Bud Powell : itinéraire cabossé d’un génie du jazz

Bud Powell en concert à Paris (circa 1957-1964) ©Getty - Michael Ochs Archives
Bud Powell en concert à Paris (circa 1957-1964) ©Getty - Michael Ochs Archives
Bud Powell en concert à Paris (circa 1957-1964) ©Getty - Michael Ochs Archives
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Retour sur la trajectoire musicale et intime de l’un des artisans du jazz le plus injustement mésestimé, malgré sa virtuosité et son imagination créative : l’Américain Bud Powell.

Associé aux pionniers du bebop, Bud Powell débute vers 1940 au sein de l'orchestre de Cootie Williams. Fort d'une solide formation de pianiste classique, il développe un style d'une très grande technicité et d'une incroyablement vélocité, marqué par son admiration pour le jeu d'Art Tatum. Il connait une ascension fulgurante à New York et enregistre de nombreux disques dès 1947, gravant ses plus fameuses compositions : Tempus fugit, Bouncing with Bud, Un poco loco, Dance of the infidels...

Mais Bud Powell fonctionne à plusieurs vitesses : placé devant un clavier, c’est comme si ses doigts se brûlaient sur les touches et refusaient de rester en place, mais le reste du temps, il parait comme ensuqué, englué dans une torpeur désarçonnante.

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Connaissant très tôt des problèmes d'alcool, il manifeste souvent un comportement étrange et erratique. A la suite d'un concert à Philadelphie en janvier 1945, il est passé à tabac par un groupe de policiers. S'en suivent de nombreux séjours en hôpitaux psychiatriques, et la prescription d'un traitement antipsychotique qui l'enfermera en lui même. 

En studio à Copenhague, avril 1962
En studio à Copenhague, avril 1962
© Getty - JP Jazz Archive /Redferns

En 1959, histoire de changer d'air, il s'exile à Paris, l'un des foyers européens du jazz. Il y passera plus de 5 ans, se produisant régulièrement notamment au Blue note, un club près des Champs Élysées. Mais soumis à la férule de la femme qui l'accompagne, il sombre peu à peu dans le désespoir. Il est un temps sauvé par un jeune admirateur parisien, Francis Paudras qui l'héberge et le prendre sous son aile, avant de revenir à New York en 1964, pour une ultime renaissance. Il décède peu de temps après, à l'âge de 41 ans. 

"Si je devais choisir un seul musicien pour son mérite artistique, l'originalité de sa création, mais aussi pour la grandeur de son travail, ce serait Bud Powell. Personne n'est à sa hauteur."              
Bill Evans

Vidéo : Bud Powell interprétant Anthropology à Copenhague (1962)

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Programmation musicale et archives

  • Archive pré-générique : Francis Paudras à propos de Bud Powell (Nuits Magnétiques, France Culture, 30/10/1986) sur un extrait de Hallucinations (album The Genius of Bud Powell, 1956)
  • Bud Powell : Christmas song, de l'album Relaxin' at home 1961-1964, vol. 4 (Mythic sound, 1989)
  • Bud Powell (trio) : Tea for two, de l'album So sorry please (1950)
  • Bud Powell (trio) : Off minor, de l'album Tribute to Thelonious, vol. 7 (Mythic sound, 1964)
  • Bud Powell : Bud on Bach (1957), de l'album Cookin at Saint Germain 1957-1959, vol. 3 (Mythic sound, 1989)
  • Archive : premier passage à la radio de Bud Powell, en duo avec Cootie Williams pour West end blues, citée in Le rythme et la raison, France Culture, prod. Yvan Amar, 23/12/1991. Le morceau a été réédité sur la compilation Early years of a genius 1944-1948, vol. 1 (Mythic sound, 2009)
  • Thelonious Monk : In walked Bud (1947) édité sur la compilation Genius of Modern Music Vol. 2 (1947)
  • Bud Powell : Tempus fugue-it (1949) repris sur la compilation Beat generation : l'anthologie musicale 1936-1962 (Frémeaux et Associés, 2016)
  • Bud Powell (trio) : Un poco loco, album The Amazing Bud Powell (Blue Note, 1951)
  • Archive : le saxophoniste Johnny Griffin raconte sa première rencontre avec Bud Powell (Le rythme et la raison, France Culture, Yvan Amar, 24/12/1991) 
  • Bud Powell (trio) : Dance of the infidels (1953), de l'album Birdland 1953 (ESP Disk, 2013) - fond sonore - 
  • Bud Powell : Glass enclosure (1953), repris sur l'album The amazing Bud Powell  vol. 2 (Blue Note, 1954) - fond sonore - 
  • Bud Powell (trio) : Parisian thoroughfare (1951), repris sur l'album The amazing Bud Powell  vol. 2 (déjà cité)
  • Bud Powell chante _La Marseillaise__,_ archive éditée sur l'album Relaxin' at home 1961-1964, vol. 4 (déjà cité)
  • Bud Powell (trio) : John's abbey (1960), album Complete Essen Jazz Festival concert (Black Lion record, 1988)
  • Archive : Pierre Michelot à propos de Bud Powell (Le rythme et la raison, France Culture, Yvan Amar, 26/12/1991)
  • Bud Powell (quartet) : Groovin high, de l'album Groovin' at the Blue Note 1959-1961, vol. 5 (Mythic sound, 1989)
  • Bud Powell (trio) : Blues for Bouffémont, de l'album éponyme (1964) - fond sonore - 
  • Archive : Bud Powell interviewé au sanatorium de Bouffément par Henri Renaud (15/05/1963) 
  • Bud Powell : Una noche con Francis, de l'album Relaxin' at home 1961-1964, vol. 4 (déjà cité)

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