbergh.

"Quand je suis arrivé à Barcelone pour le tournage, je ne savais pas à quoi m'attendre, s'il allait être agressif ou difficile", raconte-t-il. Au final, rien de tout cela. "J'ai découvert une personne délicate et calme, qui travaille très vite, avec beaucoup d'assurance", dit-il. "Il filme juste ce qu'il faut, comme s'il montait le film au moment du tournage".

Quant à sa direction d'acteur, elle lui a rappelé celle, légendairement minimaliste, de Woody Allen, avec qui il avait travaillé sur "Vous allez rencontrer un bel et sombre inconnu" (2010): "Peu de prises, très peu de répétitions et d'indications".

"La sensation que j'avais, c'était d'être en face d'un musicien de jazz. La partition est écrite, mais il s'en empare et improvise autour", explique-t-il.

Rien à voir avoir Pedro Almodovar, que l'acteur a récemment retrouvé dans "La piel que habito", plus de vingt ans après "Attache-moi!" (1990).

"Leur manière de travailler est diamétralement opposée. Pedro est incroyablement exigeant et précis dans ce qu'il fait. C'est comme s'il peignait son film. Avec lui, le travail consiste à rendre naturelle l'immense quantité d'informations qu'il donne", observe-t-il.

"La seule chose qu'ils ont en commun, c'est de faire les choses qu'ils veulent, comme il veulent. Et à notre époque, cela n'a pas de prix", dit-il.