Bataille de Morat

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Bataille de Morat
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À l'issue de la bataille, les confédérés suisses pourchassent les fuyards bourguignons et les poussent dans le lac de Morat.
Enluminure de Diebold Schilling le Vieux ornant la Chronique officielle de Berne (Amtliche Berner Chronik), Bibliothèque de la Bourgeoisie de Berne, 1483.
Informations générales
Date
Lieu Morat
Issue Victoire suisse décisive / Destruction de l'armée du duc de Bourgogne
Belligérants
État bourguignon
Duché de Savoie
Confédération suisse
Strasbourg
Sélestat
Colmar
Archiduché d'Autriche
Duché de Lorraine
Commandants
Charles le Téméraire

Savoie Jacques de Savoie
(Siège de Morat nord)

Antoine de Bourgogne
(Siège de Morat sud)


Engelbert de Nassau
(réserve)
Philippe Ier de Croÿ
( réserve)
Jean de Marle
(Haie verte)
Hans von Hallwyl (avant-garde)


Hans Waldmann (contingent des Confédérés)
Wilhelm von Hertneck (contingent alsacien)
René II de Lorraine (cavalerie, flanc)
Oswald von Thierstein (cavalerie, flanc)
Kaspar von Hertenstein (arrière-garde)


Adrian von Bubenberg (dans Morat assiégée)
Forces en présence
15 à 30 000 hommes 15 à 31 000 hommes dont 1 800 cavaliers
Pertes
10 000 hommes 2 000 hommes

Guerres de Bourgogne

Batailles

Héricourt - La Planta - Nancy (1475) - Grandson - Morat - Nancy (1477)

Coordonnées 46° 56′ 00″ nord, 7° 07′ 00″ est

La bataille de Morat est une victoire remportée le par les Confédérés suisses et leurs alliés alsaciens aidés par la cavalerie du duché de Lorraine et de l'archiduché d'Autriche formant la Basse Ligue sur l'armée bourguignonne du duc Charles le Téméraire dans le cadre des guerres de Bourgogne.

Contexte[modifier | modifier le code]

Les états bourguignons et la volonté d'un royaume rhénan[modifier | modifier le code]

Peinture représentant Charles le Téméraire

En Europe occidentale, la seconde moitié du 15e siècle est marquée par les luttes d'influence que se livrent les différents royaumes après la fin de la guerre de cent ans.

Charles le Téméraire cherche donc à matérialiser la puissance bourguignonne par la création d'un grand royaume rhénan et l'accession au trône impérial[1].

Pour parvenir à ses fins, sa politique vise à contenir l'influence française du roi Louis XI, ménager les puissances à ses frontières - comme l'Alsace, la Lorraine ou les confédérés suisses - et s'allier les électeurs germaniques.

Pour les différents cantons suisses, les visées expansionnistes de l'état de Bourgogne sont perçues comme une menace géopolitique et économique, à l'instar des velléités des Habsbourg à l'est de leur territoire[2]. Par ailleurs, les cantons les plus puissants, à l'exemple de Berne, souhaitent eux aussi mettre en œuvre une politique expansionniste qui se heurte frontalement avec celle des ducs de Bourgogne. Les Bernois cherchent ainsi à prendre le contrôle de l'intégralité du pays de Vaud pour obtenir un débouché sur le lac Léman et ont également des vues sur les salines franc-comtoises, gage de richesses importantes.

L'opposition entre la confédération des VIII cantons et l'état de Bourgogne dirigé par Charles le Téméraire est d'ailleurs plus profonde que ces enjeux économiques et géostratégiques[3]. En effet, là où le duc de Bourgogne souhaite construire une légitimité royale à ses possessions, respectant en cela toute la logique féodale, les cantons confédérés adoptent le contre-pied de cette forme de pouvoir, défendant leur république ainsi que leurs conceptions de la liberté, de l'indépendance et de l'égalité.

Concernant l'objectif impérial, Charles se rapproche de l'archiduc autrichien Sigismond de Habsbourg dans le but de marier sa fille, la princesse Marie de Bourgogne, au fils de celui-ci, Maximilien[4].

Les guerres de Bourgogne[modifier | modifier le code]

À partir de 1474, l'Alsace se soulève dans un mouvement de protestations face aux actions du landvogt Hagenbach, et donc contre la domination bourguignonne[5]. Les villes de Thann ou de Brisach entrent ainsi en rébellion ouverte et résistent aux manœuvres militaires du landvogt qui tente de soumettre par la force les cités récalcitrantes. Fort du soutien des confédérés dans le cadre de la Basse union[N 1], les Alsaciens bénéficient de la position attentiste prise par le duc de Bourgogne, celui-ci ne souhaitant pas déclencher une déflagration générale pour un territoire qu'il n'estime pas primordial dans sa volonté de constitution d'un royaume rhénan.

Au printemps, les troubles atteignent leur paroxysme et pousse l'armée de Sigismond à reprendre position en Alsace[5]. Hagenbach est arrêté et condamné à mort après un procès expéditif. Son exécution pousse Charles le Téméraire à réagir. Il confie près de 8000 soldats au frère de Hagenbach et lui ordonne de punir les villes alsaciennes. Les mois suivants, les troupes bourguignonnes ravagent les campagnes sans que ni les Autrichiens ni les confédérés n'osent intervenir et risquer de voir l'entièreté de l'armée bourguignonne mobilisée sur ce front sans que les Français ne viennent à leur soutien.

Toutefois, à l'été 1474, le duc de Bourgogne doit mobiliser son armée dans le cadre d'un conflit entourant l'épiscopat de Cologne[6]. Il décide d'assiéger la ville de Neuss mais sa position s'enlise. Profitant de l'immobilisation des troupes bourguignonnes et du soutien de Louis XI, les confédérés lancent alors plusieurs opérations militaires en Bourgogne, mal défendues par des troupes en nombre trop faible, pendant que le duché de Lorraine rejoint la Basse union et menace Charles le Téméraire. Découvrant les opérations des confédérés et de leurs alliés, le duc de Bourgogne se serait exprimé avec indignation :

« Berne ! Berne ! »[7]

— Propos attribué à Charles le Téméraire, duc de Bourgogne

Portrait de Jacques de Savoie, comte de Romont et allié de Charles le Téméraire durant le conflit (vers 1475, Hans Memling)

Parvenant au début de l'année 1475 à faire cesser le siège infructueux de Neuss, Charles lance alors ses troupes en Lorraine et prend Nancy[6],[8]. Durant cette période, il mesure également l'importance prise par la Confédération des VIII cantons dans la déstabilisation de ses actions. Pendant ce temps, à l'automne 1475, les troupes bernoises et fribourgeoises appuyées par des Soleurois et des Zurichois attaquent les positions de Jacques de Savoie, comte de Romont et allié des Bourguignons, dans le pays de Vaud[9]. Les soldats suisses saccagent les campagnes et les villes vaudoises durant plusieurs mois sans que le comte parvienne à les stopper. Durant cette campagne, les confédérés et leurs alliés s'emparent de plusieurs villes d'importance stratégique (comme Yverdon, Payerne et Grandson) et y installent des garnisons afin de contrôler les voies de communication. Immobilisé plusieurs mois par la guerre en Lorraine, Charles le Téméraire ne peut immédiatement porter secours à son allié et doit attendre la fin des opérations, marquée par l'armistice de Souleuvre entre lui et Louis XI au mois de septembre 1475, pour pouvoir envoyer son armée vers le pays de Vaud et soutenir les troupes savoyardes.

Premières opérations et défaite de Grandson[modifier | modifier le code]

Résolu à rétablir les possessions de Jacques de Savoie et à limiter l'influence future des confédérés dans ses affaires, le duc de Bourgogne arrive sur place avec son armée au cours du mois de janvier 1476[8],[9]. Épuisée par les exactions des semaines passées, la population vaudoise accueille favorablement l'armée bourguignonne. Les troupes de Charles manœuvrent rapidement et parviennent à reprendre aisément les villes d'Yverdon, Payerne et Grandson durant les mois de janvier et février. Toutefois, les Bourguignons ne bénéficient pas d'un réel effet de surprise. Du fait de la situation géopolitique des derniers mois, les troupes des confédérés sont mobilisées et les cantons ne perdent pas de temps pour organiser leur riposte. Ainsi, les opérations militaires bourguignonnes sont en réalité relativement lentes et permettent aux troupes suisses de se regrouper en vue de lancer une contre-attaque sur la ville de Grandson.

