Le mystère insondable de "La bataille d'Anghiari"

Le chef-d'oeuvre absolu et mythique de Léonard se cache-t-il sous "La tour de Saint-Vincent" du maître Vasari ?

De notre correspondant à Rome,

Dessin réalisé par Rubens à partir d'une copie de 'La Bataille d'Anghiari
Dessin réalisé par Rubens à partir d'une copie de 'La Bataille d'Anghiari" de Léonard de Vinci. © Abaca

Temps de lecture : 3 min

Jamais la solution du mystère de "La bataille d'Anghiari n'avait semblé aussi proche. Après des décennies d'études et de recherches, les caméras endoscopiques du professeur Seracini étaient sur le point de sonder le néant qui a - peut-être - englouti la plus prodigieuse oeuvre de Léonard de Vinci. C'était une question de semaines, peut-être de jours... Avant que la magistrature italienne ne mette son grain de sel et ne bloque les recherches.

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La bataille d'Anghiari fut commandée en 1503 à Léonard de Vinci par Pier Soderini, l'homme qui avait chassé les Médicis du pouvoir à Florence. Destinée à la salle des 500 du Palazzo Vecchio, la fresque de 17 mètres sur 7 devait représenter la victoire des armées florentines sur les Milanais. Léonard y travaille avec acharnement pendant un an avec cinq assistants. Et il déploie son génie dans toutes les dimensions en inventant de nouveaux enduits, la cire d'abeille et la résine, afin d'élargir sa palette à de nouveaux pigments. Catastrophe : les couleurs ne sèchent pas et bavent le long du mur malgré un système de flambeaux qui court tout le long de la paroi. De la fresque prévue il ne reste qu'un groupe équestre de 6 mètres sur 4. Terrible échec qui pousse Leonardo à quitter Florence pour Milan, puis pour la France.

"L'école du monde"

Pourtant, immédiatement, La bataille d'Anghiari est reconnue comme le chef-d'oeuvre absolu de son époque. Tous les artistes de la Renaissance, dont Raphaël, la copient et s'en inspirent. Cellini la surnomme "l'école du monde". Rubens lui-même, né trop tard pour la voir de ses yeux, en copie des copies. Il n'est d'artiste qui ne veuille se confronter à l'école du monde. C'est alors que Soderini, le mécène de Leonardo, est chassé du pouvoir. La bataille d'Anghiari n'est plus politiquement correcte. Et Cosimo I, nouvel homme fort de Florence, commande à Vasari six fresques sur les victoires militaires des Médicis pour remplacer l'oeuvre de Leonardo. La bataille d'Anghiari disparaît du Palazzo Vecchio.

Détruite ou habilement cachée derrière une cloison édifiée par Vasari ? L'énigme dure depuis plus de cinq siècles. Car Vasari était respectueux de ses maîtres. On sait qu'il fit construire un mur dans l'église de Santa Maria Novella pour ne pas détruire une fresque de Masaccio. Et il était le premier des admirateurs du génie de Leonardo. Ainsi, La tour de Saint-Vincent, la fresque de Vasari qui fait face à l'emplacement de La bataille d'Anghiari, est un hommage à Vinci. Forme des épées, attitude des chevaux et expression des combattants sont autant de références au maître de la Renaissance. Jusqu'à la mystérieuse formule qui orne un étendard et semble un sésame : Cherche Trouve.




Pétition

Maurizio Seracini cherche depuis 40 ans. Quarante ans à reconstituer l'architecture du palais, à en sonder les murs, à documenter toutes ses modifications. Chercher et convaincre. Convaincre les autorités que la science et de nouveaux instruments permettent de fouiller les entrailles des murs de la salle des 500 sans mettre en péril les fresques de Vasari. Il y a deux ans, enfin, le maire de Florence donne son accord. Le dénouement était prévu avant la fin de l'année. Mais c'était sans compter les pairs de Maurizio Seracini. Une centaine d'experts et de critiques d'art signent une pétition : La bataille d'Anghiari est une chimère et le risque d'endommager l'oeuvre de Vasari trop grand. Quand il s'agit d'oeuvres inestimables, ceux-là estiment qu'un tiens vaut mieux que deux tu l'auras : en déposant une plainte, les conservateurs ont bloqué pour des lustres, sinon définitivement, la poursuite des recherches. L'école du monde demeure un songe.


Commentaires (5)

  • MBB

    C'est vrai bon reportage mais qui à mon avis enflait le " mystère ", @ Zanzibar c'est votre opinion je la respecte mais l'art est un moyen de voyager dans le temps et de constater que le beau est intemporel Cordialement.

  • BRT

    Par contre le redressement de l'Italie passe par des mesures immédiates. Il serait donc logique de différer quelque peu. D'autant que le résultat pourrait être décevant.

  • steeves

    La bataille d'anghiari est certainement dissimulée, là ou elle avait étée peinte, mzais les conservateurs ont le pouvoir et préfèrent la proie a l'ombre, c'est une logique matérialiste tout a fait logique a notre époque conservatrice et sans desir d'évolution : mais le principal c'est que Léonardo da Vinci l'ai réalisée !