Les trois dernières Symphonies de Mozart, toutes composées la même année, 1788, et en l'espace de deux mois, forment une magistrale trilogie qu'on entend rarement comme telle et c'est dans cet esprit d'unité que Bernard Labadie les a programmées comme couronnement de saison des Violons du Roy. Pour l'occasion, vents et timbales s'ajoutaient à l'ensemble à cordes pour constituer un bel orchestre classique de 36 musiciens.

Labadie a dirigé le concert entier de mémoire et a insisté pour faire toutes les reprises sans exception, y compris celles qu'on ne fait jamais, ce qui augmentait sensiblement la durée habituelle de chaque symphonie.

À cette fidélité d'ordre textuel s'ajoute l'excellence du jeu orchestral à tous les égards: justesse des cordes, chaleur de la sonorité malgré un vibrato restreint, netteté de l'articulation, clarté des bois, contrastes dans les plans sonores et présence électrisante mais équilibrée des timbales, l'acoustique de la Maison symphonique conférant à tous ces éléments le maximum de relief.

Le travail de Bernard Labadie est habituellement celui d'un vrai chef et d'un vrai musicien. Pourtant, cette fois-ci, son traitement de chacune des symphonie appelle des réserves. Dans la Symphonie no 39, le premier Allegro est un peu lent, comme s'il était indiqué «non troppo». L'Andante suivant est marqué «con moto», c'est-à-dire «allant», mais Labadie ignore cette nuance et, là encore, prend le morceau trop lentement. À la fin de la deuxième reprise, il introduit un petit diminuendo des plus détestables. La chose est manifestement sortie de son imagination puisqu'il n'y a absolument rien à cet effet chez Bärenreiter, édition dont il se réclame pourtant.

Le «con moto» que Labadie ignorait dans la Symphonie no 39, où il est pourtant bien indiqué, le chef le transporte au mouvement correspondant de la Symphonie no 40, où il ne figure pas. Le résultat est donc l'inverse de ce qu'il devrait être: cette fois, c'est le sublime Andante de la Quarantième qui se déroule presque trop vite.

Après l'entracte, Labadie redonne à la Jupiter, et surtout à l'Allegro final, cette grandeur qui justifie le surnom. Mais, là encore, notre maestro y va de quelques «initiatives personnelles» qui n'ajoutent rien au discours, lui nuisent même. Ainsi, que viennent faire ces petits ritardandos à la reprise du premier mouvement? Labadie devrait laisser ces maniérismes aux chefs qui n'ont rien à dire. Ou peut-être a-t-on surestimé ses talents d'interprète?

LES VIOLONS DU ROY. Chef d'orchestre : Bernard Labadie. Samedi soir, Maison symphonique, Place des Arts.

Programme consacré à Wolfgang Amadeus Mozart :

Symphonie no 39, en mi bémol majeur, K. 543 (1788)

Symphonie no 40, en sol mineur, K. 550 (1788)

Symphonie no 41, en do majeur, K. 551 (Jupiter) (1788)