Vue aérienne sur le château (moderne) de Grandson. À gauche (sud) se trouve le lac de Neuchâtel et à droite (nord) les contreforts du Jura.

Entre-temps, le duc de Bourgogne décide de repositionner son armée dans la plaine[9]. Il espère ainsi pouvoir livrer bataille contre les soldats suisses sur un terrain relativement dégagé et profiter de sa supériorité dans les domaines de l'artillerie et de la cavalerie. Le 18 mars, les troupes suisses passent à l'attaque et approchent de la ville. Le plan de Charles consiste à faire face à l'avant-garde des confédérés qui arrive par les contreforts jurassiens et de l'attirer au centre de son dispositif. Ensuite, il déclenchera un fort tir d'artillerie couplé à une charge et un encerclement des troupes ennemies par sa cavalerie, à la manière du feu roulant moderne. Toutefois, sa manœuvre est mal comprise par son armée qui, voyant arriver le corps d'armée principal des Suisses par la route du lac, panique et se débande. Les Bourguignons fuient le champ de bataille par l'ouest pour éviter d'être repoussés par les confédérés dans le lac. Ils abandonnent ainsi leur camp et se dispersent sur une grande zone du pays vaudois.

Après la bataille, les soldats suisses n'engagent pas la poursuite des troupes bourguignonnes et préfèrent piller le camp bourguignon laissé à l'abandon[9]. Si le duc se voit dépossédé d'une partie importante de son trésor et perd la presque totalité de son artillerie, cette décision des confédérés lui permet de fuir sans encombre majeur, de regrouper les troupes éparpillées de son armée et de mobiliser de nouveaux renforts via le mercenariat.

Nouvelle campagne bourguignonne[modifier | modifier le code]

Vue aérienne de la ville moderne de Morat. La vieille ville, ceinte par un mur fortifié, correspond à la ville médiévale à la fin du 15e siècle.
Détail d'une enluminure de Diebold Schilling le Vieux, Chroniques officielles de Berne (Amtliche Berner Chronik) (1483).
La scène représente Adrian Ier von Bubenberg entrant dans la ville de Morat afin de prendre le commandement de la garnison face à l'avancée bourguignonne[N 2].

Après la défaite à la bataille de Grandson, où les troupes de Charles le Téméraire, duc de Bourgogne, prises de panique, s'enfuient du champ de bataille, provoquant la perte de la totalité de son artillerie, Charles est pris d'un désir de vengeance et il ne renonce pas à vouloir faire plier les Suisses.

Il reconstitue alors son armée, rallie ses troupes et reçoit des renforts de mercenaires d'Italie avec des arbalétriers, mais aussi des archers anglais et des piquiers flamands. C'est dans les environs de Lausanne qu'il réorganise ses troupes et essaie par l'entraînement de donner un peu de cohésion à son armée hétérogène.

Vers la fin du mois de mai, c'est une armée bourguignonne forte de 15 000 à 30 000 hommes suivant les sources qui se dirige vers Berne. Après plusieurs jours de marche, elle arrive au pied de la ville de Morat. Celle-ci est défendue par une garnison de Bernois et de Fribourgeois d'environ 1 500 hommes, commandés par Adrian Ier von Bubenberg.

Forces en présence[modifier | modifier le code]

Camp bourguignon[modifier | modifier le code]

Organisation militaire[modifier | modifier le code]

Dans la première moitié des années 1470, le duc de Bourgogne restructure profondément son armée[10]. Abandonnant le modèle féodal traditionnel, il rationalise l'organisation de ses troupes et les structures selon le schéma suivi par les Français. Ainsi, des compagnies d'ordonnance sont créées. Elles sont composées de 100 lances, des unités plus restreintes de neuf hommes : un chevalier (cavalier), son page et son écuyer, trois archers montés, un piquier, un arbalétrier, un couleuvrinier. Cette réforme permet alors de faciliter la mobilisation des hommes en cas de conflit et surtout l'entraînement régulier des soldats et la discipline au combat.

Au départ du camp de Lausanne, l'armée bourguignonne en marche est composée d'environ 30 000 hommes[10]. Toutes les personnes n'appartiennent pas aux unités combattantes (un peu plus de la moitié du personnel). En effet, les soldats sont suivis par de nombreuses personnes chargées d'assurer la logistique de l'armée ainsi que la vie typique de l'époque. Ainsi, les nobles sont accompagnés de serviteurs et valets, de nombreux artisans sont présents afin d'entretenir le matériel militaire, des hommes sont chargés d'assurer le déplacement du matériel d'artillerie, etc.

Pour ce qui concerne les forces combattantes, les forces en présence sont estimées à[10] :

  • 6 600 soldats d'infanterie (dont 600 de la Maison du Duc) ;
  • 2 500 cavaliers (dont 500 de la Maison du Duc) ;
  • 6 600 archers ou artilleurs (dont 600 de la Maison du Duc) ;
  • 900 archers anglais.

Équipement[modifier | modifier le code]

Les cavaliers bourguignons, troupes nobles et riches, sont équipés lourdement[11]. Ils bénéficient généralement d'une armure complète, le harnois. Pour protéger leur tête, les hommes sont casqués avec une salade, voire un armet. Le poids de tout cet équipement permet au cavalier de mieux se maintenir sur sa monture lors des charges. Enfin, ils sont également munis d'un petit bouclier. Leur armement principal est constitué d'une longue lance utilisée pour piquer lors d'une charge. S'ajoute à cela une épée pour le combat rapproché.

De leur côté, les fantassins sont équipés de manière plus légère[11]. Ils sont munis de gants métalliques articulés (les gantelets) qui protègent leurs mains ainsi que de pièces d'armures au niveau du cou et du menton (le gorgerin). Ces hommes portent généralement des salades ou des chapels de fer et sont parfois équipés d'un petit bouclier. Leur armement principal est un vouge ou un modèle primitif de hallebarde. Ces armes d'hast (pointe métallique fixée au bout d'une tige en bois) permettent aux fantassins de frapper leurs adversaires à une distance d'environ 2 mètres. Les piétons disposent également d'une épée pour les combats plus rapprochés.

Les troupes de jet bourguignonnes sont équipées d'arbalètes[11]. Bien que bénéficiant d'une puissance supérieure à celle des arcs, ce qui leur permet d'être plus efficaces contre les armures et les protections, ces armes sont d'utilisation plus lente.

Les archers anglais conservent leur arme traditionnelle, à savoir un grand arc (longbow)[11]. Si la portée de ces armes est d'environ 250 mètres (en conservant une précision suffisante), leur force réside avant tout dans la cadence de tir qu'elles permettent. Ainsi, les archers entraînés peuvent tirer jusqu'à 10 flèches par minute. Regroupés en nombre suffisant, une formation d'archer peut donc effectuer des tirs de barrages efficaces en saturant une partie du champ de bataille de flèches.

Les protections de ces troupes sont légères afin de favoriser les mouvements spécifiques que ces hommes doivent réaliser. Ainsi, ils sont généralement habillés avec des vêtements civils renforcés. Ils portent un casque de type salade ou chapel de fer mais dont la visière est réduite pour ne pas entraver le tir, la corde de l'arc devant venir jusqu'à la joue.

Finalement, les artilleurs bourguignons sont équipés d'une artillerie de siège - 2 bombardes et divers canons primitifs et couleuvrines - et d'une artillerie de campagne - composée principalement de couleuvrines et de couleuvrines à main.

Camp confédérés[modifier | modifier le code]

Garnison et fortifications de Morat[modifier | modifier le code]

La garnison de Morat est composée d'environ 2 000 hommes, commandés par Adrian Ier von Bubenberg. Ceux-ci sont retranchés derrière les fortifications de la ville : un mur d'enceinte entoure la cité, renforcé à intervalles réguliers par des tours. Un chemin de ronde couvert permet aux défenseurs de se battre tout en bénéficiant d'une position bien abritée.

