Dans la magie de la salle Favart, le tandem Vincent Dumestre-Benjamin Lazar sublime l'opéra de Francesco Cavalli. Avec deux jeunes chanteurs prodigieux : Isabelle Druet et Marc Mauillon.
Publié le 03 février 2012 à 00h00
Mis à jour le 08 décembre 2020 à 04h47
Successeur à Venise de Monteverdi, dont il avait été d'abord l'élève, puis le collaborateur, Francesco Cavalli n'est pas un inconnu. Ses opéras – les premiers en Italie, au milieu du XVIIe siècle, à être joués dans des théâtres publics payants, et non dans des palais princiers – sont remontés : La Calisto, l'un des plus célèbres, était à l'affiche du Théâtre des Champs Elysées, au printemps 2010. Pourtant, on ressort de l'Opéra Comique, où se donne Egisto, l'un de ses premiers chefs-d'œuvre, avec l'impression de découvrir un compositeur dont on n'avait encore jamais mesuré toute l'efficacité théâtrale, le sens poétique de la déclamation, ni l'expressivité musicale. Cela tient à la « magie Favart » dans le répertoire baroque – salle malcommode côté public, mais idéale, côté interprètes, par son intimité et son acoustique. Cela tient plus encore au talent du tandem Vincent Dumestre-Benjamin Lazar, qui réédite le coup de maître du Bourgeois gentilhomme, comédie-ballet des deux Baptiste, Molière et Lully, et de Cadmus et Hermione, première tragédie lyrique du Florentin. Fidèles à leur démarche – alliance si singulière de rigueur savante et de fantaisie onirique – chef et metteur en scène renchérissent, de spectacle en spectacle, sur l'habileté scénographique, et la faconde instrumentale.
Dans la fosse, le Poème Harmonique, que dirige, théorbe en bandoulière, un Vincent Dumestre plus libre et plus inspiré que jamais, accorde ses couleurs ambrées à l'éclairage aux bougies des décors, lueurs vacillantes comme la raison ébranlée par le désespoir amoureux. Egisto, un opéra sur l'amour et la folie ? Mieux, un opéra à aimer à la folie.
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