La voix du chancelier Bismarck découverte sur un enregistrement de 1889

Un enregistrement unique de la voix du
Un enregistrement unique de la voix du "chancelier de fer" Otto von Bismarck (1815-1898) réalisé par un collaborateur d'Edison il y a plus de 120 ans a été retrouvé et identifié grâce à un scientifique berlinois.

Temps de lecture : 3 min

Un enregistrement unique de la voix du "chancelier de fer" Otto von Bismarck (1815-1898) réalisé par un collaborateur d'Edison il y a plus de 120 ans a été retrouvé et identifié grâce à un scientifique berlinois.

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Alors que le nom du premier chancelier allemand a été récemment remis au goût du jour par certains critiques de la politique européenne d'Angela Merkel, la voix de son illustre prédécesseur resurgit d'outre-tombe.

"C'est une histoire fascinante", raconte à l'AFP Stephan Puille de l'Ecole supérieure de technique et d'économie de Berlin, l'un des deux chercheurs, avec Patrick Feaster de l'Université de l'Indiana (USA), à avoir permis cette découverte.

D'une durée d'environ 1 minute et 20 secondes, l'enregistrement permet d'entendre Bismarck réciter les paroles d'une chanson américaine du début 19e siècle, "In good old colony times" (au bon temps des colonies), puis celles du "Gaudeamus igitur", un chant en latin célèbre chez les étudiants.

D'une voix grave, le chancelier récite également des vers d'une ballade du poète romantique allemand Ludwig Uhland et donne des conseils à son fils.

Mais c'est un autre morceau de l'enregistrement qui se révèle le plus surprenant: le vainqueur de la guerre de 1870 récite, dans un français teinté d'un fort accent allemand, les paroles de La Marseillaise.

"Je ne peux pas me l'expliquer", sourit M. Puille, ajoutant: "Il est possible qu'il ait fait ça comme une sorte de blague, pour se moquer des Français, je ne sais pas".

Retracer la destinée de cet enregistrement permet de plonger au coeur de l'histoire des techniques.

A l'été 1889, l'ingénieur américain Thomas Edison avait envoyé son collaborateur, Adelbert Theo Wangemann, pour présenter son phonographe lors de l'Exposition universelle de Paris.

Wangemann a ensuite effectué une tournée européenne, retournant dans son pays natal pour faire la promotion de l'appareil. A deux reprises, il rencontre l'empereur Guillaume II mais n'enregistre pas sa voix.

Et le 7 octobre, il est invité par le chancelier Bismarck dans sa propriété de Friedrichsruh, près d'Hambourg (nord). C'est là que sera gravé l'enregistrement sur un cylindre, raconte M. Puille, dans un mémoire très documenté que l'AFP a consulté.

Dans les archives, le voyage de Wangemann, tout comme les différentes prises de son réalisées à cette occasion, ont laissé de nombreuses traces (compte-rendus de presse, correspondances privées, etc.), ce qui a permis à M. Puille et à son collègue américain de faire les recoupements nécessaires à l'identification des enregistrements.

"Des comparaisons avec des enregistrements de la même époque ont également permis d'identifier les mêmes bruits de fond", détaille le chercheur.

"Selon moi, et j'ai une certaine expérience, ce sont bien des originaux", a-t-il déclaré, se disant sûr d'avoir "identifié les cylindres que l'on croyait disparus".

Ces derniers avaient en fait été retrouvés le 11 septembre 1957, dans une caisse entreposée dans un recoin du laboratoire Edison, transformé en musée, dans le New Jersey (nord-est des Etats-Unis). Mais jusqu'en 2005, personne n'en avait exploré le contenu.

"C'est le seul enregistrement existant de la voix de Bismarck, ce qui a bien sûr une signification historique inestimable", résume M. Puille, tandis que la fondation Bismarck, située dans la propriété où a été réalisée la prise de son, se réjouissait d'une découverte "sensationnelle", sur son site internet.

Commentaires (2)

  • Archeophone

    L'appareil qui été utilisé au laboratoire Edison pour relire ce cylindre est une invention française : l'archéophone. [...]

  • Droit

    Finie la propagande française de la voix fluette de Bismarck ! Décidément, si Dieux existe, il aime l'Allemagne, cette découverte arrivant à point nommé pour lui rendre une part de la justice qu'elle mérite ! C'est Madame Merkel qui doit se réjouir ! Et surtout la famille Bismarck qui habite aujourd'hui encore Friedrichsruh, endroit d'une beauté grande, et se trouvant près de Hambourg Hansa Stadt !