Armée des confédérés[modifier | modifier le code]

Organisation militaire[modifier | modifier le code]

L'armée confédérée est composée de mercenaires suisses envoyés par les différents cantons alliés[12]. A l'opposée de l'armée bourguignonne qui préfigure les armées de la Renaissance où des unités se spécialisent sur certains aspects du combat, l'infanterie est la force prédominante des confédérés. Ainsi, en plus d'une cavalerie évaluée à 1800 hommes et d'une artillerie d'environ 50 pièces manœuvrées par 500 soldats, l'armée des confédérés regroupe près de 25 000 fantassins. L'infanterie représente donc près de 90% de l'effectif confédéré engagé à Morat.

Cette particularité de l'armée suisse implique l'existence d'une forte unité doctrinale sur le plan militaire, aussi bien sur les aspects stratégiques que tactiques[12]. De par leur proximité, les différentes troupes se coordonnent plus aisément. Elles partagent en effet des équipements et des mouvements similaires. De plus, l'ordre de marche pour la bataille est simple et suit un schéma classique : une avant-garde (constituée d'environ 8 000 hommes à Morat) précède le corps d'armée principal (environ 12 000 soldats) et une arrière garde moins fournie (6 000 hommes). Enfin, le plan de bataille est souvent classique et simple à suivre pour les soldats : il implique généralement une forte poussée sur un point du dispositif adverse par trois colonnes profondes. La masse importante des piétons mobilisés par les cantons confédérés produisant ainsi un avantage numérique temporaire qui peut permettre le percement de la ligne de défense.

  • le jeune duc de Lorraine René II leur a amené trois cents gens d'armes. Il commande la cavalerie lors de la bataille ;
  • les Alsaciens sont venus en grand nombre, malgré la défense de Sigismond de Habsbourg. Le samedi 22, ils franchissent le pont de Gümmenen et se mettent en ordre de bataille ;
  • l'Argovien Hans von Hallwyl commande les gens de l'Oberland et de Fribourg ;
  • le corps central est dirigé par le Zurichois Hans Waldmann ;
  • l'arrière-garde par le Lucernois Kaspar von Hertenstein.
  • Rapport au duc de Milan, de son ambassadeur auprès du duc de Bourgogne, Giovanni-Pietro Panigarola 10 juin 1476 : « Dép. mil. CCXXVII du camp devant Morat. Même dépêche, et d'Appiano, 13 juin, CCXXX. La garnison se compose de 1500 Bernois, de 100 mercenaires fribourgeois, de 114 francs-archers de Morat, d'une centaine de Neuchâtelois, de quelques gendarmes et de 4 maîtres-canonniers de Strasbourg. Commandant : le chevalier Adrien de Bubenberg, de Berne ; adjoint : Guillaume d'Affry, de Fribourg. Chef bombardier : Ulrich Wagner ».
  • Adrian von Bubenberg, commandant des assiégés dans la ville de Morat, ancien avoyer de Berne, seigneur de Bubenberg, Spiez, Mannenberg, Wartenfels, patricien de Berne, avait comme commandant en second, Wilhelm (Guillaume) von Affry, seigneur d'Avry sur Matran, patricien de Fribourg, qui deviendra bourgmestre (Syndic) de Fribourg, ministre, bailli de Morat et de Grandson. Le troisième officier en rang d'autorité, était Rudolph von Erlach, seigneur de Jegenstorf, Riggisberg, Bümpliz, Wyl, Erlach, patricien de Berne, qui deviendra avoyer (président) de Berne.
Équipement[modifier | modifier le code]

Les fantassins confédérés sont équipés de manière assez similaire à leurs homologues bourguignons[12]. Toutefois, la standardisation et la qualité de l'équipement des mercenaires est généralement plus faible. Ainsi, une part importante du matériel dont ils disposent provient de butin pris lors de batailles antérieures (exemple : Grandson). L'impression de l'armée des confédérées est donc plus disparate.

Si les suisses sont également équipés de vouges ou de hallebardes primitives, leurs armes de poing sont plus diversifiées, comprenant des épées, des haches, voire des marteaux d'armes. Leurs casques sont également plus rudimentaires. Ce sont souvent des modèles améliorés de chapels de fer : les chapels bernois ou montauban.

Pour ce qui est des officiers ou des cavaliers, l'équipement se rapproche fortement de celui des nobles et des cavaliers lourds bourguignons.

Déroulement[modifier | modifier le code]

Siège de Morat[modifier | modifier le code]

Enluminure de Diebold Schilling le Jeune, Chroniques officielles lucernoises (Amtliche Luzerner Chronik) (1513).
La scène représente le dispositif de siège adopté par le camp bourguignon[N 3].
Vue sur la ville de Morat (sur la partie droite) depuis le bois domingue. On distingue au centre les hautes tours du château de Morat et à l’extrémité droite le clocher de l'église.

Le 10 juin, le duc de Bourgogne arrive en vue de Morat et commence ses manœuvres pour installer le siège et prendre la ville[13]. Il ordonne à Jacques de Savoie, comte de Romont, de prendre position au nord du dispositif tandis que le comte de Tarente se voit assigner la partie sud. Les troupes bourguignonnes se répartissent sur toute la plaine centrale. Le duc de Bourgogne positionne son camp personnel au sommet d'une petite colline, le bois Domingue, ce qui lui permet de surveiller la ville ainsi que l'intégralité des opérations militaires.

Craignant la venue rapide d'une armée de secours des confédérées, Berne n'étant qu'à un peu plus de 30 kilomètres, le Téméraire décide de bloquer les voies d'accès à Morat[13]. Suivant l'exemple de la bataille de Grandson durant laquelle les confédérés sont arrivés par la route des contreforts jurassiens plutôt que par celle du lac, il décide de barrer l'accès à la plaine de Morat en installant une fortification de campagne - la haie verte (Grünhag) - sur la route à l'ouest de la ville. La seconde route, le long du lac, est placée sous la surveillance du comte de Romont mais sans installation défensive particulière.

La haie verte est un ensemble de palissades rectiligne orienté NO-SE entre les lieux-dits de Burg et Salvagny et faisant face à une vaste prairie dégagée sur environ un kilomètre[13]. Elle coupe la route ainsi que cette prairie et empêche le débouché sur la plaine et les contreforts entourant Morat. Pour compléter le système défensif, un groupe d'artillerie de campagne composé d'une quarantaine de pièces (principalement des couleuvrines) fortifie une position sur la gauche. Tournée vers l'ouest, l'objectif de cette disposition est de couvrir un assaut sur la haie verte à l'aide de l'artillerie, notamment en réalisant des tirs en enfilade. L'ensemble fortifié exploite également les avantages du terrain. Ainsi, la gauche de la position d'artillerie s'appuie sur un talus naturel - le burggraben - et le côté sud de la forêt séparant les deux routes[14]. Sur le plan humain, la défense de la haie verte est confiée au comte de Marle. Pour cela, il dispose d'environ 2 000 hommes mobilisés sur alerte et organisés en petites unités disparates de piétons, couleuvriniers et artilleurs.

Pour compléter ces mesures strictement défensives, le duc de Bourgogne tente aussi des actions offensives en vue de couper la garnison assiégée d'éventuels renforts[13]. Le 12 juin, il tente de s'emparer de trois ponts sur la Sarine dans le but d'empêcher et de retarder le passage de troupes ennemis sur la rive gauche de la Sarine. Toutefois, ses troupes échouent à se rendre maîtresses des édifices.

En ce qui concerne les opérations de siège, le bombardement des murs d'enceinte débute le 11 juin[13]. Dans un premier temps, le Téméraire opte pour un assaut général contre la ville : les Savoyards attaquant au nord pendant que les Lombards font de même au sud. Le creusement des tranchées commence dans la nuit du 12 au 13 juin. Arrivés rapidement à proximité des fortifications, les Lombards essuient un feu nourri de la part des défenseurs et doivent se replier pour limiter leurs pertes.

Charles adapte alors sa stratégie et décide le 14 juin que l'attaque décisive contre la ville se fera uniquement par le nord[13]. C'est donc le comte de Romont qui sera chargé de prendre la cité ou au moins d'en occuper la partie nord. Si les armées restent à leurs positions, l'artillerie de siège est réorganisée dans la nuit du 14 au 15 juin pour augmenter son efficacité et percer les défenses nord. La perte de nombreuses pièces lors de la retraite à Grandson affecte en effet l'efficacité du siège bourguignon : ce sont seulement 70 coups par jour qui peuvent être tirés par les assaillants[11]. La mise en batterie des pièces d'artillerie de siège porte ses fruits et le 15 juin, elle parvient à écrouler une partie du mur. Les défenseurs tentent alors une sortie pour désorganiser l'artillerie de siège mais leur effort échoue devant les défenses bourguignonnes.

