Roland Topor en "vieux con", écrit et sonore

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Roland Topor en "vieux con", écrit et sonore

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Je prends prétexte de la journée livresque de France Culture qui prend fin quand j'écris ces lignes, pour vous évoquer une réédition. Qui amène néanmoins très vite à un souvenir sonore.

En 1975, Roland Topor publiait chez Balland ses grinçants "Mémoires d'un vieux con", réédités ces temps-ci par Wombat. Il y figure un peintre ayant croisé la route de tout ce que Paris connut d'artistes fondateurs, tout en l'infléchissant évidemment vers la gloire. Depuis Montmartre puis Montparnasse jusqu'au Tabou, des cubistes aux existentialistes, ils lui doivent tout, mais l'air de rien. Certes, il y a son tableau "Les Demoiselles d'Orange", qui inspirèrent "le Catalan" Picasso. Les longues soirées poésie de Cocteau. Max Jacob qui guettait ses visites. Les madeleines dont il vanta les mérites à Marcel Proust. Satie qu'il accompagna jusqu'à Arcueil. Léon-Paul Fargue, le piéton de Paris, qui prenait si souvent le taxi... "J'ai su admirer très tôt" , dit Topor dans son personnage, si magnifiquement faussement modeste. C'est féroce, bien vu et précis.

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© Radio France - Wombat

Sans doute à l'occasion de la parution de ces "Mémoires", ou d'une réédition, Claude Dominique , fameuse productrice de radio, et hara-kirienne dans l'âme, a invité Roland Topor au micro de France Inter. Sans autre forme de procès, de présentation, d'incipit ou de mise en contexte, ils commencent. Elle fait l'interview du "vieux con", et Roland Topor joue le jeu. Si le récit écrit est une parodie de souvenirs boursouflés et pompeux, alors l'émission sera celle d'un entretien témoignage complaisant. L'effet est hilarant, parce que le livre de Topor l'est. Mais aussi parce qu'on devine des coupes bienvenues dans la bande : celle des rires de la productrice et de son invité. Ils se libèrent vers la fin, mais le reste du temps, la sobriété reste de mise (dans la ton, car pour le reste on s'imagine volontiers la partie arrosée). Le second degré n'en est que plus fort.

Daniel Mermet, qui a eu l'occasion d'écrire que Claude Dominique avait inventé là, par ces coupes habiles, le rire "par implosion", a rediffusé cet entretien dans Là-bas si j'y suis il y a quelques années. C'est écoutable ici.

Autre source sonore, on trouve ici Roland Topor déclamant ses mémoires sur le ton adequat du "vieux con", très différent de l'émission.

Enfin, pour information, les éditions Wombat publient aussi des nouvelles inédites de RT, sous le titre "Vaches noires".