Slug, la fondamentale vient d’ailleurs

Quittons la Terre, la fondamentale vient d’ailleurs ! Amateurs de recherche musicale, d’exploration, voici de fins mets des plus goûtus. Namekuji, by Slug, est un projet qui parlera à certains si l’on précise qu’on y retrouve d’anciens membres de Magma. La famille Paganotti (Himiko, Antoine et Bernard), Emmanuel Borghi et John Trap se sont donné rendez-vous en studio en début d’année dernière pour gratifier la sphère musicale d’un album à la richesse incroyable.

Un projet réunissant des membres de Magma, voilà qui induit inéluctablement la bizarrerie, mais comme le dit très bien Eric Legay, éminent prêcheur de la grande maison Harmonia : « Il y a une vie après Magma ».

D’emblée, l’objet séduit. Namekuji se prend en main, s’observe sous toutes ses coutures. Assorti d’un livret joliment réalisé, le boitage séduit et annonce un contenu culturel conséquent et non un assemblage de thèmes à potentiel commercial vulgairement compilés.

Un premier quart tonique, vitaminé, au métissage digne du Guiness donne le ton. Guidé par des sons feutrés irradiants de maturité ; l’évidence d’une main experte, je porte mon attention sur chaque détail, et ce n’est pas simple ! Namekuji est extrêmement dense, chaque seconde comporte son fait notable. Au-delà des arrangements d’une exquise précision – une perfection à laquelle on pouvait s’attendre – Namekuji, c’est 14 finals de feux d’artifice !

Les jeunes tapent fort, les anciens modèrent. La « retenue », la ponctuation et le mixage trahissent l’âge et le vécu artistique de nos artistes. Un rapport acoustique / électro’ parfaitement mené, une splendide voix exploitée sous tant de formes, doublée avec modération et exactitude … Mon sujet d’étude s’ingère difficilement d’un trait. C’est un melting-pot sans affiliation (aucune), précisément équilibré, qui ne peut se résumer.

Pour l’exemple, « Are you ready to jump with me ». Une approche mystérieuse, une légère dissonance, un duo tiraillé guitare/voix qui laisse place en quelques secondes à une grille beaucoup plus « classique ». Deux opposés que le groupe marie par la suite sans que cela ne choque. Ce titre n’image pas le style dominant, mais le type d’acrobatie de prédilection d’un Slug nourrissant, une habileté épatante dans le maniement des thèmes.

Une construction chiadée, une maitrise instrumentale palpable relevée par une voix forte de personnalité, Namekuji est un album de très, très bonne facture. Voguant à travers tant de courants, je qualifierais cette production de douce explosion. Une mosaïque explosée, agréablement acidulée, aux à-coups relatifs, ne changeant rien à la plénitude de l’écoute. Excellente écoute !

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Rémi Deleo

Disquaire et chroniqueur repenti, aujourd'hui blogueur et chineur à proies multiples - et des fois, je rechute.