Durant ce temps, les rumeurs et les craintes concernant l'arrivée d'une armée de secours confédérée se font plus pressantes[13]. A partir du 17 juin, le duc met plusieurs fois en état d'alerte les troupes devant défendre la haie verte. Toutefois, outre affaiblir le moral de ses hommes par cette répétition d'alertes infondées, ces différentes manœuvres permettent aux soldats de la garnison d'observer le dispositif bourguignon et d'y déceler des lacunes. Le duc de Bourgogne ne parvenant pas à réaliser un blocus lacustre de la ville malgré l'armement de plusieurs bateaux, les défenseurs peuvent donc transmettre des renseignements sur les faiblesses des assaillants aux émissaires bernois[15].

Assaut bourguignon sur la ville et regroupement de l'armée confédérée[modifier | modifier le code]

Enluminure de Diebold Schilling le Vieux, Chroniques officielles bernoises (Amtliche Berner Chronik) (1483).
La scène représente un assaut des troupes bourguignonnes contre les remparts de Morat[N 4].

Au soir du 18 juin, Charles ordonne une attaque générale sur la brèche ouverte dans les remparts[13]. Son plan obéit à ses deux impératifs que sont prendre la ville mais aussi forcer les confédérés à se découvrir pour pouvoir les affronter. Malgré des combats intenses durant 8 heures, les Savoyards ne parviennent pas à pénétrer dans la ville. Toutefois, si le premier objectif du Téméraire n'a pas été atteint par cet assaut, le second lui donne quelques résultats. Effectivement, bien que l'armée confédérée soit toujours invisible, les différents renseignements recueillis par les forces du duc de Bourgogne accréditent toujours plus la marche des soldats suisses vers Morat et leur attaque prochaine.

Côté suisse, les forces convergent vers un camp situé à environ 20 kilomètres à l'est de Morat sur la rive droite de la Sarine[13]. Du fait de l'arrivée des troupes de différents cantons, le rassemblement de toutes les forces nécessite plusieurs jours. Par exemple, les dernières troupes zurichoises n'atteignent Berne que le 21 juin dans la journée et le camp le 22 au matin, après plusieurs jours de marche forcée. Exploitant ce temps de rassemblement à leur avantage, les confédérés déjà présents profitent de ces moments pour faire du renseignement et préparer la bataille. Plusieurs espions et petites troupes sont ainsi envoyés sur la rive gauche de la Sarine où ils peuvent utiliser au mieux leurs connaissances préalables de la zone.

La structure politique et les alliances qui régissent les relations entre les différents cantons suisses impliquent qu'il n'existe pas de commandement unifié préalable pour les troupes des confédérés[13]. Des conseils de guerre sont ainsi nécessaires pour arrêter le plan de bataille et les rôles de chacun. Dès le 20 juin, les chefs suisses, bien renseignés sur le dispositif bourguignon, décident de porter leur attaque sur le secteur de la haie verte. Lors d'un autre conseil le 21 à Ormey, ils décident de faire monter leur troupes face à la haie verte le jour même et d'envisager une attaque dès le 22. Bien que le plan soit risqué[N 5], que certaines troupes ne disposent pas d'un repos suffisant et que le plan ne prévoit pas une aide plus directe à la garnison de la ville, les confédérés espèrent prendre par surprise les Bourguignons et briser leur ligne de défense. Durant ces conseils, il est également arrêté que les troupes ont pour mission de détruire définitivement l'armée bourguignonne et ne devront épargner aucun adversaire. Les autorités des différents cantons souhaitent ainsi réduire au silence la menace bourguignonne et ne pas reproduire la fin de bataille de Grandson où les soldats suisses n'avaient pas pourchassé les Bourguignons en fuite, préférant se livrer au pillage du camp ennemi.

Dès le 21, les premières troupes confédérées passent sur la rive gauche de la Sarine et prennent position à l'ouest d'Ormey, dans les bois en face de la haie verte[13]. De leur côté, les Bourguignons mènent quelques reconnaissances à l'est de leur position et découvrent le mouvement de certaines troupes. Toutefois, convaincu que l'armée suisse est en réalité plus petite et que sa tactique sera similaire à Grandson - à savoir pousser une reconnaissance sur la haie verte puis attaquer avec le gros des troupes par la route du lac -, Charles ne voit dans ces manœuvres que les prémices de l'avant garde des confédérés alors qu'il s'agit en réalité de leur arrière garde.

Attaque de l'armée des confédérés[modifier | modifier le code]

Enluminure de Diebold Schilling le Vieux (entre 1480 et 1484).
La scène représente la percée de la haie verte par les confédérés[N 6].

Le 22 au matin, les confédérés réalisent les derniers préparatifs avant la bataille : les dernières troupes passent la Sarine, les prêtres prononcent les prières et les sacrements d'usages et plusieurs hommes sont adoubés[N 7],[16]. Pendant ce temps, les troupes sortent des bois et prennent position face à la haie verte. Le duc de Bourgogne, toujours persuadé que ces mouvements sont le fait de l'avant garde et que l'attaque réelle se fera plus au nord sur le secteur tenu par le comte de Romont, n'ordonne pas de manœuvres particulières de son côté hormis mettre toutes ses troupes en alerte. Les soldats suisses peuvent donc rester à découvert sans subir de tirs d'artillerie ou des volées de flèches.

Après que le duc de Bourgogne a décidé de lever l'alerte pour une part importante de son dispositif, l'armée suisse lance son attaque sur la haie verte[16]. Les confédérés attaquent la position, disposés en trois colonnes profondes qui montent à l'assaut des fortifications. Les combats sont intenses, l'artillerie bourguignonne montrant son efficacité et ralentissant fortement l'avance des Suisses malgré la supériorité numérique de ceux-ci (environ 5 contre 1). Toutefois, la levée de l'état d'alerte quelques minutes plus tôt pour les troupes de soutien a temporairement désorganisé le système bourguignon. Les cavaliers sont en effet descendus de cheval et de nombreux hommes ne sont plus en ordre de bataille. Les Suisses profitent ainsi de cet avantage et un groupe de Schwytzois parvient à franchir le burggraben et pénétrer dans la position d'artillerie[14]. À partir de cet instant, la haie verte cède et les troupes bourguignonnes commencent à fuir le secteur, laissant la plaine libre devant l'avance des confédérés.

Côté bourguignon, Charles se montre indécis et inactif[16]. Il n'offre en effet que peu de soutien aux hommes de la haie verte en train de s'effondrer. Les troupes qui l'entourent réalisent tout de même une contre-attaque qui bloque l'avancée des fantassins lorrains et de la cavalerie mais ils sont rapidement contraints de reculer sous la poussée de l'ensemble de l'infanterie suisse. Plus au nord, les Savoyards sont trop éloignés des positions de la haie verte pour leur offrir un soutien d'artillerie ou humain. Enfin, les Lombards tentent de remonter vers le nord pour soutenir le centre bourguignon mais ils sont contraints de rester en position par une sortie de diversion des défenseurs.

Destruction de l'armée bourguignonne[modifier | modifier le code]

Avec la chute de la haie verte et l'échec de la contre-attaque du centre et des réserves bourguignonnes, l'ensemble du dispositif de Charles s'écroule[17]. Devant l'arrivée en masse des contingents confédérés, les soldats bourguignons tentent de fuir. Cernés par les troupes suisses qui ne font aucun quartier et les repoussent vers les fortifications de la ville et le lac, les hommes sont pris de panique. Au total, entre 10 000 et 12 000 Bourguignons meurent sur le champ de bataille, tués par les confédérés ou noyés[18].

La fuite de Charles le Téméraire après la bataille de Morat. Tableau d'Eugène Burnand (1894)

Constatant la défaite bourguignonne, les Savoyards du comte de Romont fuient par le nord et la route du lac laissée libre tandis que les Lombards abandonnent leurs positions et fuient par le sud[17]. Escorté par environ trois cents cavaliers, Charles le Téméraire s'enfuit également du champ de bataille par le sud et galope jusqu'à la ville de Morges sur les bords du lac Léman[8]. Après avoir assisté à une messe, il reprend sa fuite jusqu'à Genève où il rejoint la duchesse Yolande de Savoie.

