La Chine s'invite au carnaval de Rio: les costumes sont en tissus chinois

Ronaldo Servo, 75 ans, propriétaire de la Casa Turuna, la boutique la plus traditionnelle d'articles de carnaval de Rio, fondée il y a 96 ans, a déclaré à l'AFP
Ronaldo Servo, 75 ans, propriétaire de la Casa Turuna, la boutique la plus traditionnelle d'articles de carnaval de Rio, fondée il y a 96 ans, a déclaré à l'AFP "qu'ici 80% de nos articles sont brésiliens mais au niveau des tissus 90% sont importés de Chine" et d'ajouter "...malheureusement!".

Temps de lecture : 3 min

La Chine est plus présente que jamais au carnaval de Rio: costumes et accessoires sont aujourd'hui fabriqués avec des tissus synthétiques importés du géant asiatique, devenu le principal fournisseur du monde.

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A quelques jours du carnaval, les écoles de samba peaufinent leur luxueux chars et costumes dans les ateliers de la Cité de la Samba tandis que dans les rues étroites du centre-ville une foule se presse dans les commerces populaires, en quête d'un déguisement, d'un masque, d'une perruque et autres accessoires pour participer aux défilés de rues qui attirent des centaines de milliers de fêtards.

Le travail dans les écoles de samba est artisanal et les costumes sont fabriqués au Brésil mais la matière première vient de Chine, a expliqué à l'AFP Jonathan Schmidt, président de l'Association brésilienne d'importateurs textiles (Abitex).

"Au Brésil nous produisons seulement 15% des tissus synthétiques dont nous avons besoin pour le carnaval, le reste vient pour la plus grande partie de Chine", dit-il.

En 2011, la production textile brésilienne a chuté de 14,9% et les importations ont bondi de 53% par rapport à 2010 pour un montant de plus d'un milliard de dollars et le principal fournisseur a été de loin la Chine, selon l'Institut brésilien de géographie et statistiques, (Ibge, public).

"La Chine a le plus grand parc industriel du monde avec des prix compétitifs et une bonne qualité alors que que le Brésil n'a pas d'usines de tissus synthétiques" ce qui nous oblige à importer, a indiqué M.Schmidt.

Ronaldo Servo, 75 ans, propriétaire de la Casa Turuna, la boutique la plus traditionnelle d'articles de carnaval de Rio, fondée il y a 96 ans, a déclaré à l'AFP "qu'ici 80% de nos articles sont brésiliens mais au niveau des tissus 90% sont importés de Chine" et d'ajouter "...malheureusement!".

"Pour les déguisements de carnaval je ne vends que des tissus chinois", a-t-il dit.

Non loin de là, dans un autre commerce populaire, le gérant Claudio Muniz, 40 ans, a déclaré à l'AFP que "50% des produits sont importés de Chine et meilleur marché --de 20 à 25%-- que les produits brésiliens". Les déguisements ne sont pas importés mais "90% sont faits avec des matériaux chinois", selon lui.

A l'approche de la "grande folie" (surnom du carnaval), 1.500 clients par jour achètent dans la boutique.

"Cela a commencé il y a deux ou trois ans quand le carnaval de rue a repris avec force", a souligné M. Muniz.

Giovana, représentante commerciale de 29 ans, veut s'acheter un costume d'Hawaïenne: "Finalement je ne vais prendre que le collier de fleurs synthétiques à 2,90 reais (un peu plus d'un euro); pour le reste j'improviserai", dit-elle à l'AFP.

"Le Brésilien veut un costume pas cher et léger qu'on ait pas besoin de repasser. Les tissus comme la soie et le coton sont chers et pas pratiques", d'où le succès du synthétique, a expliqué le porte-parole d'Abitex.

La Chine est devenue en 2009 le premier partenaire commercial du Brésil. En 2011, le commerce bilatéral s'est élevé à 77 milliards de dollars avec un excédent favorable au Brésil de 11,5 milliards de dollars, équivalent à 40% de l'excédent commercial total du géant sud-américain. Le Brésil qui exporte à 80% vers la Chine du minerai de fer, du soja et du pétrole, et importe des produits manufacturés, se plaint de perdre de la compétitivité.

Mais pour le responsable d'Abitex "sans les importations de tissus synthétiques chinois, la confection des costumes de carnaval s'arrêterait".