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La musique indépendante survivra-t-elle au temps politique ?

Il faut sauver le Centre national de la musique.

Publié le 13 juin 2012 à 09h17, modifié le 13 juin 2012 à 10h30 Temps de Lecture 3 min.

Depuis la composition du nouveau gouvernement, les semaines passent sans que le dossier du Centre national de la musique (CNM) – qui mobilise pourtant le secteur depuis près d'un an - n'ait été officiellement remis sur la table des priorités. Cette dynamique essentielle de refondation de la filière musicale s'apprêtait pourtant à entrer, avant l'été, dans une nouvelle phase avec la proposition des premiers dispositifs, dont une large partie ouverte vers les "petits indépendants de la musique" que le nouveau président de la République entend précisément défendre.

Lorsque la dynamique du CNM a été engagée en mai 2011, nos organisations, agissant pour des milliers de TPE, associations, micro entreprises ou coopératives du spectacle vivant et des musiques enregistrées, bien que critiques vis-à-vis de la politique culturelle du précédent gouvernement, ont décidé de s'y investir afin de présenter et défendre, une somme de valeurs, de visions, de réflexions et de propositions alternatives face aux acteurs concentrés et dominants de la filière.

Loin d'une opposition caricaturale entre majors/PME de la musique et artistes libres issus du jazz ou de la musique classique, l'association de préfiguration du CNM a su, au fil des échanges, ouvrir des débats de fond sur l'aide à la création, la diffusion, l'innovation, la formation ou l'action pédagogique, en adoptant une vision transversale du secteur et en y associant des acteurs très différents issus de toute la filière (maisons de disques, organisateurs de concerts, salles de spectacles, radios associatives, disquaires...). En un an, de nombreuses discussions de qualité ont pu avoir lieu dans les différents groupes de travail, des consensus ont parfois pu en sortir et des propositions concrètes ont été faites quant aux dispositifs à mettre en place pour garantir, de façon à la fois innovante et équitable, l'avenir de la filière, le soutien à la diversité et l'irrigation des territoires lors de ces prochaines années.

Le danger existe désormais que la mécanique de l'alternance politique, la tenue des prochaines législatives, l'idée de rompre avec le gouvernement précédent, le travail actif de certains réseaux d'influences corporatistes… constituent autant d'éléments qui inciteraient l'Etat à reconsidérer ce dossier central pour l'avenir de la création musicale francophone. Malheureusement, nous venons ici témoigner qu'une majorité des acteurs de terrain qui forme le tissu de cette scène indépendante française, vivace et créative, risque de faire très vite les frais d'une autre temporalité politique tant leur situation économique est fragile, leurs moyens limités et les dispositifs existants inadaptés à leurs réalités et au contexte économique. Le projet du CNM entend précisément, par un déploiement à marche forcée, ouvrir dès 2013 ses aides aux structures et aux projets des petits indépendants que nous représentons (artistes, labels, salles et festivals, médias associatifs, centres de formation, producteurs) et qui, en 5 ans, ont dû faire face à des difficultés croissantes : fin des emplois aidés, raréfaction des canaux de diffusion et de promotion, concentration croissante des acteurs dominants (dans le disque comme dans la production de spectacle), dévalorisation permanente de la musique, sources de revenus ou subventions en baisse constante.

Les questions de financement sont bien évidemment centrales mais elles ne doivent pas remettre en cause la pertinence et l'urgence du chantier CNM ; elles dépassent en effet largement le seul secteur de la musique et imposent au nouveau gouvernement de mener une réflexion globale et ambitieuse sur la façon dont sont financés les différents secteurs de la culture, la juste part que doivent prendre les fournisseurs de technologies ou d'accès à internet et ainsi pouvoir sortir des approches corporatistes qui dominent jusqu'à présent… au bénéfice d'une politique culturelle 2.0 tournée vers l'intérêt général, le soutien actif à la création et la reconstruction de nouveaux réseaux de diffusion.

Aussi appelons-nous le président de la République, et l'ensemble des équipes gouvernementales impliquées sur ces dossiers, à relancer sans plus attendre le processus de concertation et de travail afin de garantir la poursuite dans les plus brefs délais du "chantier" du Centre national de la musique, outil collectif d'envergure, adapté à l'ère numérique et qui rassemblerait enfin la filière musicale dans sa diversité de ses composantes, de ses entreprises, métiers et projets artistiques.

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