Conséquences de la bataille de Morat[modifier | modifier le code]

Bilan de la bataille[modifier | modifier le code]

Sur le plan humain, le bilan des combats est lourd pour le camp bourguignon. Charles le Téméraire perd en effet entre 10 000 et 12 000 soldats, soit plus de 60% des effectifs combattants dans son armée[19],[10]. Les communications ainsi que les mémoires suisses retiennent d'ailleurs l'ampleur de la tuerie. Ainsi, les autorités bernoises requièrent l'assistance des chartreux de Thorberg, situés non loin de Morat, pour creuser les fosses communes et inhumer tous les corps et des légendes apparaissent les années suivantes pour expliquer les cas de coloration rouge du lac (attribuée à la résurgence du sang des Bourguignons)[N 11],[20]. Côté confédéré, les pertes enregistrées ce 22 juin 1476 sont relativement limitées. Elles correspondent à quelques centaines d'hommes, morts principalement durant les combats pour la prise de la haie verte.

Sur le plan matériel et financier, la fuite du champ de bataille par les Bourguignons laisse les camps à l'abandon et au pillage des Suisses[19]. Les richesses bourguignonnes tout comme leur matériel militaire - notamment l'artillerie - sont ainsi définitivement perdus. En plus de ces biens, de nombreuses troupes suisses se livrent à de nouveaux pillages dans le pays de Vaud désormais sans défense.

Enfin, sur le plan militaire, la bataille de Morat constitue l'un des tournants stratégiques entre les combats du Moyen Âge et ceux de la Renaissance[21]. En plus de poursuivre le phénomène de nationalisation des armées engagé par la Guerre de cent ans, les deux batailles de Grandson et Morat montrent que les méthodes modernes de combats privilégiées par Charles le Téméraire - la spécialisation des soldats, le recours aux technologies modernes de l'artillerie - s'avèrent vulnérables face à un corps d'infanterie bien entraîné et bien équipé. Les autres souverains européens vont d'ailleurs rapidement s'inspirer du conflit des guerres de Bourgogne pour doter leurs armées de fantassins équipés et organisés « à la suisse ». Ainsi, dès 1495, l'empereur Maximilien constitue des troupes de lansquenets, équipées de piques et de hallebardes et organisées en carrés.

Camp bourguignon[modifier | modifier le code]

Cette nouvelle défaite se révèle catastrophique pour Charles le Téméraire, qui y perd presque toute son armée, son artillerie et ce qui lui restait de richesses et de réputation militaire[22].

Quelques mois après cette défaite majeure, Charles le Téméraire remet le siège devant Nancy (21 octobre 1476) qui, alors qu'il était encore sous le coup de ses désastreux démêlés avec les Suisses, s'était rendue sans presque opposer de résistance (le 6 du même mois d'octobre) à son duc légitime, René II de Lorraine[22]. Il est mortellement blessé lors des affrontements.

L'importance des défaites de Grandson, Morat et Nancy dans la chute de Charles a inspiré un dicton suisse[22]. Il exprime ainsi la perte de l'armée bourguignonne lors de la bataille de Morat.

« Charles le Téméraire perdit à Grandson le bien, à Morat le courage et à Nancy la vie »

— Inconnu, dicton suisse

Camp des confédérés[modifier | modifier le code]

A l'inverse du bilan négatif de la bataille pour les Bourguignons, les confédérés bénéficient de nombreuses retombées positives à la suite de leur victoire[21]. Premièrement, la déroute bourguignonne met un terme aux velléités de Charles le Téméraire contre la Confédération. De ce point de vue, l'ordre très strict de massacrer les soldats adverses et de poursuivre les fuyards a permis la réalisation totale de cet objectif primordial pour les confédérés.

Deuxièmement, la confédération sanctuarise un peu plus son territoire à l'ouest et poursuit avec réussite sa politique de glacis[21]. Les Bernois et les Fribourgeois remportent un succès stratégique majeur en stabilisant la situation géopolitique et militaire à leurs frontières. S'ils consentent à ne pas revendiquer une partie importante des territoires bourguignons et savoyards, ceci afin de ne pas froisser leurs alliés confédérés, ils acquièrent et préservent tout de même des bailliages à Morat, Echallens, Grandson et Orbe. Les deux pouvoirs décident de diriger de manière commune ces territoires dont l'importance économique (ce sont notamment des axes de communication importants) est primordiale pour eux[23].

Troisièmement, les cantons et leurs soldats acquièrent d'importantes richesses à la suite des combats et de leur victoire sur les Bourguignons et leurs alliés[21],[14]. Le butin dérobé à la fin de la bataille ainsi que les expéditions punitives dans le pays de Vaud permettent notamment aux hommes de troupes, principalement de basse condition, de s'enrichir. En retour, ce phénomène présente l’avantage pour les autorités politiques de renforcer le système de mobilisation de troupes de mercenaires et de paysans adopté par les cantons confédérés. Par ailleurs, la rétrocession de territoire à l'État de Bourgogne ou à la maison de Savoie ainsi que le retour des troupes confédérées dans leur réduit alpin ne se fait pas sans contreparties. Les cantons encaissent ainsi 50 000 florins pour restituer le pays de Vaud à la Savoie (à l'exception des villes intégrées à la zone d'influence bernoise) et Louis XI leur offre également 150 000 florins pour cesser définitivement leurs tentatives d'implantation en Franche-Comté.

Quatrièmement, la victoire des confédérés assoit définitivement leur réputation au combat[21]. Morat constitue ainsi le point final d'un siècle de batailles victorieuses contre de puissants envahisseurs, aussi bien à l'est (bataille de Morgarten, bataille de Sempach) qu'à l'ouest (bataille de Grandson, bataille de Morat), durant lequel les cantons suisses affirment leur indépendance politique et territoriale. Fort de leur prestige militaire, les Suisses peuvent ainsi compter à partir de la fin du 14e siècle sur la réticence des grandes puissances européennes à s'opposer à leurs combattants. Cet état de fait implique pour les confédérés deux conséquences géostratégique et économique majeures. Tout d'abord, plus aucune puissance européenne ne tentera d'annexer les territoires tenus par la Confédération les trois prochains siècles. Cette période permet ainsi aux autorités cantonales de stabiliser leur pouvoir et leur système économique sans l'irruption fréquente des politiques étrangères. Ensuite et surtout, l'intégralité des souverains européens courtisent les différents cantons pour engager leurs troupes dans le cadre du mercenariat[24]. Cette demande très forte, qui dépasse l'offre, met les cantons dans une position très favorable : ils peuvent tirer d'importants revenus de l'envoi de mercenaires, ces revenus sont réguliers, les soldats suisses maintiennent un très haut niveau de préparation et de combativité[N 12] et enfin les autorités peuvent utiliser l'envoi ou non de mercenaires dans leurs manœuvres diplomatiques.

Enfin cinquièmement, la Confédération accroît sa puissance diplomatique et politique avec cette victoire. Tout d'abord, renforcés par leurs alliances avec les confédérés et le partage de certaines richesses, Fribourg et Soleure vont définitivement intégrer la Confédération des XIII cantons en 1481[14]. La série de nouvelles alliances qui suit la fin des guerres de Bourgogne voit également le premier traité de combourgeoisie être signé entre les confédérés et la cité de Genève.

Le bilan positif de la victoire pour les Suisses doit pourtant être tempéré[14]. En effet, malgré la destruction complète des États bourguignons, les cantons suisses ne profitent pas d'une extension territoriale importante et restent en confrontation directe avec d'autres grandes puissances européennes pour des territoires annexes. Cette proximité, combinée notamment à l'apparition du protestantisme, ne pourra ainsi empêcher l'irruption de nouveaux conflits au cours du siècle suivant, à l'image de la guerre de Souabe. Par ailleurs, les bénéfices de la victoire n'affectent pas tous les cantons de manière identique. Le canton de Berne voit sa position fortement renforcée, ce qui entraîne une certaine méfiance de la part d'autres puissances comme Zurich.

