Publicité

Un orchestre classique de Corée du Nord à Paris

Le chef d'orchestre sud-coréen Myung-Whun Chung. Vincent Boisot/Vincent Boisot pour Le Figaro

Mercredi soir, le Philharmonique de Radio France et l'Unhasu de Pyongyang ont donné un concert historique Salle Pleyel, à Paris. L'émotion était au rendez-vous.

Le ministre de la Culture ne s'y sera pas trompé. En présentant mercredi soir, Salle Pleyel, le concert de l'Unhasu, jeune orchestre de Corée du Nord fondé en 2009, et du Philharmonique de Radio France, il avait prédit «un moment de grand bonheur musical et un surcroît d'émotion». De l'émotion, il y en eut bel et bien à voir jouer côte à côte les 50 musiciens de la République populaire démocratique de Corée et les 70 instrumentistes du Philhar, sous la baguette du Sud-Coréen Myung-Whun Chung. De l'émotion toujours lorsqu'ils ont entonné d'une seule voix le motif en forme de choral du final de la Symphonie no1 de Brahms, qui guida cette armée sans drapeau de la pesanteur tragique vers une éclatante résolution finale.

Arrivés dimanche, les musiciens de l'Unhasu - 20 ans de moyenne d'âge - auront eu deux jours et cinq services de répétitions pour s'acclimater au jeu des Français. «Lors de la première répétition, raconte Svetlin Roussev, premier violon solo du Philhar, ils étaient figés. Les autorités coréennes leur avaient attribué des places et nous sentions qu'ils n'osaient pas se mélanger, comme cela se fait chaque fois que nous intégrons d'autres musiciens à l'orchestre.»

Les larmes aux yeux

Dès le deuxième service, Svetlin Roussev a pu dialoguer en russe avec son voisin de pupitre nord-noréen: Mun Kyong Jin. «Beaucoup ont fait leurs études à Moscou. Une fois passée la barrière du langage, nous avons été étonnés par leur efficacité et leur réactivité. Nous redoutions qu'ils manquent de souplesse. Mais non. Ils ont un soin particulier à noter, plus encore que nous-mêmes, la moindre nuance ou la moindre articulation.»

De l'émotion dans la salle. Mais aussi sur scène, à en juger par les sourires vite effacés des musiciens nord-coréens. En première partie, ils ont présenté quelques pages de leur répertoire devant un public enthousiaste et curieux. Pour la plupart, des pièces sans nom ni compositeur, ayant vocation à faire découvrir l'instrumentarium de Corée du Nord (tel que l'haegum ou le kayagum). Peut-être manqua-t-il aussi, dans le Rondo Capriccioso de Saint-Saëns, qui refermait symboliquement cette première partie, la flamme qu'y aurait apporté un orchestre français. Mais quel raffinement! Et quelle virtuosité du violoniste Mun Kyong Jin, qui se joua de ses mélismes d'un grand geste lié.

De ces émotions, la plus intense restera le premier bis des deux orchestres: Arirang, l'un des tubes les plus populaires des deux Corées. Myung-Whun Chung le dédia, les larmes aux yeux, à sa propre mère, originaire de Corée du Nord. «De tous mes concerts, c'est celui qu'elle aurait préféré», dit-il. Comme l'ouverture de Carmen qui a suivi, où les cordes jouent symboliquement à l'unisson, Arirang annonçait le dialogue que le chef souhaite instaurer entre la France et la Corée du Nord, mais aussi entre les deux Corées. Pendant les répétitions, le chef a laissé échapper ce commentaire, à l'adresse des musiciens coréens: «On commence avec la nostalgie, puis il y a le drame, et finalement on est libéré.»

Concert à revoir sur liveweb.arte.tv

LIRE AUSSI:

» Renée Fleming, la mélodie du bonheur en France

» Ces pianistes sentinelles de l'ombre

Un orchestre classique de Corée du Nord à Paris

S'ABONNER
Partager

Partager via :

Plus d'options

S'abonner
Aucun commentaire

Il n'y a actuellement aucun commentaire concernant cet article.
Soyez le premier à donner votre avis !

À lire aussi