A Londres, l'hommage de Turner à son aîné et maître, Claude Lorrain

La National Gallery consacre une exposition à la relation admirative que vouait William Turner à son grand aîné, le paysagiste classique français Claude Gellée, dit
La National Gallery consacre une exposition à la relation admirative que vouait William Turner à son grand aîné, le paysagiste classique français Claude Gellée, dit "le Lorrain", né plus de 170 ans plus tôt

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La National Gallery consacre une exposition à la relation admirative que vouait William Turner à son grand aîné, le paysagiste classique français Claude Gellée, dit "le Lorrain", né plus de 170 ans plus tôt.

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Lorsque le jeune Turner commence à peindre dans les années 1800, le Lorrain est si apprécié outre-Manche qu'il y est couramment appelé par son seul prénom: Claude.

Ses toiles baignées de lumière, inspirées par ses voyages en Italie, font fureur auprès des collectionneurs anglais, à une période où l'Italie est la destination privilégiée de l'aristocratie.

Turner découvre le Lorrain alors qu'il a une vingtaine d'années chez un collectionneur à Londres. Il est alors si ému qu'il "se sentit tout chose, se troubla et fondit en larmes", rapporte à l'époque un contemporain.

"Claude a été le premier artiste à placer le soleil directement au centre de l'oeuvre", relève Susan Foister, commissaire de l'exposition.

Turner s'inspire du travail de son aîné sur la lumière, les ciels et l'eau, et "nimbe ses paysages anglais de la lumière d'Italie des toiles de Claude", explique-t-elle.

Turner (1775-1851) ne fera lui-même le voyage en Italie que bien plus tard, alors qu'il est dans la maturité, en 1819. C'est preque un pélerinage, tant il prend soin de mettre ses pas dans ceux de son maître.

Turner n'oubliera pas la dette qu'il doit au maître français, stipulant dans le leg qu'il fait de ses oeuvres à la National Gallery que deux de ses tableaux doivent être exposés impérativement entre deux toiles de Claude Lorrain ("L'embarquement de la reine Saba" et "Le mariage d'Isaac et Rebecca").

L'exposition, riche d'une quinzaine de toiles de Claude et d'une cinquantaine de Turner, montre aussi comment l'élève a dépassé le maître, poussant toujours plus loin le rendu de la lumière, des vibrations de l'air et des reflets sur l'eau.

Le classicisme des peintures de Claude s'efface, et les fondus lumineux de Turner ne doivent bientôt plus grand chose au paysagiste français.

Turner s'éveille à l'Angleterre industrielle: dans le magnifique "Keelmen Heaving in Coals by night", des marins déchargent le charbon des bateaux la nuit, à la lueur d'immenses torches, pour répondre à la demande dévorante de l'industrie. La lune a pris la place du soleil au centre de la toile. Un nouveau maître est né.

(Turner: dans la lumière de Claude Lorrain, National Gallery 14 mars - 5 juin)