Postérité de la bataille[modifier | modifier le code]

Histoire et politique[modifier | modifier le code]

La bataille de Morat est vue comme un évènement majeur de l'histoire et de l'identité suisse.

L'histoire militaire suisse et surtout la figure du mercenaire suisse sont des éléments fondateurs pour l'ensemble de la population et les institutions[25]. La victoire acquise par les troupes suisses à Morat fait ainsi écho à l'histoire militaire de nombreux cantons. À l'instar des victoires de Morgarten ou de Sempach, la bataille de Morat permet d'exalter le sentiment national de la population. A l'époque, les troupes ont effectivement lutté contre l'invasion du territoire par une grande puissance européenne, la maison de Bourgogne étant à son apogée.

Sur ce plan, Max de Diesbach estime en 1914 que la bataille de Morat est la plus mémorable de l'histoire suisse. L'historien et politicien fribourgeois estime en effet que l'écart entre la puissance des troupes bourguignonnes et la puissance des confédérés est le plus important qui ait existé dans l'histoire militaire suisse[26].

Légende locale[modifier | modifier le code]

D'après une légende locale, un messager reçut pour tâche d'aller annoncer la victoire des confédérés à Fribourg[27]. Afin d'annoncer la nouvelle, celui-ci agita une branche de tilleul puis mourut d'épuisement.

Arts[modifier | modifier le code]

A la fin du 19e siècle, la peinture historique rencontre un intérêt certain en Suisse. Outre qu'elle permet au public de s'immerger dans les récits de batailles et d'événements historiques, elle permet également à la jeune Confédération suisse d'asseoir son pouvoir sur le pays en proposant une histoire et des mythes nationaux à la population[28],[29]. Durant cette période, plusieurs tableaux prennent le thème la bataille de Morat, notamment le panorama (10 m de hauteur, 100m de circonférence) réalisé par Louis Braun en 1893 représentant les actions militaires sur de grandes étendues ; d'autres optent pour des sujets précis et localisés.

Peinture appartenant au Panorama de la bataille de Morat réalisé par Louis Braun.
La scène représente le début de la fuite bourguignonne après la prise de la haie verte par les confédérés[N 13].
Peinture appartenant au Panorama de la bataille de Morat réalisé par Louis Braun.
La scène représente l'envahissement d'un camp bourguignon et la fuite de ces derniers devant les troupes des confédérés[N 14].

Actions commémoratives[modifier | modifier le code]

Monuments[modifier | modifier le code]

Un ossuaire est installé non loin du lieu de la bataille dans les années qui suivent, il est détruit par les troupes françaises en 1798. Un obélisque est bâti en 1823 par le canton de Fribourg pour le remplacer. On peut aujourd'hui encore l'admirer[30].

Le tilleul de Morat à Fribourg[modifier | modifier le code]

En ville de Fribourg, un tilleul a pendant longtemps été considéré comme l'arbre qui aurait pris racine à l'endroit de la mort du messager[27]. Longtemps préservé, l'arbre meurt en 1983 après un choc causé par une automobile. Un autre arbre, issu du premier, est alors planté en remplacement.

La course de fond Morat - Fribourg[modifier | modifier le code]

En mémoire de la légende du messager mort d'épuisement à Fribourg pour annoncer la victoire confédérés à Morat, une course de fond se tient tous les ans en octobre sur le parcours entre les deux villes[27].

La Solennité de Morat[modifier | modifier le code]

Afin de fêter la victoire des confédérés devant les murs de Morat, un cortège est organisé dans les rues de la ville[31]. Il est principalement composé des écoliers moratois ainsi que des autorités locales et cantonales.

Notes et références[modifier | modifier le code]

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Sources imprimées[modifier | modifier le code]

Notes[modifier | modifier le code]

