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Aix: un Mozart à la peine, mais un Ravel onirique très réussi

Répétition de l'opéra-bouffe de Mozart, La Finta Giardiniera. Patrick Berger/ArtComArt

Si le spectacle donné au Grand Saint-Jean a déçu, celui du Jeu de paume a séduit par son inventivité.

Décidément, La Finta Giardiniera sert de test aux chanteurs en herbe des académies de chant. Quinze jours après l'Atelier lyrique de l'Opéra de Paris, c'est l'Académie européenne d'Aix-en-Provence qui présentait une version scénique de l'opéra-bouffe de Mozart, dans le cadre enchanteur du Grand Saint-Jean.

Assister au coucher du soleil avec vue directe sur les jardins de cette bastide provençale, dans un opéra qui tourne précisément autour d'une fausse jardinière, c'était une aubaine. On ne peut dire que le metteur en scène Vincent Boussard en a tiré grand parti. Le plancher de scène en miroir et les fleurs artificielles qui s'allument dans la nuit font un décor qui aurait pu être prétexte à un songe d'une nuit d'été shakespearien, mais une direction d'acteurs et des réglages paresseux et désordonnés n'ont pas contribué à donner un profil dramatique fort à une pièce prometteuse quoique en quête de clarification.

À côté de ce spectacle un peu facile on ne pouvait qu'être frappé par le haut niveau de L'Enfant et les sortilèges de Ravel, présenté par d'autres jeunes de l'académie dans l'écrin intime du Théâtre du Jeu de paume. Voilà une production inventive, au très fort contenu poétique, qui crée d'emblée un monde onirique tout à la fois inquiétant et imaginaire comme l'est le chef-d'œuvre de l'auteur. On le doit à la mise en scène brillante d'Arnaud Meunier et aux décors et costumes fascinants de Damien Caille-Perret, caverne d'Ali Baba où les meubles vivent leur propre vie. Une belle réussite plastique, dans l'adaptation pour quatre instruments de Didier Puntos qui a fait ses preuves depuis sa création à Lyon en 1989.

Une émulation saine

Côté chanteurs, plus d'homogénéité du côté de Ravel, avec une très belle attention au style et à la diction, aspect bien remis au goût du jour dans nos écoles de chant, rendant de moins en moins acceptables les distributions qui interprètent en esperanto, toujours fréquentes. On retiendra notamment l'enfant de Chloé Briot, l'arithmétique et la théière de Valerio Contaldo ou l'horloge de Guillaume Andrieux, d'une grande intégrité stylistique et dotés de belles personnalités. Celles-ci sont plus pâles dans La Finta Giardiniera, dont les voix sont inégales. On ne sera pas surpris d'apprendre que Layla Claire avance déjà bien dans la carrière, tant son aisance vocale et scénique sortent du lot. Mais on espère que Sabine Devieilhe arrondira les angles de sa voix acidulée pour aborder Lakmé à l'Opéra-Comique la saison prochaine.

On avait repéré plus de personnalités saillantes à Bobigny, avec quelques perles de l'Atelier lyrique de l'Opéra comme Marianne Crebassa, Andreea Soare ou Florian Sempey. Mais cette émulation entre académies est saine, d'autant que les jeunes circulent aujourd'hui facilement de l'une à l'autre grâce au réseau européen Enoa. On n'a que du bien à dire de la direction très vivante d'Andreas Spering, à qui Jérémie Rhorer a prêté son Cercle de l'harmonie, plus avantagé par la fosse ouverte du Grand Saint-Jean que par celle, étouffoir, de l'Archevêché.

Jusqu'au 26 juillet. Retransmission sur Arte Live Web.

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1 commentaire
  • sorrydan

    le

    Monsieur C. Merlin, je ne comprends pas le titre de votre article " Un Mozart à la peine... ” car par suite vous ne détaillez pas les raisons d’un tel jugement. Je cultive l'espoir de connaître prochainement les causes de votre déception. Salutations.

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