  1. Les cantons suisses envoient même leurs félicitations aux villes alsaciennes révoltées.
  2. Le bernois est équipé d'une armure richhement ornée, démontrant son statut important. Derrière lui, le soldat de sa suite arbore son blason (fond haut bleu avec une étoile blanche et fond bas blanc).
  3. Au premier plan au centre, on voit la ville fortifiée de Morat, les berges du lac ainsi que les défenses empêchant les bourguignons de lancer une attaque lacustre. Juste sur la gauche (au nord), on aperçoit le camp savoyard. La bannière d'une croix blanche sur un fond bleu entourée de rouge est probablement une déformation du blason du Comte de Romont. On peut observer des pièces d'artillerie. Sur la droite (au sud), on aperçoit un camp bourguignon qui représente les positions lombardes. On y voit de nouveau des pièces d'artillerie. Au second plan toujours à droite, on peut voir le camp du duc et les soldats de la maison ducale. La bannière représente de manière stylisée les armoiries du Royaume de Bourgogne. A gauche et au centre, on peut apercevoir deux groupes de soldats tournés vers une forêt et une colline. Ces groupes représentent les défenseurs de la haie verte et leur soutien.
  4. On aperçoit les troupes bourguignonnes (premier et second plan) attaquer les fortifications de Morat (arrière plan). Les soldats bourguignons sont identifiables à leur bannière croisée ou à la croix qu'ils portent dans le dos ou sur leur torse. Les troupes d'assauts sont équipés de grands boucliers de siège. Les hommes les plus proches des murs sont munis d'échelles. Les soldats bourguignons sont armés de lances, de piques (par terre au premier plan), de vouges (par terre au premier plan), de marteaux d'arme (par terre au premier plan) et de couleuvrines à main. Côté fribourgeois, on peut voir un défenseur lancer sur les assaillants une projectile (une pierre). De multiples canons de pièces d'artillerie sortent des remparts et montrent les tirs des défenseurs. Sur la droite (nord), on peut voir une barricade constituée de tonneaux et de palissades de bois, symbolisant probablement la fortification de fortune élaborée par la garnison après l'effondrement d'une partie du mur d'enceinte.
  5. Il est effectivement nécessaire de franchir un glacis d'environ un kilomètre à découvert.
  6. La haie verte occupe l'espace central de l'image. En haut à droite, on aperçoit des troupes confédérés, reconnaissables à leurs bannières (depuis la droite : Schwytz - fond rouge et petite croix noire en haut à droite ; Berne - ours sur fond rouge avec une bande jaune en diagonale ; Uri - haut des cornes d'un taureau sur fond jaune ; Zürich - fond blanc et bleu séparé en diagonale ; Glaris - figure humaine représentant Saint-Fridolin de Säckingen muni d'un bourdon de pèlerin ; Zoug - fond blanc traversé d'une bande bleue horizontale ; probablement Unterwald - haut de la double clé sur fond rouge ; Soleure - fond haut rouge et bas blanc ; Lucerne - fond haut blanc et bas bleu). Au centre, on peut voir la haie verte percée en deux points : au premier plan par un groupe de fantassins équipés de piques et au second par un groupe de cavaliers. Sur la gauche, on aperçoit des confédérés munis de hallebardes ou de vouges attaquer l'artillerie bourguignonne dont les servants sont blessés ou tués. En face des troupes envahissant la haie verte, on aperçoit sur la droite un groupe de défenseurs bourguignons. Le reste des troupes bourguignonnes commence à fuir et tourne le dos à la bataille.
  7. Le chevalier Oswald de Thierstein adoube ainsi plusieurs nobles (dont le duc de Lorraine) ainsi que des capitaines suisses.
  8. En haut à gauche, on aperçoit des troupes des confédérés qui passent la haie verte détruite. En partant de la droite, on distingue les bannières bernoise (ours sur fond rouge avec une bande diagonale jaune), schwytzoise (fond rouge et croix noire en haut à droite), uranaise (haut des cornes d'un taureau sur fond jaune), glaronaise (figure de Saint Fridolin de Säckingen), zurichoise (fond blanc et bleu séparé en diagnonale), lucernoise (fond bleu et blanc séparé verticalement), fribourgeoise (fond haut noir), souleuroise (fond haut rouge et bas blanc) et zougoise (fond blanc barré en son centre d'une bande bleue horizontales). Au centre, les tentes représentent le camp bourguignon, reconnaissable à la bannière royale (croix cramoisie sur fond blanc). Entre les fortifications de la ville et le camp, on distingue l'avant-garde des confédérés qui repoussent dans le lac des soldats bourguignons. Ceux-ci sont blessés, tués ou se noient dans le lac en tenant de fuir. En haut à droite, on peut voir d'autres troupes bourguignonnes (bannière avec une croix) ou alliées (les savoyards : bannière rouge à croix blanche) en fuite.
  9. Tout en haut à gauche, on peut voir une colonne de cavalerie représentant notamment les troupes lorraine et alsacienne alliées des suisses pour ce combat. Juste en dessous, une colonne d'infanterie montre le corps d'armée des confédérés. En partant de la droite, on peut voir les bannières zougoise (fond blanc barré en son centre d'une bande bleue horizontales), schwytzoise (fond rouge et croix noire en haut à droite), zurichoise (fond blanc et bleu séparé en diagnonale), bernoise (ours sur fond rouge avec une bande diagonale jaune), lucernoise (fond bleu et blanc séparé horizontalement), glaronaise (figure de Saint Fridolin de Säckingen), uranaise (figure de taureau sur fond jaune) et souleuroise (fond haut rouge et bas blanc). Les soldats de cette colonne sont équipés de piques et on peut également distinguer la présence de corne pour faire du bruit. En haut à droite, on aperçoit une partie de la cavalerie bourguignonne fuir devant l'avancée des suisses. Au centre, juste au-dessus du camp bourguignon, la colonne principale de l'avant garde des confédérés repoussent les soldats bourguignons dans le lac où ceux-ci s'y noient. Plus bas (plus proche de la ville de Morat), une troupe plus restreinte de soldats suisses repoussent également des soldats bourguignons dans le lac. Les fantassins de ce second groupe sont équipés de vouges et de hallebardes. Les défenseurs de Morat ont également armés des bateaux qui pourchassent les soldats bourguignons dans les eaux. Les soldats à bord des bateaux sont équipés de vouges, de hallebardes ainsi que d'une couleuvrine à main.
  10. Au premier plan et au centre, on distingue des soldats bourguignons réfugiés dans les arbres. Ceux-ci sont massacrés par les soldats confédérés équipés de hallebardes, de piques et de lances qui les tuent dans les arbres ou les font tomber. Sur la gauche, d'autres confédérés tuent des soldats bourguignons ou les forcent à la noyade dans le lac. En arrière plan, on distingue le corps d'armée principal des suisses. La colonne se dirige vers l'une des portes Morat, musiciens en tête. On voit ainsi un homme joué de la corne, un autre de la flûte et un troisième du tambour. Ils sont suivis par des fantassins équipés de hallebardes. Enfin, les bannières des différents cantons sont visibles (en partant de la droite : Schwytz, Uri, Zürich, Berne, Lucerne, Glaris, Soleure et Zoug).
  11. Dans certaines circonstances physico-chimiques, les eaux du lac de Morat semblent rouge en raison de la prolifération d'une algue qui trouve un excédent alimentaire à la suite de rejets d'engrais. Jusqu'à ce que les sciences naturelles parviennent à expliquer cette coloration, les habitants de Morat et des alentours attribuaient parfois cette coloration au massacre des soldats bourguignons qui aurait gorgé le sol et le lac de sang à tel point qu'il se produirait parfois des résurgences.
  12. Ce point est important pour la défense des cantons. En effet, le système de mercenariat pratiqué par la Confédération implique que les cantons peuvent rappeler leurs troupes s'ils sont eux-mêmes attaqués ou menacés. La mobilisation d'une armée permanente coûtant trop chère aux différentes finances cantonales, le mercenariat généralisé et continu - puisque les fantassins suisses combattent quasiment en permanence dans les différents conflits européens - permet alors aux confédérés de disposer d'une quasi-armée permanente.
  13. Les confédérés, notamment les cavaliers, arrivent par la droite du premier plan, poursuivant les bourguignons qui s'enfuient vers la gauche (sud). Au second plan, on aperçoit les tentes des camps qui sont désertés. En arrière plan, les murs fortifiés de Morat sont représentés. Sur la gauche, il est possible d'apercevoir les positions lombardes, notamment les batteries d'artillerie dirigées contre les murailles et le camp attenant. Respectant le déroulement de la bataille, le peintre montre la sortie des défenseurs pour immobiliser les lombards sur leur position. Par ailleurs, la garnison de Morat appui l'armée des confédérés en tirant à feu nourri sur les troupes bourguignonnes.
  14. Les suisses arrivent par la gauche (est), la ville de Morat étant située sur la droite (ouest). Au premier plan sur la gauche, on aperçoit un groupe de fantassins confédérés poursuivant des cavaliers ainsi qu'un train de bagage (les deux clés or sur fond rouge représente des armes genevoises - donc allié au comte de Romont) et tentant d'entrer dans le camp. Ils sont équipés pour la plupart de piques et portent un chapel bernois en guise de casque. Sur la droite, on distingue des archers et des piquiers qui tentent d'arrêter leur avancée. Ces soldats sont anglais, arborant la bannière royale aux trois lions sur fond rouge. Ils sont équipés d'arcs longs (certains d'arbalètes) et portent des salades sans bord avant. Le second et l'arrière plans montrent la fuite des bourguignons vers le sud.
  15. Il s'agit d'une dépêche, qui se trouvait non signée et non datée dans les archives milanaises, n'a été découverte qu'en 1892, par P. Ghinzoni, qui la publia dans Archivo Storico Lombardo, 2 série, I, Milan, 1892 (texte intégral : Paul Murray Kendall, Louis XI p. 534-539, Fayard, Paris 1974). Ses dernières phrases : «... Deux heures après la bataille, je me suis trouvé avec deux Suisses, prisonniers de deux de mes amis, qui semblaient être des gentilshommes. Ils ont affirmé sur leur parole d'honneur qu'il n'y avait plus d'homme dans tout le pays de Suisse, chacun étant allé se battre, prêt à donner sa vie pour le salut de son pays. Les deux Suisses ont dit que l'armée comptait bien trente mille fantassins et seize cents cavaliers, parmi lesquels le duc René de Lorraine en personne et au moins trois cents hommes appartenant au duc d'Autriche, et que tous étaient décidés à en venir à tout prix aux prises avec nous. Don Federigo avait quitté le camp bourguignon le jour précédent, c'est-à-dire le 21, pour se rendre auprès de Madame avant de s'embarquer à Nice pour gagner Rome, et il avait emmené tous ses gens avec lui. L'évêque de Sebencio, [nonce] du pape, partit le même jour pour aller en Bourgogne. [En fait d'ambassadeurs étrangers] il ne restait que moi et le protonotaire, [docteur de] Lucena, émissaire du roi de Castille, venu solliciter de ce seigneur (Charles le Téméraire) qu'il dépêchât un envoyé auprès du roi de France afin de dissuader Sa Majesté d'accorder son soutien au roi du Portugal. Lucena, qui, dans sa fuite, se trouvait près de moi, a reçu deux coups d'épée à la tête, et sa monture a été blessée elle aussi. Je crains qu'il n'ait été tué ; quant à moi, j'ai donné de l'éperon à mon cheval, et, par la grâce de Dieu, j'en ai été quitte pour la peur. Mais jamais je n'oublierai le grand péril où je me suis trouvé. » (p. 539).

Références[modifier | modifier le code]

  1. Marcel Brion, Charles le Téméraire : Duc de Bourgogne 1433 - 1477, Paris, éditions Tallandier, , 2e éd., 349 p. (ISBN 979-10-210-0711-6), chap. 11 (« La grande idée »), p. 203-218
  2. Pierre Streit, Morat (1476) : L'indépendance des cantons suisses, Paris, Economica, , 2e éd., 99 p. (ISBN 978-2-7178-6546-2), chap. 2 (« L'Europe à l'époque des guerres de Bourgogne »), p. 13-18
  3. Marcel Brion, Charles le Téméraire : Duc de Bourgogne 1433 - 1477, Paris, éditions Tallandier, , 2e éd., 349 p. (ISBN 979-10-210-0711-6), chap. 13 (« La confédération suisse »), p. 235-253
  4. Marcel Brion, Charles le Téméraire : Duc de Bourgogne 1433 - 1477, Paris, éditions Tallandier, , 2e éd., 349 p. (ISBN 979-10-210-0711-6), chap. 12 (« Le mariage autrichien »), p. 219-234
  5. a et b Marcel Brion, Charles le Téméraire : Duc de Bourgogne 1433 - 1477, Paris, éditions Tallandier, , 2e éd., 349 p. (ISBN 979-10-210-0711-6), chap. 14 (« Révolte en Alsace »), p. 255-270
  6. a et b Marcel Brion, Charles le Téméraire : Duc de Bourgogne 1433 - 1477, Paris, éditions Tallandier, , 2e éd., 349 p. (ISBN 979-10-210-0711-6), chap. 15 (« La querelle des évêques »), p. 271-288
  7. auteur=Kirk J. F., titre=History of Charles the bold, duke of Burgundy, date=1863-1868
  8. a b et c Marcel Brion, Charles le Téméraire : Duc de Bourgogne 1433 - 1477, Paris, éditions Tallandier, , 2e éd., 349 p. (ISBN 979-10-210-0711-6), chap. 16 (« Berne ! Berne ! »), p. 289-306
  9. a b c et d Pierre Streit, Morat (1476) : L'indépendance des cantons suisses, Paris, Economica, , 2e éd., 99 p. (ISBN 978-2-7178-6546-2), chap. 6 (« Les combats précurseurs »), p. 41-51
  10. a b c et d Pierre Streit, Morat (1476) : L'indépendance des cantons suisses, Paris, Economica, , 2e éd., 99 p. (ISBN 978-2-7178-6546-2), chap. 12 (« Les effectifs lors de la bataille de Morat »), p. 81-82
  11. a b c d et e Pierre Streit, Morat (1476) : L'indépendance des cantons suisses, Paris, Economica, , 2e éd., 99 p. (ISBN 978-2-7178-6546-2), chap. 3 (« Les conceptions de la guerre à l'époque des guerres de Bourgogne »), p. 20-23
  12. a b et c Pierre Streit, Morat 1476 : L'indépendance des cantons suisses, Paris, Economica, , 2e éd., 99 p. (ISBN 978-2-7178-6546-2), chap. 3 (« La conception de la guerre durant les guerres de Bourgogne »), p. 23-32
  13. a b c d e f g h i j et k Pierre Streit, Morat (1476) : L'indépendance des cantons suisses, Paris, Economica, , 2e éd., 99 p. (ISBN 978-2-7178-6546-2), chap. 7 (« La bataille de Morat »), p. 55-59
  14. a b c d et e Vincent Monnet, « La bataille de Morat, 1476: requiem pour un massacre », Le Temps,‎ (lire en ligne)
  15. Pierre Streit, Morat (1476) : L'indépendance des cantons suisses, Paris, Economica, , 2e éd., 99 p. (ISBN 978-2-7178-6546-2), chap. 7 (« La bataille de Morat »), p. 65-66
  16. a b et c Pierre Streit, Morat (1476) : L'indépendance des canton suisses, Paris, Economica, , 2e éd., 99 p. (ISBN 978-2-7178-6546-2), chap. 7 (« La bataille de Morat »), p. 59-63
  17. a et b Pierre Streit, Morat (1476) : L'indépendance des cantons suisses, Paris, Economica, , 99 p. (ISBN 978-2-7178-6546-2), chap. 7 (« La bataille de Morat »), p. 60-64
  18. Jean Favier, Louis XI, Paris, Tallandier, coll. « Texto / le goût de l'histoire », , 1019 p. (ISBN 978-2-847-34987-0), p. 710
  19. a et b Pierre Streit, Morat (1476) : L'indépendance des cantons suisses, Paris, Economica, , 2e éd., 99 p. (ISBN 978-2-7178-6546-2), chap. 7 (« La bataille de Morat »), p. 61-66
  20. Frédéric Ravussin, « Le «sang des Bourguignons» transparaît dans la glace du lac », La Tribune de Genève,‎ (lire en ligne)
  21. a b c d et e Pierre Streit, Morat (1476) : L'indépendance des cantons suisses, Paris, Economica, , 2e éd., 99 p. (ISBN 978-2-7178-6546-2), chap. 8 (« Les conséquences de la bataille de Morat »), p. 67-70
  22. a b et c Vincent Monnet, « La bataille de Morat, 1476: requiem pour un massacre », Le Temps,‎ (lire en ligne Accès libre)
  23. Sean Müller et Nenad Stojanovic, « A la fois avec Berne et le Jura? Une solution pour la ville de Moutier », Le Temps,‎ (lire en ligne)
  24. Hervé de Weck, « https://www.herodote.net/Des_origines_a_la_guerre_de_Trente_ans-synthese-2162.php », Hérodote.net,‎
  25. Le guerrier suisse : une figure au cœur de l'histoire nationale, Genève, Musée d'art et d'histoire, , 32 p. (lire en ligne)
  26. Max de Diesbach, « La bataille de Morat », Revue militaire suisse, vol. 59, no 1,‎ (lire en ligne)
  27. a b et c « Tilleul de Morat », sur rts.ch.
  28. Andréanne Quartier-la-Tente, « Dix millions pour sortir le "Panorama de la bataille de Morat" de l'oubli », RTS Info,‎ (lire en ligne)
  29. Matthias Oberli (trad. Ursula Gaillard), Dictionnaire Historique de la Suisse, https://hls-dhs-dss.ch/fr/articles/011008/2010-06-30/, , Peinture
  30. Erwan Le Bec, « Le monument de Morat livré aux flammes », Passé Simple numéro 52,‎
  31. « La Solennité de Morat », sur rts.ch.

Annexes[modifier | modifier le code]

Iconographie : drapeau, blasons et étendard des belligérants[modifier | modifier le code]

  1. Au Moyen Âge, le canton de Nidwald était regroupé avec le canton d'Obwald sous le nom d'Unterwald.
  2. Au Moyen Âge, le canton d'Obwald était regroupé avec le canton de Nidwald sous le nom d'Unterwald.

Bibliographie et webographie[modifier | modifier le code]

  • Morgane Bon, « La violence de guerre en images : les guerres de Bourgogne dans la chronique bernoise de Diebold Schilling l’Ancien (1474-1477) », Annales de Janua, no 7 « La violence guerrière : de l’Antiquité au Moyen Âge »,‎ (lire en ligne).
  • Morgane Bon, « Les armes d’hast suisses au temps des guerres de Bourgogne », Martial Culture in Medieval Town,‎ (lire en ligne).
  • Charles Brusten (colonel), « À propos de la bataille de Morat », dans Rencontres de Fribourg, 27 et 28 octobre 1967, Genève, Centre européen d'études burgondo-médianes, , 94 p. (DOI 10.1484/J.PCEEB.3.71), p. 79-83.
  • Michael Depreter, De Gavre à Nancy (1453-1477) : l'artillerie bourguignonne sur la voie de la « modernité », Turnhout, Brepols, coll. « Burgundica » (no 18), , XII-229 p. (ISBN 978-2-503-54186-0, présentation en ligne).
  • Louis-Édouard Roulet, « Le Téméraire à Morat : plaidoyer pour une réhabilitation », Publication du Centre européen d'études bourguignonnes, Bâle, Centre européen d'études bourguignonnes, vol. 26 « Art de la guerre, technologie et tactique en Europe occidentale à la fin du Moyen Âge et à la Renaissance / Rencontres de Bruxelles, 19 au  ; actes publiés sous la direction de Jean-Marie Cauchies »,‎ , p. 39-56 (DOI 10.1484/J.PCEEB.3.176).
  • Louis-Édouard Roulet, « Présence et engagement des combattants anglais à Grandson et à Morat », Publication du Centre européen d'études bourguignonnes, Neuchâtel, Centre européen d'études bourguignonnes, vol. 35 « L'Angleterre et les pays bourguignons : relations et comparaisons, XVe – XVIe siècle / Rencontres d'Oxford, 22 au  ; actes publiés sous la direction de Jean-Marie Cauchies »,‎ , p. 107-122 (DOI 10.1484/J.PCEEB.2.302351).
  • Pierre Streit, Morat, 1476 : l'indépendance des cantons suisses, Paris, Economica, coll. « Campagnes & stratégies » (no 71), (1re éd. 2009), XI-99 p. (ISBN 978-2-7178-6546-2).

Liens externes[modifier | modifier le code]

Articles connexes[modifier | modifier le code]